Hier tout le monde connaissait les Beatles, mais aujourd’hui seul Jack se souvient de leurs chansons. Auteur-compositeur interprète en galère dans le Suffolk, en Angleterre, il va vite profiter de cette occasion pour devenir célèbre. Au risque de perdre tout ce qui compte dans la vie. C‘est sur cette idée que le scénariste Richard Curtis et le réalisateur Danny Boyle ont concocté un véritable pèlerinage au cœur de l’œuvre des Beatles et une très jolie comédie romantique avec pour morale : All you need is love. Yesterday sort en salles ce 3 juillet.
1 – Sur une idée originale de Jack Barth
Le scénariste Richard Curtis (4 mariages et 1 enterrement, Love Actually…) le répète, ce film est avant tout basé sur une idée du scénariste et producteur Jack Barth qui avait déjà écrit un scénario. Quand un des producteurs de Working Title est venu lui parler de cette idée, Richard Curtis a préféré ne pas lire le script de Jack Barth pour pouvoir écrire le film lui-même.
2 – Pourquoi les Beatles ?
Et pas les Rolling Stone ou Elvis Presley ? Parce que ce sont des icones parfaites de la pop culture. Beaucoup estiment que les Beatles ont fondamentalement changé la société et que, sans eux, le monde serait moins beau. « Les Beatles sont apparus au moment où le monde se relevait d’un demi-siècle de guerre, remarque le réalisateur Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionaire…). L’amour, l’art et la poésie ont su insuffler la force de la reconstruction, et la Pop celle du mouvement incarné par les jeunes générations et leur nouvelle sensibilité. Les gens ont eu envie de vivre. Et tout ça grâce à ces quatre garçons. Croire en les Beatles, c’est croire à l’Amour. Qui de mieux que les Beatles pour chanter l’amour ? C’est à double niveau : l’amour que nous avons pour leurs chansons, qui est universel, vient ici illustrer l’histoire d’amour de Yesterday. »
3 – Richard Curtis et Danny Boyle, le duo parfait
Avant Yesterday, Le scénariste Richard Curtis et le réalisateur Danny Boyle se connaissaient pour avoir travaillé ensemble sur l’ouverture des jeux Olympiques de 2012. Tandis que Danny Boyle mettait en scène le spectacle, Richard Curtis était chargé d’écrire une parodie Des Chariots de feu, le film de Hugh Hudson (1981), pour Rowan Atkinson, alias Mr Bean. Danny Boyle voulait quelque chose de drôle en plein milieu de la cérémonie pour créer un effet de surprise. Pour Yesterday, Richard Curtis n’a pas écrit le scénario pour un réalisateur en particulier mais à la fin de l’écriture, Danny Boyle s’est imposé immédiatement à son esprit.
4 – Himesh Patel, acteur et chanteur
Pour incarner le chanteur Jack, la production cherchait un comédien inconnu qui soit aussi capable de chanter et de jouer de la guitare et du piano. La directrice de casting Gail Stevens a présenté Himesh Patel à Danny Boyle. Le comédien n’est vraiment connu que pour les fans du soap opera britannique Eastenders où il interprète le personnage Tamwar Massoud depuis 9 ans. Le réalisateur ne se souvenait pas de lui dans cette série mais il a réalisé plus tard qu’il l’avait vu dans un court-métrage sélectionné au festival du film Shuffle dans le East End – où il vit – et qui est dirigé par une de ses filles. Pendant l’audition pour Yesterday, il a suffit à Himesh Patel de chanter « Back Into The USSR » accompagné de sa guitare pour que Danny Boyle sache qu’il avait trouvé son chanteur. « C’est comme si c’était la première fois que j’entendais cette chanson que pourtant je connaissais et que j’adorais, raconte le réalisateur. Il se l’était complètement appropriée. Il était à la fois humble avec la chanson des Beatles et s’en était, en même temps complètement affranchi. On était loin d’une version karaoké améliorée, il en avait fait quelque chose de très personnel, comme si la chanson était de lui ».
5 – Ed Sheeran, chanteur et acteur
Richard Curtis s’est inspiré de la vraie histoire d’Ed Sheeran, un de ses amis, pour développer ce récit d’un inconnu propulsé en un rien de temps au rang de star. « Ed vient du Suffolk et il était fiancé à une fille avec qui il était à l’école, explique le scénariste. Il y avait tellement de détails dans ma tête que j’ai empruntés à sa vie pour créer l’histoire de Jack ! » Il était alors évident que le désormais célèbre chanteur devait incarner l’artiste qui allait remarquer Jack et lui proposer de faire sa première partie sur sa tournée mondiale. Le premier choix de la production était cependant Chris Martin de Coldplay, qui a refusé. Ed Sheeran a, quant à lui, accepté immédiatement. Sur le tournage, il ne manquait jamais une occasion de faire remarquer à Richard Curtis qu’il n’était en fait que le second choix. Loin du monde du cinéma, Ed Sheeran ne connaissait pas Danny Boyle et pendant le premier dîner organisé avec eux deux et Richard Curtis, il a googlé le nom du réalisateur.
6 – « One » d’Ed Sheeran
La production a demandé à Ed Sheeran d’écrire un titre pour le final du film. Le chanteur a immédiatement accepté et est revenu deux jours plus tard avec la ballade romantique « How Would You Feel ». Mais la chanson était tellement belle que la mais d’édition du chanteur a décidé de la faire figurer sur son album Divide. Deux ans plus tard pendant le tournage du film, Ed Sheeran a écrit une nouvelle chanson mais la production a finalement choisi « One », un autre titre du chanteur qui correspondait mieux au dénouement du long métrage.
7 – 12 chansons des Beatles
La production a demandé la bénédiction des membres survivants des Beatles, Paul McCartney et Ringo Starr, ainsi que celle des héritiers de George Harrison et de John Lennon. Avec leur aval, Richard Curtis et Danny Boyle ont sélectionné les 12 titres qui figurent dans le film et qui sont interprétés par Himesh Patel.
Ils commencent l’histoire avec « Yesterday » car selon Paul McCartney, cette chanson lui est apparue dans un rêve. Le titre initial était « Scrambled Eggs” (œufs brouillés). Quand il a rencontré Danny Boyle pour parler du film, Paul McCartney a dit que ce serait aussi un très bon titre pour le film s’il s’avérait être nul.
Et ils finissent avec « All You Need is Love », le message au cœur de cette histoire.
8 – Du chant live
Pour Danny Boyle, il était primordial de rendre justice à la musique des Beatles et de l’enregistrer en live et non en studio. Et sans pré-enregistrement des chansons pour que le film ne devienne pas un karaoké géant. Il ne voulait pas du mime mais une performance authentique à l’écran. L’ingénieur du son et mixeur Simon Hayes – oscarisé pour Les Misérables de Tom Hooper (2012) – a fait de la prise de sons en live une réalité adaptable au tournage du film. Il devait s’assurer que chaque prise était parfaite du début à la fin car il est impossible de passer de l’une à l’autre, chaque prise étant unique. Le compositeur Daniel Pemberton traitait ensuite les sons en studio. « Tous deux ont réussi à laisser à Himesh toute la liberté qu’il lui fallait pour interpréter au mieux les chansons des Beatles, souligne Danny Boyle. Ils ont laissé la musique le traverser et se sont servis de leur incroyable technique et savoir-faire pour la capter sans l’emprisonner ».
9 – Le 5è Beatles
En plus de travailler son personnage, Himesh Patel a étudié les chansons des Beatles non seulement pour les interpréter, mais aussi pour pouvoir les jouer en concert live devant des milliers de personnes. Il a appris la guitare tout seul et il joue juste pour le plaisir depuis 10 ans. Le compositeur Daniel Pemberton et le musicien Adam Ilhan l’ont aidé à se préparer, à répéter pendant des mois et à trouver la confiance qu’il lui fallait pour jouer devant un public. « Cela a été assez facile car Himesh avait un bon potentiel de base, reconnaît Adam Ilhan. Sa voix est claire, forte, il sait jouer de la guitare… Il ne restait plus qu’à affiner le tout et à lui donner des réflexes de professionnel. Mais l’essentiel était là. Il y a une grande différence entre chanter un morceau et se produire en concert, surtout sur un tournage où on doit le faire plusieurs fois de suite. Il faut que la voix suive et être capable de jouer en même temps que chanter et se déplacer sur scène. Himesh a beaucoup travaillé et si le résultat à l’écran a l’air naturel, alors c’est qu’on a gagné ! Mais nous ne devions pas oublier que ce n’est pas Himesh qu’il fallait que le public voie, mais son personnage : Jack. On aurait pu le rendre infiniment plus pro, plus puissant, plus juste, mais nous aurions tué la fragilité et la vibration qui émanaient de lui et qui servaient ce personnage un peu maladroit. Jack n’est pas quelqu’un qui a quelque chose mais quelqu’un à qui il manque quelque chose, et ce quelque chose ce sont les bonnes chansons ».
10 – Liverpool, l’incontournable
Le tournage de quelques scènes à Liverpool, la ville qui a abrité et vu grandir les quatre garçons dans le vent, a été compliqué. Il a fallu effacer numériquement beaucoup de références trop visibles dans ce monde fictif où les Beatles n’ont jamais existé. La production voulait tourner à Strawberry Fields mais cet endroit, pourtant immortalisé par le clip de l’époque, avait pratiquement disparu. « Il y a des endroits comme ça que seuls les afficionados reconnaîtront, comme le Tunnel de Mersey de « Hello Goodbye », avoue Danny Boyle. Peut-être que seuls les habitants de Liverpool comprendront mes références, mais j’en serai très fier. Certains détails ne parleront peut-être pas au grand public mais leur valeur symbolique est liée à ces références et n’existe que par rapport à cette ville. Je me devais de leur rendre hommage ».
Crédit photos : © Working Title/Universal