M. Night Shyamalan revient là où personne ne l’attendait pas. Il délaisse son domaine de prédilection qu’est le thriller psychologique pour s’attaquer au Dernier maître de l’air, l’adaptation sur grand écran de la série animée Avatar : The last airbender. Il en a déjà planifié la trilogie.
Le sol est recouvert de terre sombre. Un char, dont la chaudière lance des flammes, roule doucement vers un immense portail et l’entrée de la cité de la Nation du feu. Alors que le véhicule stoppe près d’un garde, une silhouette dissimulée derrière un rocher se glisse dessous pour se cacher et ainsi entrer secrètement dans la cité. La silhouette a les cheveux longs et noirs et porte un masque bleu de monstre. « C’est l’Esprit bleu, précise le réalisateur M. Night Shyamalan qui multiplie les prises de vues du plan. C’est la première scène dans le film où vous le voyez. Est-il un esprit, un animal ou un être humain ? Je voulais que ses mouvements soient ambigus, qu’il ait un côté un peu animal. Cela prend du temps d’obtenir les bons mouvements mais aussi de coordonner les déplacements du véhicule avec ceux du cascadeur pour qu’il ne soit pas écrasé. Et je veux le montrer de façon à ce que les spectateurs se disent : ‘C’était quoi ce truc ? Tu as vu ça ?’ » L’Esprit bleu est là pour faire évader Aang, le dernier « airbender »ou maître de l’air, prisonnier de la Nation du feu. C’est aussi un personnage lié aux fameux twists dont M. Night Shyamalan a le secret.
Le dernier maître de l’air raconte un monde où la Nation du feu, après avoir anéanti les Nomades de l’air, continue sa guerre contre la Tribu de l’eau et le Royaume de la terre. Jusqu’au jour où deux jeunes de la Tribu de l’eau trouvent Aang, le dernier survivant des Nomades de l’air. C’est un « airbender » mais aussi un « avatar » qui peut manipuler les quatre éléments, le feu, l’eau, l’air et la terre. Afin de restaurer l’équilibre entre les quatre nations et rétablir la paix, le jeune Aang doit apprendre à maîtriser les trois autres éléments. Il est poursuivi par le prince Zuko, qui, banni de la Nation du feu, veut le capturer pour retrouver grâce aux yeux de son père.
Ce sujet fantastique est loin des thrillers de M. Night Shyamalan. En apparence. « Ce film reprend mes thèmes de prédilection, souligne le réalisateur. Il parle de la famille, des quatre éléments et de comment trouver son équilibre. Il possède une sorte de philosophie bouddhiste. Il raconte l’extermination d’une culture et la survie de son dernier représentant. C’est vrai que la mise en images de ces thèmes est à plus grande échelle. D’habitude, mes films ne comportent qu’une séquence intense de cinq minutes alors que là, il y en a au moins cinquante minutes. »
Un second épisode déjà en écriture
La production de Le dernier maître de l’air – sans Avatar dans le titre car James Cameron a, le premier, acheté les droits de ce nom pour son film – s’est installée pour deux mois et demi à Philadelphie, le fief de M. Night Shyamalan, après neuf jours d’extérieurs glacés au Groenland, « parce qu’il n’y a pas d’iceberg à Philadelphie », plaisante le réalisateur. Pas moins de trois entrepôts, dont deux de la Navy, accueillent les décors du film. Certains jours, l’équipe technique compte jusqu’à mille personnes.
En parallèle du tournage de ce premier opus, M. Night Shyamalan écrit déjà le second. Il admet néanmoins que ce film pourra se regarder indépendamment des deux autres et qu’il ne tournera pas les trois dans la foulée. « J’ai toujours voulu travailler sur une histoire qui s’étend dans le temps, avoue-t-il. J’ai étudié différentes franchises pour voir laquelle me correspondrait le mieux, celle où je pourrais intégrer le plus de mes thèmes personnels. Le dernier maître de l’air semblait parfait pour moi. »
Le fait que cette histoire tourne autour des arts martiaux est la cerise sur le gâteau pour le réalisateur, grand fan de Bruce Lee. « La fureur du dragon est une religion pour moi, sourit-il. Mais mes personnages principaux ne font pas de combat au corps à corps, ils se battent avec des mouvements parce qu’ils manipulent les éléments. Cela ressemble à de la danse, une expression parfaite pour des émotions. »
Le film n’a pas de stars mais de jeunes acteurs comme Dev Patel (Slumdog millionaire) ou Jackson Rathbone (Twilight) et surtout un inconnu dans le rôle-titre, Noah Ringer, 12 ans, ceinture noire de taekwondo. « Je voulais des quasi inconnus pour tous les rôles principaux pour que les spectateurs croient en ces gosses, qu’ils les associent à leur personnage iconique, reconnaît M. Night Shyamalan. Et Noah est arrivé. Il se rase la tête pour le fun, il vit pour les arts martiaux et c’est un expert du bâton. Il est incroyablement doux, innocent et scolarisé à domicile. Il est encore pur. C’est presque un moine. » Espérons que les dieux du cinéma seront avec lui.
Article paru dans Studio Ciné Live – N°07 – Septembre 2009
Crédit photos : © Paramount Pictures