Après Mission : Impossible, L’homme qui valait trois milliards ou encore Super Jaimie, l’intégrale de la série culte des années 1970 fait son grand retour à la télé ce lundi 17 janvier sur Paramount Channel. Starsky et Hutch, c’est l’histoire de deux flics redresseurs de torts, de deux beaux gosses qui ne se prennent pas au sérieux, d’une voiture qui ressemble à une tomate enrubannée et d’un générique français mièvre mais inoubliable. “Starsky et Hutch, nananananana…” (air connu)
La genèse
Créée par le scénariste et producteur William Blinn, Starsky et Hutch mêle action, suspense et humour. ABC a diffusé la série de 1975 à 1979. Elle compte un pilote de 70 minutes et 92 épisodes de 50 minutes répartis sur quatre saisons. Avec les rediffusions, on a toujours l’impression qu’il y en a eu plus. Elle met en scène deux policiers de Bay City, ville fictive de Californie : le brun Dave Starsky (Paul Michael Glaser) et le blond Ken « Hutch » Hutchinson (David Soul). Ils luttent contre le crime et les bandits en cavale avec leur chef vénéré et ronchon, le capitaine Dobey (Bernie Hamilton), et leur indic et ami Huggy-les-bons-tuyaux (Antonio Fargas).
Starsky et Hutch sont basés sur deux vrais flics de New York, Lou Telano et John Sepe. Ces derniers ont acquis une certaine notoriété et reçu des éloges pour leur travail de police sous couverture. Leurs méthodes sont réputées non conventionnelles mais efficaces.
Le casting
Les producteurs Aaron Spelling et Leonard Goldberg ont poursuivi Paul Michael Glaser pendant des années pour le faire jouer dans une série. L’acteur a toujours refusé. Il n’avait pas travaillé depuis quelques temps quand il a accepté de lire le scénario du pilote de Starsky et Hutch. Il a ensuite passé l’audition pour le rôle de Starsky puis tourné le pilote. A aucun moment il n’a pensé que cela deviendrait une série. Il estimait même que c’était trop mauvais pour aller plus loin.
Aaron Spellin a repéré David Soul alors qu’il interprétait un flic véreux dans Magnum Force, la suite de Dirty Harry avec Clint Eastwood. Il ne voulait pas jouer Hutch qu’il trouvait trop fade et préférait Starsky. Il n’a jamais eu gain de cause face aux producteurs. Le comédien a passé son audition, donnant la réplique à plus d’une centaine d’acteurs venus pour le rôle du flic brun. Jusqu’à ce que Paul Michael Glaser entre dans la pièce pour faire son essai.
Antonio Fargas a été engagé pour le personnage d’Huggy-les-bons-tuyaux grâce au réalisateur du pilote Barry Shear. Les deux hommes avaient travaillé ensemble sur le film Meurtres dans la 110è rue (1972).
Le capitaine Harold Dobey est incarné par Richard Ward dans le pilote. Mais pour les épisodes suivants, les producteurs Aaron Spelling et Leonard Goldberg ont préféré que Bernie Hamilton reprenne le rôle. Ils avaient fait tourner l’acteur dans le pilote d’une série sur un détective intitulée Stone qui n’a jamais vu le jour.
La bromance
Paul-Michael Glaser et David Soul se connaissaient déjà avant l’audition pour Starsky et Hutch mais ils n’avaient jamais travaillé ensemble. L’alchimie a été immédiate entre eux lors de leur premier essai ensemble. Amis à la ville comme à l’écran, leur complicité est restée intacte encore aujourd’hui. A l’époque, ils ont vite été surnommés les Butch Cassidy et Sundance Kid de la télévision.
En coulisse, les deux hommes étaient également au diapason sur ce qu’ils souhaitaient montrer à l’écran. Ils sont d’emblée allés à l’encontre des désirs des producteurs. Ces derniers voulaient des flics célibataires et durs à cuire. Les acteurs, eux, décident de faire de leurs personnages des types ordinaires, des potes qui s’adorent, et qui se trouvent être des policiers.
Inséparables et complices, Starsky et Hutch peuvent compter l’un sur l’autre. Avec eux, c’est à la vie et à la mort. Ils affichent une amitié virile, décomplexée et belle à voir. Leur bromance est rare dans les années 1970 et fait tout le sel de la série. Elle sera peu égalée par la suite.
Un duo détonnant
L’arrivée de Starsky et Hutch à la télé américaine en 1975 a marqué un tournant dans les séries policières outre-Atlantique. A l’époque, ces deux flics durs mais cool sont atypiques. Leur quotidien est fait d’une exceptionnelle violence avec des fusillades mortelles, des arrestations musclées et des courses-poursuites périlleuses au volant de l’iconique Ford Gran Torino rouge à bandes blanches. Leurs méthodes détonnent car ces soi-disant chevaliers au grand cœur ne font pas dans la dentelle quand les policiers fictifs de l’époque prennent des gants avec les malfrats.
Leur allure décontractée et tendance voyou se démarque aussi des costumes cravates et uniformes habituels. Ils sont nonchalants, voire désinvoltes, anticonformistes face au système, impertinents devant la hiérarchie et drôles. Leur dérision est la bienvenue face à des intrigues assez noires et des sujets de société difficiles.
Une version française incontournable
La série possède un côté très dramatique et âpre dans sa version originale. L’audience est au rendez-vous mais les producteurs s’inquiètent car les États-Unis sortent de la guerre du Vietnam et connaissent toujours des émeutes raciales. A leur demande, Starsky et Hutch deviendra plus légère dès la saison 2. La violence excessive laissera progressivement la place à la comédie et au romantisme.
L’humour est cependant présent et émane le plus souvent des improvisations et des réécritures des dialogues par Paul Michael Glaser et David Soul. Il est cependant bien plus manifeste dans la version française grâce au doublage de Jacques Balutin (Starsky) et de Francis Lax (Hutch). A l’instar de Michel Roux et Claude Bertrand pour Amicalement Vôtre, les deux comédiens se permettent de changer la traduction des répliques et inventent même certains dialogues quand la bouche des acteurs américains n’est pas visible à l’écran. Leur complicité derrière le micro se ressent à l’image. Et c’est aussi ce qui contribuera au succès en France et à notre attachement à la série.
La fin de Starsky et Hutch
A la fin de la saison 2, Paul Michael Glaser veut déjà quitter la série. Il apprécie de moins en moins la violence des épisodes – pourtant peu à peu atténuée – et se lassera vite de cette histoire d’amitié entre flics. A plusieurs reprises il négociera une rupture de contrat, sans succès. Avant le tournage de la saison 3, il tentera même un procès contre les producteurs afin de retrouver sa liberté. Il y renoncera et restera après avoir obtenu plus de contrôle créatif sur les scénarios, la possibilité de réaliser des épisodes et une augmentation de son cachet de 5 000 dollars par épisode.
Paul Michael Glaser souhaitera de nouveau partir au cours de la saison 4. Son mécontentement très médiatisé, le fait que David Soul ne voulait pas continuer sans lui, la hausse des coûts de production et la baisse de l’audience inciteront les producteurs à ne pas renouveler la série pour une cinquième saison.
Dans la première version du dernier épisode de la série, Que la vengeance est douce, Starsky devait mourir. Mais les producteurs pensaient que cela nuirait aux rediffusions. Ils espéraient aussi secrètement une renaissance du duo à plus ou moins court terme.
Crédit photos : © Paramount