Traquée (Disney+) : c’est quoi ce film ?

Traquée (No One Will Save You), écrit et réalisé par de Brian Duffield, est à la fois un thriller psychologique et un film de science-fiction aux très rares dialogues. Il est porté par Kaitlyn Dever dans le rôle d’une jeune femme solitaire et hantée par un traumatisme. Son combat contre des extraterrestres la confrontera à son passé. Plein de suspense et de bonnes surprises, Traquée intrigue jusqu’à ses dernières scènes. Le long métrage est disponible sur Disney+ à partir de ce 22 septembre.

L’histoire

Brynn Adams est une jeune couturière ostracisée par sa communauté. Elle ne se sent bien que dans la maison où elle a grandi. Une nuit, elle est réveillée par un être étrange, entré chez elle par effraction. Commence alors pour Brynn une lutte sans merci pour sa survie face à des envahisseurs venus d’ailleurs.

Du “spec script” au long métrage

A la base, le scénario de Traquée de Brian Duffield est un “spec script” ou script spéculatif, soit un scénario non commandé et non sollicité qui circule à Hollywood dans l’espoir d’être remarqué et acheté par un producteur. Traquée a été repéré par le producteur Allan Mandelbaum. Ce dernier était intrigué par ce qui arrive à Brynn. Mais ce sont les précédents scénarios de Brian Duffield qui ont attiré son attention : “Cela fait longtemps que j’admire le talent de Brian pour l’écriture,” avoue-t-il. “Peu de temps avant de lire le scénario de Traquée, j’ai vu Adolescence explosive, son premier film en tant que réalisateur. J’ai été sidéré par ce qu’il a réussi à faire avec un budget aussi limité et par la finesse et l’humour qu’il a insufflé dans son long-métrage.”

Le producteur confie avoir retrouvé cette magie dans ce nouveau projet. “J’avais hâte de savoir où le scénario allait nous mener. L’une des choses qui m’a le plus enthousiasmé, c’est qu’il prenait un personnage tout en nuances – comme on trouverait dans un film indépendant sélectionné à Sundance – et qu’il en faisait l’héroïne d’une histoire d’invasion extraterrestre !”

Le scénariste et réalisateur Brian Duffield rêvait depuis longtemps de tourner une histoire d’invasion avec des créatures venues de l’espace. “Comme j’avais également cette jeune femme en tête, j’ai combiné ces deux idées. Du fait de tout ce qu’elle a subi, Brynn est elle-même une sorte d’alien au sein de sa communauté. Cependant, lorsque l’intrigue commence, elle a surmonté ses difficultés. Maintenant, ne pas se faire enlever par des créatures venues d’ailleurs constitue un problème non négligeable. Toutefois, quelque part, cela nous permet d’en apprendre davantage sur elle, sur sa résilience ou sur ses défauts. Le plus amusant pour moi était de raconter l’histoire d’une fille qui a fini par avoir la vie qu’elle voulait et qui sent soudain que tout lui échappe à nouveau. Ce que les extraterrestres ignorent en revanche, c’est qu’elle est prête à se battre pour tenter de retrouver un semblant de vie normale.”

Un scénariste et réalisateur à suivre : Brian Duffield

Brian Duffield raconte avoir grandi au milieu de nulle part, en Irlande. Il lisait plus les novélisations de films qu’il n’allait au cinéma, faute de salles autour de chez lui. Vers quatorze ou quinze ans, il a su qu’il voulait devenir écrivain. Il aimait l’idée que les scénarios étaient beaucoup plus courts que les romans et qu’en plus, ils pouvaient se transformer en longs métrages.

Brian Duffield a appris à écrire des scénarios en étudiant ceux téléchargés sur Internet. Il écoutait aussi les interviews de scénaristes par le journaliste Jeff Goldsmith sur iTunes.  Il a également été l’assistants de gens de cinéma qui lui confaiient des scénarios à lire. Pour lui, cet apprentissage a été plus éducatif et utile que l’université.

A ses débuts, il écrit ses scénarios tout en travaillant dans une usine de vêtements. Un jour, un de ses amis d’université donne son scénario de Your Bridesmais is a Bitch (Ta fiancée est une garce) à un agent littéraire de la société de production Circle of Confusion avec qui il jouait au basket. C’est le premier scénario que Brian Duffield a vendu – et qui ne s’est finalement pas transformé en film.

Depuis, il a écrit avant tout ce qui lui tient à cœur, quel que soit le genre : western, science-fiction, comédie romantique… Il est désormais connu pour avoir plusieurs spec scripts sur la Black List. Cette dernière est une liste des scénarios les plus appréciés à Hollywood – mais pas forcément les meilleurs – qui n’ont pas encore été produits. Jane Got a Gun (2015) était l’un d’eux.

Brian Duffield a notamment signé les scripts de Divergente 2 : L’insurrection (2015), The Babysitter (2017), Underwater (2020) ou encore Love and Monsters (2020). Il est aussi le créateur et le showrunner de la série d’animation Skull Island. Il a mis en scène son premier long métrage Adolescence explosive en 2020. Traquée est sa seconde réalisation.

Une actrice confirmée : Kaitlyn Dever

La comédienne Kaitlyn Dever, 26 ans, s’est fait connaître avec les séries Justified et Last Man Standing et les miniséries Unbelievable et Dopesick. Elle a dernièrement incarné la fille de George Clooney et de Julia Roberts dans le film Ticket to Paradise.

Le choix de Kaitlyn Dever a fait consensus chez Brian Duffield et les producteurs pour le rôle de Brynn. “Qu’elle n’ait encore jamais tourné de film comme celui-ci m’a donné envie de travailler avec elle,” explique le réalisateur. “On ne l’avait jamais vue ni dans une histoire de superhéros, ni dans un film d’action à gros budget. Cela a rendu le projet plus excitant encore.” “Il fallait trouver quelqu’un qui soit capable de saisir toute l’essence du personnage, de manière à ce qu’on comprenne qui est Brynn, quel est son parcours, mais aussi que le spectateur puisse s’identifier à elle,” poursuit le producteur Trevor White. “Kaitlyn a su saisir toutes ces nuances. Elle est extrêmement drôle, pleine de charme et très empathique. Dès que les choses se mettent en place, on a vraiment peur avec elle, même si on perçoit aussi toute sa détermination.”

“Hormis les scènes avec les créatures en images de synthèse, je suis quasiment seule dans le film,” souligne Kaitlyn Dever. “Je n’avais encore jamais fait ça. Comme je cherche toujours à me renouveler, c’était pour moi un véritable défi. Je pense que c’est comme ça qu’on apprend le plus. Cela m’a poussée à réfléchir différemment.”

Les petits hommes gris

Le premier extraterrestre apparaît dans les cinq premières minutes du film. Brian Duffield voulait que le public comprenne immédiatement que ces créatures mettraient en péril l’existence de Brynn. “Je voulais un look assez classique, de type ‘créature humanoïde aux grands yeux’,” remarque le réalisateur. “J’ai l’impression qu’on n’a encore jamais vu ce look dans un grand film d’horreur et je voulais voir si je pouvais être le premier ! Le film possède très peu de dialogues et de scènes d’exposition. Je me suis donc dit qu’il fallait que Brynn n’ait jamais à se demander à quoi elle est confrontée. Dès la première seconde, le public devait aussi savoir qu’il s’agit d’un extraterrestre, et non, par exemple, d’un type au physique monstrueux entré par effraction dans la maison.”

Le film montre trois modèles bien distincts d’extraterrestres. Le modèle classique du “petit homme gris” a servi de point de départ. “On s’est demandé quelles seraient les caractéristiques de chacun et comment le public les découvrirait,” continue Brian Duffield. “On s’est beaucoup amusés à les concevoir. Notre intention était d’améliorer le look de l’extraterrestre classique. Cependant, on s’est vite rendu compte qu’il serait difficile de rivaliser avec l’image d’alien que tout le monde a spontanément en tête.”

Pour les prises de vues, le directeur de la photographie Aaron Morton (Le seigneur des anneaux : Les anneaux de pouvoir) a dû tenir compte de l’incrustation numérique des extraterrestres dans plus de 400 plans en postproduction. Avec son équipe, il a mis au point des effets spéciaux, des scènes de cascades et des interactions fluides et saisissantes entre Brynn et ses poursuivants. “Notre équipe d’effets visuels a créé les extraterrestres,” note-t-il. “Mais il fallait que je positionne mes éclairages pour chaque créature, même s’il n’y avait concrètement aucun extraterrestre à éclairer sur le plateau. On a ensuite utilisé différentes techniques et des nuanciers pour mesurer la manière dont le décor serait éclairé afin de pouvoir placer lumières et reflets sur les images de synthèse.”

Un film quasi sans dialogues

A part quelques dialogues extraterrestres incompréhensibles, Traquée ne contient réellement qu’une réplique de Brynn. “J’ai dit à Brian, lors d’une de nos premières réunions, que ce que je préfère souvent dans les films, ce sont les scènes muettes,” raconte Kaitlyn Dever. “Tourner quasi sans dialogues était excitant pour moi parce que ça me permettait d’intérioriser beaucoup de choses. Pour ressentir ces émotions profondes, il faut vraiment essayer de se glisser au mieux dans la peau du personnage. Celles dont parle Brian sont tellement réalistes et sincères que cela m’a aidée à les trouver et à les faire transparaître dans le regard de Brynn. Ce travail d’intériorisation est l’une des choses que j’ai préférées sur ce tournage.”

Le directeur de la photographie Aaron Morton savait que les rares dialogues rendaient son rôle particulièrement important. “Cela donne évidemment beaucoup plus de poids aux images pour montrer au public ce qui se passe,” admet-il. “On avait la chance d’avoir Kaitlyn Dever. Brian, elle et moi avons travaillé tous les trois pour nous assurer que l’aspect visuel contribuerait à véhiculer toutes les émotions que devait ressentir le public.”

Joseph Trapanese (Oblivion, The Greatest Showman, The Witcher) a signé la musique de Traquée. Cette dernière est un élément clé du long métrage. Elle a aidé à créer et à soutenir l’ambiance du film mais aussi à communiquer certaines informations. Dans une histoire sans dialogues, son influence est amplifiée.  “Joe Trapanese a commencé à écrire la musique avant le tournage,” indique Brian Duffield. “Je savais dès le départ que son rôle serait essentiel. Joe et moi voulions que la BO soit constitutive de l’identité du film.”

Dès la phase de préproduction, le réalisateur et le compositeur ont évoqué différentes scènes illustrées par des thèmes sonores précis. “Le dialogue intérieur de Brynn s’exprime principalement dans la BO,” insiste Brian Duffield. “Kaitlyn et moi avons écouté quelques-unes des pistes de Joe en phase de préproduction puis on les a diffusées sur le plateau. On s’est rendu compte de quelle façon cette musique affectait les scènes lors du tournage. Ce sont ces mêmes morceaux qu’on entend dans le montage final du film.”

Crédit photos : © 20th Century Studios/Disney