Huit agents du FBI et un policier se retrouvent isolés sur une île, dans un centre d’entraînement pour profilers. L’un d’eux est en fait un serial killer qui les assassinera un à un. Quand Les dix petits nègres rencontre Seven… Ce huis clos est signé Renny Harlin.
« Mon seul et unique but est de terroriser les spectateurs, sourit Renny Harlin sur le tournage de son nouveau film, Profession profiler. Pas à cause du sang mais parce qu’ils auront la sensation de vivre la même situation que mes personnages. » C’est-à-dire ressentir de la claustrophobie, de la paranoïa et la peur d’être tué par ce serial killer bourré d’imagination.
Pendant la mise en place du plan à tourner, Renny Harlin déguste des harengs finlandais sur des crackers. Il s’apprête à filmer ses neuf acteurs dans la salle de briefing. Bien que l’équipe entame son 32è jour de tournage sur les 40 prévus, c’est une des scènes d’ouverture du film. Jake Harris (Val Kilmer), agent du FBI anticonformiste et initiateur d’un nouveau programme de formation de profilers, annonce à ses huit stagiaires le menu des réjouissances : il les abandonnera bientôt seuls sur Oneiga Island, au large des côtes américaines de la Caroline, pour qu’ils peaufinent leur entraînement en solo. Il devra cependant revenir quand ils se feront tuer un à un… « Le tueur n’utilise pas un simple couteau, raconte Renny Harlin. Il est très créatif et chaque meurtre est un piège différent. Nous avons passé beaucoup de temps sur chaque mort et nous avons tout fait pour que ce soit intelligent et surprenant tout en évitant le côté barbare de la chose. Le sang est inhérent au thriller, mais nous ne voulions rien d’excessif. »
Un Seven plus pop corn
Un tueur en série inventif, des agents du FBI futurs profilers et des meurtres encore jamais vus. Il n’en faut pas plus pour, déjà, comparer Profession profiler à Seven et au Silence des agneaux. « Seven est une source d’inspiration pour tous les réalisateurs, reconnaît Jeffrey Silver, un des producteurs du film. Si vous pensez forcément à lui, vous ne pouvez cependant pas comparer les deux films. Le nôtre est plus orienté vers le divertissement. » « Il est plus popcorn, » renchérit James Todd Smith (anciennement appelé LL Cool J), alias Gabe, le seul personnage qui ne soit pas agent du FBI.
Pour ce préparer, lui et les autres comédiens ont suivi un entraînement de base avec de vrais agents du FBI et un groupe d’intervention hollandais. « Je voulais qu’ils tissent des liens entre eux, souligne Renny Harlin. Quand un film dépend autant de l’interprétation d’un groupe d’acteurs, il faut créer une alchimie. Chacun devient alors un morceau du puzzle. Et moi, un entraîneur. Chaque comédien est différent. Je dois y aller en douceur avec l’un, être plus dur avec l’autre. Je ne suis pas là pour les rendre heureux mais pour faire un film quoi qu’il arrive. Mais j’avais besoin d’un véritable esprit d’équipe. Et vous le sentez. »
En dehors de James Todd Smith, la distribution compte Val Kilmer, Christian Slater, Johnny Lee Miller, Patricia Velasquez, Kathryn Morris, Clifton Collins Jr… Chacun interprète un personnage bien défini. Dans le désordre, il y a le leader intègre, le tombeur de ses dames, le petit génie, la battante, celle qui est poursuivie par ses démons, le handicapé en fauteuil roulant… Un melting pot de caractères et de nationalités : américaine, anglaise, afro-américaine, sud-américaine, mexicaine… « C’est inconscient, précise Renny Harlin. Quand je suis arrivé sur le projet, c’est vrai qu’il n’y avait pas de personnage noir, mais je n’ai pas dit : ‘Toute bonne histoire doit avoir un noir.’ J’avais déjà travaillé avec Todd et je voulais retravailler avec lui. Il y avait ce personnage très très british, mais je trouvais que Todd ferait mieux l’affaire. Je ne choisis pas mes acteurs en fonction de leur race ou de leur milieu socio-culturel. Je cherche le bon comédien pour le bon rôle. Nous avons fait du sur mesure pour chacun d’eux. Nous avions un personnage mexicain qui est devenu américain quand j’ai rencontré Will Kemp, un danseur de ballet dont c’est le premier film. Mais c’est vrai qu’il est important que les spectateurs puissent identifier facilement chaque personnage. Ce n’est pas parce que dans le scénario j’ai deux personnages féminins que je vais systématiquement choisir une blonde et une brune. Mais c’est pourtant ce que j’essaye de faire pour que le public fasse facilement la différence entre les deux. » D’où Kathryn Morris et Patricia Velasquez au générique. Les deux actrices s’en sont d’ailleurs donné à cœur joie dans leur rôle respectif notamment lors d’une bagarre où la brune balance la blonde à travers une porte vitrée. « J’espère que ma distribution va induire le spectateur dans l’erreur et le surprendre en cherchant qui est le tueur, avoue le réalisateur. Si rien ne marche, ce sera entièrement ma faute. »
Si ce n’est lui…
Renny Harlin admet également que Profession profiler est un véritable défi visuel. « Je veux que chaque séquence fasse naître un sentiment spécifique dans le cœur des spectateurs. Ce film est donc très sombre, très contrasté, entre ombres et lumières. Je joue aussi beaucoup avec des mouvements de caméras et des angles inhabituels. Mais je ne veux pas non plus attirer l’attention du public sur la technique. » Cette attention sera déjà assez distraite par les décors, du sur mesure là aussi : un bâtiment aussi gris et sinistre qu’une prison, déniché au fin fond de la Hollande – tourner aux Pays-Bas a permis une économie de 25% par rapport à un tournage aux Etats-Unis. Si dans la réalité cette bâtisse est une ancienne station de radio classée monument historique et perdue en rase campagne, dans la fiction elle est le centre d’entraînement dernier cri du FBI situé sur une île déserte. Les décorateurs ont refait tout l’intérieur et créé notamment les deux principaux lieux de l’action : la salle de briefing dont les baies vitrées donnent sur l’océan (un fond bleu en attendant une incrustation numérique faisant croire qu’ils sont sur une île) et le laboratoire scientifique où les agents survivants analyseront l’ADN d’une trace de sang trouvée sur l’ongle d’une des victimes… « Cette histoire ne repose pas que sur l’action, précise Renny Harlin. Le scénario est aussi très intelligemment écrit. Quand le spectateur est sûr d’avoir découvert le meurtrier, son suspect se fait tuer et il doit repartir de zéro. »
Crédit photos : © Gaumont/Columbia TriStar Films