Arte diffuse ce 16 décembre à 22h50, “E.T.”, un blockbuster intime. Le documentaire de Clélia Cohen et Antoine Coursat revient sur la création de E.T. l’extraterrestre de Steven Spielberg et la relation toute personnelle qui unie le long métrage et son réalisateur.
E.T. l’extraterrestre s’inspire de la vie de Steven Spielberg
L’absence du père
Le récit de E.T. l’extraterrestre (1982) est né d’une blessure d’enfance de Steven Spielberg. A l’époque, c’est son long métrage le plus personnel. Le film parle de divorce, de l’absence du père et d’une mère devenue de fait célibataire pour s’occuper de ses enfants. Steven Spielberg a été élevé par des parents qui communiquaient peu et entraient souvent en conflit. Sa mère avait la fibre artistique et restait à la maison pour les enfants tandis que son père avait la fibre scientifique en plus d’être un bourreau de travail et passait tout son temps au bureau. Ils ont divorcé en 1964, ce qui a profondément marqué leur fils.
La solitude de Steven Spielberg
Le cinéaste affirme avoir inventé E.T. l’extraterrestre pour cause de solitude. Il en venait à se tourner vers les étoiles pour se trouver un ami. Il cherchait un copain magique afin de partager avec lui une relation cosmique. Chacun aurait fait découvrir à l’autre des choses extraordinaires qu’aucun n’aurait pu imaginer.
Le chaos dans la maison
Tout comme le foyer du jeune Elliott, celui de Steven Spielberg n’avait rien d’un havre de paix. Il vivait avec trois sœurs cadettes qui dessinaient sur les murs de sa chambre et cassaient ses jouets. Ses chiens faisaient leurs besoins dans la maison, tout comme ses perruches qui préféraient leur liberté à leur cage. Le réalisateur confie qu’il habitait “un zoo de classe moyenne”.
Le refus de l’école
Comme Elliott, Steven Spielberg chauffait un thermomètre contre une ampoule allumée pour faire croire qu’il était malade et ainsi rester à la maison. Sauf que ce n’était pas pour passer du temps avec un alien mais pour une question de survie face aux brutes de l’école qui “essayaient de le tuer” parce qu’il est juif.
La fascination de Steven Spielberg pour les étoiles
Un télescope
Vers 7 ou 8 ans, Steven Spielberg a reçu un télescope de son père. Ce dernier l’avait fabriqué lui-même avec un rouleau de carton et un éclat de verre poli. Le jeune Steven est fasciné par l’espace et ses mystères et suit la conquête spatiale.
Les premières soucoupes volantes
L’adolescent s’intéresse aux premiers témoignages d’apparitions de soucoupes volantes. L’été 1947, l’aviateur Kenneth Arnold a déclaré avoir vu neuf soucoupes volantes tandis qu’un objet volant non identifié aurait été retrouvé à Roswell, au Nouveau Mexique.
Firelight (1964)
En 1964, Steven Spielberg réalise l’un de ses premiers films de science-fiction en 8 mm. Firelight raconte l’enlèvement d’humains par des extraterrestres. Il dure 2h30 et lui a coûté 500 dollars – 200 dollars de plus que son budget initial. Il l’a tourné tous les week-ends pendant un an. Steven Spielberg a 17 ans et considère alors ce film comme “la plus grande aventure de son adolescence”.
Rencontre du troisième type (1977)
Firelight sera le point de départ de Rencontre du troisième type (1977) qui sera le point de départ de E.T. l’extraterrestre. C’est pendant le tournage de Rencontre du troisième type que Steven Spielberg a l’idée de E.T. l’extraterrestre. Il était alors obsédé par la possibilité d’une vie extraterrestre. Quand l’alien de Rencontre, baptisé Puck, retourne dans le vaisseau-mère, le cinéaste se sentait triste de le voir partir. Il voulait qu’il reste sur Terre. Ce sentiment lui a donné envie de creuser cette idée d’un enfant qui rencontre un alien.
E.T. l’extraterrestre, un gentil alien
Avant Steven Spielberg, les aliens représentent les angoisses de l’Amérique en pleine guerre froide. Ils sont généralement décrits comme des envahisseurs meurtriers et sont maltraités par Hollywood. Ils reflètent à l’époque la terreur des Américains d’être envahis par les communistes. Dans Rencontre du troisième type et surtout dans E.T. l’extraterrestre, l’alien est sympathique à souhait.
La relation de Steven Spielberg avec les enfants
E.T. l’extraterrestre est dédié à François Truffaut
Dans Rencontre du troisième type, Steven Spielberg dirige des enfants sur le tournage. Le réalisateur François Truffaut qui tient un rôle dans le film – et que Steven Spielberg vénère – lui avoue qu’il l’a observé avec ses très jeunes acteurs. Il lui dit alors qu’il devrait faire un film sur des enfants. Comme le remarquera Steven Spielberg plus tard : “E.T. l’extraterrestre est en quelque sorte ma réponse à sa suggestion.”.
Le casting
Steven Spielberg a trouvé ses trois jeunes interprètes principaux via un casting. Il a choisi Robert MacNaughton (Michael, l’aîné) car il était un adolescent classique, le genre à taquiner sans cesse son petit frère. Drew Barrymore (Gertie, la petite sœur) a convaincu le réalisateur grâce à son imagination débordante. Agée alors de 6 ans, elle lui a affirmé qu’elle était le leader d’un groupe punk. Quant à Henry Thomas (Elliott), ses auditions plus qu’émouvantes ont suffi pour que le cinéaste lui donne le rôle.
Un regard d’enfant
Pour filmer ses jeunes acteurs, le réalisateur pose sa caméra à hauteur d’un enfant de 10 ans. La majorité des adultes sont ainsi sans visage, ce qui accentue leur présence menaçante. Pour la première fois, Steven Spielberg n’utilise pas de storyboard afin de privilégier la spontanéité dans l’interprétation des enfants. Il prête aussi sa voix à E.T. pour les échanges de dialogues pendant les prises. Cette ruse aide les enfants à créer un lien avec la marionnette. Les larmes de certaines scènes seront plus d’une fois vraies pour les jeunes acteurs et continueront une fois que le cinéaste ait lancé “Coupez !”.
Un père en devenir
Steven Spielberg, sans enfant à l’époque, a créé une ambiance familiale sur le plateau et noué une relation filiale avec ses interprètes. Le réalisateur se sent comme un père pour eux. Il affirme lui-même que sans cette bonne expérience, il n’aurait pas fondé une famille nombreuse. Il a aujourd’hui sept enfants.
Crédit photos : © Universal Pictures
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