Vous ne les connaissez pas encore mais cet été, vous ne devriez entendre parler que d’eux, de ces cinq anti-superhéros Marvel qui doivent sauver l’univers. Quoique, ce n’est pas gagné d’avance. A tout point de vue.
Les noms d’oiseaux et les gros mots volent sur le plateau du tournage des Gardiens de la galaxie. En tout bien tout honneur. Chaque acteur y va de son expression préférée quand il oublie une réplique ou manque sa marque au sol et c’est un festival de « Motherf—er ! », « F—face ! », « F— you ! » et autre « S–t ! », souvent suivi d’un éclat de rire ou d’un « Pardon my French ! », une main levée et la tête baissée en signe de pénitence. A 12 jours de la fin de son tournage (qui en demandera 82, de juin à octobre 2013), le réalisateur James Gunn voudrait tout recommencer car il trouve que ses acteurs ont encore amélioré leur jeu depuis le début de l’aventure.
Les Gardiens de la galaxie est le dixième film des Studios Marvel adapté des comic books éponymes. Ces superhéros ont eu deux époques, une en 1969 et une en 2008. C’est cette dernière qui est transposée à l’écran, car « le ton du comic était plus sympa et irrévérencieux et l’histoire apparaissait contemporaine mais dans le sens cool du terme, » dixit le producteur Jonathan Schwartz. Il y a cependant quelques différences par rapport à la bande dessinée. Dans le film, ils ne sont que cinq sur les neuf membres de 2008 et Yondu, le fondateur de l’équipe de 1969, est ici un pirate de l’espace, à la tête de bandits baptisés Ravageurs, et le père adoptif de Star-Lord.
Star qui ?
Star-Lord, alias Peter Quill. « Quand le film commence, on découvre Peter, enfant, sur Terre, raconte Chris Pratt, le Peter Quill adulte (enfin, adulte par la taille, pas par la mentalité). On assiste à la tragédie qu’il va vivre et qui va faire qu’il se retrouve dans l’espace. Où il va faire son éducation. On le retrouve 20 ans plus tard. Il a passé sa vie à ne se sentir responsable de rien si ce n’est de lui-même. C’est un voleur, un vaurien. » Ses activités illicites, dont le vol d’un orbe (un globe au pouvoir mystérieux) dans un temple de la planète Morag, vont le faire atterrir dans le Kyln, la prison intergalactique tenue par la Cohorte de Nova, la force militaire du cosmos. Quill va y rencontrer ses futurs complices. Ils vont, forcément, commencer par se détester. Et même essayer de se trucider les uns les autres.
Il y a Gamora (interprétée par Zoe Saldana qui, après le bleu de sa Na’vi d’Avatar, arbore ici une peau verte d’une Zen Whoberi), un assassin qui se bat comme un matador : elle attire sa proie jusqu’à ce qu’elle soit assez près pour la tuer. Elle est la fille adoptive de Thanos, le « grand » méchant de l’univers cosmique Marvel (à qui Josh Brolin prête sa voix). Drax le Destructeur (Dave Bautista) n’a que la vengeance à l’esprit depuis que sa femme et sa fille ont été tuées par Ronan l’Accusateur (Lee Pace), le bras droit de Thanos. Rocket (voix de Bradley Cooper) est un raton laveur qui parle et tire dans le tas, une créature unique dans l’univers qui a subi des expériences et a été détruite puis reconstruite pour devenir ce petit gars tragiquement triste et très en colère. Et enfin, il y a Groot (voix de Vin Diesel). Un arbre à pattes qui ne sait dire qu’une phrase, « Je suis Groot. », mais à chaque fois qu’il la prononce, la signification est différente. Ces deux derniers personnages sont entièrement en images de synthèse. Des captures d’émotion ont été faites des deux acteurs pendant l’enregistrement de leurs dialogues et des doublures les représentent sur le tournage.
Un pour tous et tous pour un
Tous ces Gardiens qui ne vivaient que pour eux-mêmes vont finalement former une famille, dont chaque membre sera alors prêt à mourir pour l’autre, et se découvrir une cause commune, à savoir sauver l’univers de Ronan l’Accusateur. C’est de lui dont il est question dans la scène du jour, scène qui mène au troisième acte du film.
Le décor est la salle de commande de l’Eclector, le vaisseau-mère de Yondu et de ses Ravageurs. Une personne de petite taille vêtue de vert de la tête aux pieds fait office de doublure pour Rocket. Elle porte la photo d’une tête de raton laveur sur sa poitrine et le dos de la tête dans son dos. L’autre doublure habillée en vert est grande et a une tête de Groot sur le crâne. Les autres Gardiens sont, eux, présents en chair et en os.
Quill et Gamora expliquent leur plan de bataille pour stopper Ronan l’Accusateur. Ce dernier possède un orbe (celui que Quill a volé ?) capable de détruire toute la vie organique d’une planète. Après une première prise, James Gunn demande à ce que le mot « orbe » soit remplacé par le mot « pierre ». (Oups ?)
Avant la prise, Chris Pratt chante, danse, s’agite en tous sens. Il fait un bruit bizarre qu’il précise être le glapissement d’un renard. Tout le monde en doute. A action, Zoe Saldana joue sa réplique. Mais en oublie une partie. James Gunn en profite pour lui demander d’y mettre plus de vie. Elle lance un « Bada bing, bada boom » pour trouver le rythme de la réplique. La seconde prise est bonne. Chris Pratt boxe alors l’air. Il est content de lui.
La toile d’araignée Marvel
Pour tourner le film, Marvel Studios et Disney ont investi cinq des quinze plateaux des Studios Shepperton, près de Londres, mais ont aussi filmé des séquences quelques kilomètres plus loin, dans les Studios Longcross. Pour plus de discrétion, Les Gardiens de la galaxie a été rebaptisé du nom de code Full Tilt (A toute vitesse). 99% du film se passant dans l’espace (et 1% sur Terre), tout a dû être créé de zéro. « C’est plus un space opera et de la science-fiction qu’un film de superhéros, » précise Jonathan Schwartz, ce qui, pour lui, explique le choix peu conventionnel (mais avec Marvel nous sommes désormais habitués) de James Gunn à la réalisation. « Ses films précédents [Horribilis et Super, NDLR] sont dans la veine de l’univers Marvel : un grand sens de l’humour, de l’émotion vraie, de la profondeur, de très bons personnages, de véritables enjeux. C’est comme cela que nous aimons faire nos films : avant tout basés sur les personnages et possédant de l’humour et de l’action. Nous voulons sentir que les personnages des Gardiens sont réels et ancrés dans la réalité. Nous voulons que les spectateurs s’identifient à eux. Un space opera haut en couleur paraîtra moins bizarre si l’on s’identifie aux personnages. » « J’aime le côté noir et dur des films de science-fiction des années 80 comme Blade Runner et les Alien, admet James Gunn, mais j’aime aussi les couleurs vives, le côté sensationnel et le fun de la SF des années 50 et 60. J’ai pris un peu des deux pour créer mon propre style visuel et cinématographique. »
Cette liberté lui a été, en partie, accordée car Les Gardiens de la galaxie est le premier film Marvel a exploré en profondeur la dimension cosmique de l’univers cinématographique Marvel. Les deux Thor n’en avaient donné qu’un léger aperçu. Tous les personnages évoluent néanmoins dans le même univers et le film reste lié aux autres productions, et notamment à Avengers et à Thor : le monde des ténèbres. De quoi apporter un soutien tacite de deux franchises à succès envers une petite nouvelle qui en a bien besoin sur le papier. Le violet Thanos, tout souriant, apparaissait en effet pour la première fois à la fin du générique d’Avengers et Le Collectionneur (joué par Benecio Del Toro qui développe son personnage dans Les Gardiens de la galaxie) au milieu du générique de fin de Thor 2. On le voyait recevoir l’Ether et lancer un « Et d’un. Plus que cinq. », faisant référence, plus que probablement, aux six Pierres de l’Infini qui, une fois réunies, donnent à leur détenteur le pouvoir absolu. L’orbe des Gardiens serait également l’une d’elles. Dans le comic book, Thanos est celui qui cherche ces pierres. James Gunn a révélé que son film était relié au troisième opus des Avengers. Tout laisse à penser que ce lien n’est autre que Thanos. Le monde Marvel est finalement tout petit.
Article paru dans Studio Ciné Live – N°61 – Juillet-août 2014