Shia LaBeouf ne peut rien dire de son personnage dans Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal mais il a plein d’anecdotes de tournage. Quand il parle de Steven Spielberg et de Harrison Ford, il le fait avec un profond respect et une grande admiration. Un garçon bien, quoi.
Qui est votre personnage dans Le Royaume du crâne de cristal ?
Shia LaBeouf : (Embarrassé) Je ne sais pas ce que je peux vous dire… Je joue un ado rebelle… Un Greaser. Dans les années 50. Je pilote une moto. Je ne peux pas entrer dans les détails sans trop dévoiler de choses… Ce n’est pas drôle.
Et votre relation avec Indiana Jones ?
Je ne peux rien dire là-dessus.
D’où vient le nom de votre personnage, Mutt ? Parce qu’il y a cette tradition de donner le nom d’un chien aux protagonistes…
J’imagine que je ne porte pas un nom d’oiseau. Je ne suis pas sûr de l’origine exacte, je ne peux pas vous dire.
Vous êtes donc une sorte de blouson noir…
Avec ce blouson de cuir, je me sens plutôt comme un héros de film d’action ! Mais physiquement, porter ce truc donne très chaud. Tous les matins, Harrison et moi, nous lancions : « Bienvenue dans le monde du cuir ! » Nous faisons tout avec ce cuir sur le dos, pendant douze à treize heures chaque jour. Nous en avions des taches de cuir sur la peau des bras, du dos, du cou. Elles ont eu du mal à partir.
Comment s’est passé votre premier jour de tournage ?
Terrifiant. Je pensais savoir comment cela allait se passer, ce que travailler avec Harrison me ferait, ce que je ressentirais au premier « Action ! ». J’en étais loin. Mais en fait, c’était plus facile que je ce que j’imaginais. Nous avons tourné vite et beaucoup, c’était hautement appréciable. Harrison savait comment faire disparaître le stress et la pression. Avant chaque prise, il lançait : « Allons-y, tournons cette merde, Steven ! » Il ne le pensait pas littéralement mais c’était sa façon de faire baisser la pression parce que c’est Indiana Jones, c’est un héritage, ce n’est pas seulement un film. C’est l’Histoire.
Que pensez-vous de Steven Spielberg ?
C’est un perfectionniste qui peut faire des choses parfaites. C’est l’organisateur ultime. Il sait comment vous décrire ses pensées, c’est très facile de le comprendre. Il a une totale confiance dans ses acteurs. Il ne surdirige pas, il ne sousdirige pas. Il est parfait.
Et travailler avec Harrison Ford ?
Pareil. Ce sont deux professionnels accomplis. Harrison n’est jamais en retard, jamais blessé, jamais malade, jamais fatigué. C’est un superhéros. Il court partout comme s’il avait 17 ans. Il sait comment rendre les choses faciles. Grâce à lui j’ai appris qu’il n’y a pas que l’aspect acteur qui entre en compte quand vous avez le rôle principal. C’est vous qui donnez le ton. Par exemple, il prenait sa chaise après chaque prise et la portait jusqu’au décor suivant. Tous les autres acteurs ont fait pareil. C’est une façon de rester humble. Il ne la joue pas diva même s’il est Indiana Jones. Il est Harrison Ford mais il est surtout Harrison. Il n’est pas comme on l’attend. Il est John Wayne. Il est la quintessence de la star de cinéma, la plus grande star qu’on ait jamais eu mais aussi la personne qui a le plus les pieds sur terre que j’ai jamais rencontrée de toute ma vie.
Le tournage a-t-il été très physique ?
Oui, et pour la première fois je me suis blessé sur un film. Je me suis froissé un muscle, à la hanche. Cela n’a rien de drôle. Je me battais à l’épée dans la jungle. C’était loin d’être un duel conventionnel. (Sourire) Et je me suis blessé. Tous les matins, j’appliquais un appareil de stimulation électronique sur le muscle, pour le choquer et ne plus le sentir. Puis j’allais travailler et toutes les trois heures je recommençais. Mais comme je ne sentais rien, j’ai aggravé la blessure. J’ai mis trois ou quatre mois à guérir.
En quoi votre vie a-t-elle changé ces derniers mois ?
Il y a plus d’introspection. Je suis plus prudent mais aussi plus offensif dans mon approche avec le public. Avant j’étais plus sur la défensive. Et je continue à apprendre. J’ai 21 ans. Je ne suis qu’au début de ma carrière.
Parvenez-vous à vivre normalement en dépit de toute l’attention portée sur vous ces derniers mois ?
Oui. C’est toujours autant la pagaïe dans ma vie. Je fais toujours des choses stupides. Je suis un mec normal de 21 ans qui essaye de vivre sa vie.
Envisagez-vous toujours d’aller à l’université ?
Je pensais vraiment que j’irai après Transformers et puis il y a eu un coup de téléphone et tout a changé. Mais je ne connais pas d’école d’art dramatique capable de me faire jouer face à Cate Blanchett ou une école de cinéma qui me fasse tourner avec Steven Spielberg. Et je préfère apprendre avec eux que d’en entendre parler par un tiers.
Indiana Jones est une autre grosse production après Transformers. Cela va-t-il devenir une habitude ?
Cela n’a jamais été mon plan de carrière. J’ai rencontré Steven Spielberg et nous avons commencé à travailler ensemble. Ce n’est que mon deuxième gros film. J’aime aussi les petits films mais je ne vais pas forcer le destin. J’estime aussi avoir une obligation envers mon public. Il se rajeunit avec Transformers et Indiana Jones. Je ne veux pas faire de films qui pourraient le faire mal tourner et aujourd’hui je prends aussi cela en considération. Les petits films ont tendance à prôner une approche parfois malsaine de certaines idées. A moi de faire les bons choix.
Allez-vous faire partie d’une nouvelle trilogie Indiana Jones ?
Non. C’est Indiana Jones. C’est à Harrison Ford qu’il faut demander ce qu’il veut faire.
Mais si Steven Spielberg vous le demandait à vous ?
Je ferai n’importe quel film avec Steven Spielberg. Comme acteur, machiniste, figurant ou cantinier. Steven est adorable. J’aime juste être avec lui. Il ne fait pas de bourrage de crâne, il aime écouter. Mais ce n’est pas une sangsue, il partage son savoir. Vous sentez que vous progressez rien qu’en discutant dix minutes avec lui. Avec lui, j’ai le sentiment de grandir. Il n’y a pas tant de gens comme cela dans ma vie.
Représente-t-il une figure paternelle pour vous ?
Sûr. Tous ceux qui ont travaillé avec lui ont ressenti cela. Au dos de sa chaise de réalisateur, il n’y a d’ailleurs pas écrit « Réalisateur » mais « Papa ».
Que pensent vos parents de tout cela ?
Ils sont en état de choc. Ma mère a un gros béguin pour Harrison Ford. Elle est venue sur le tournage, il a été très gentil avec elle mais elle n’en croyait pas ses yeux. Harrison est un cowboy et mon père, c’est son truc. Ce côté macho. Ils se sont super bien entendu. C’était génial. Mon père ne s’entend pas avec les acteurs, il n’aime pas Hollywood. Mais Harrison n’est pas un acteur d’Hollywood. C’est un mec carré.
Interview parue dans Ciné Live – Hors-série spécial Indiana Jones et dans Studio Magazine – N°246 – Mai 2008
Crédit photos : © Paramount Pictures
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