Femme-enfant du cinéma des années 70 devenue une icône de la décennie suivante, la comédienne n’a rien perdu de son intensité ni de son charisme. Nastassja Kinski est dans Paris, Texas diffusé sur France 5.
Sa carrière restera liée au réalisateur Roman Polanski. S’il ne l’a pas découverte, il a été son pygmalion et l’a façonnée afin qu’elle devienne l’actrice qu’il souhaitait pour Tess (1979). Les deux artistes se sont rencontrés lors d’une soirée en 1976. Il lui conseille alors de suivre des cours d’art dramatique et lui donne le roman de Thomas Hardy dont le scénario de Tess est tiré. Pendant deux ans, il la prépare pour le personnage. À l’époque, les rumeurs d’une liaison vont bon train. Elle a 17 ans, il en a 45. Mais elle niera toujours, n’évoquant que du respect entre eux. Jurant même qu’après être apparue nue dans plusieurs longs-métrages jusqu’à ses 17 ans, et avoir eu des avances de bon nombre de réalisateurs et producteurs, il est celui qui lui a rendu sa dignité en ne lui demandant pas de retirer ses vêtements dans Tess. Ce film la fera connaître du monde entier. Elle ne retrouvera plus de rôle aussi mémorable.
Une enfance difficile
Nastassja Aglaia Nakszynski est née à Berlin le 24 janvier 1961. Son père est le volcanique acteur Klaus Kinski. Un tyran violent capable d’entrer dans des rages folles. Pour la jeune fille, le voir quitter le foyer familial en 1968 est une libération. Ce sera alors à elle de subvenir aux besoins de sa mère. Jusqu’à sa mort en 1991, elle parlera peu à ce père qui ne verra jamais ses petits-enfants. En 2013, elle confirmera les accusations de sa demi-sœur Pola, qu’il a abusée sexuellement pendant quatorze ans. Et admettra qu’elle-même a échappé au pire quand elle avait 5 ans à peine. Après une enfance douloureuse, sa carrière d’actrice commence à l’automne 1974 avec le tournage de Faux mouvement de Wim Wenders. La femme du réalisateur l’avait repérée dans un concours de rock’n’roll à Berlin. Nastassja Kinski a déjà son regard profond et sa petite moue. Une courte scène la montre aussi déjà seins nus. Elle a 13 ans.
Elle apparaît entièrement nue dans son film suivant, Une fille… pour le diable (1976). Dans les années 70 et 80, la majorité des personnages qu’elle interprète sont des jeunes femmes virginales ou innocentes maltraitées et abusées par les hommes. Sa grâce et sa fragilité enfantine font mouche à chaque fois. Rares sont les longs-métrages où elle reste habillée. Elle reconnaîtra plus tard qu’elle était exploitée par l’industrie du cinéma et qu’elle aurait aimé avoir quelqu’un pour la protéger. Ou avoir eu la force de ne pas accepter certaines choses… En 1981, elle assume cependant son statut de sex-symbol avec le cliché pris par le photographe Richard Avedon, qui la montre avec un python glissant sur son corps dénudé. Elle a 20 ans et est alors considérée comme la plus belle femme du monde.
La famille avant tout
Alors que Paris, Texas de Wim Wenders remporte la Palme d’or à Cannes en 1984, Nastassja Kinski est au sommet de sa carrière. Elle continue à tourner régulièrement mais enchaîne des films de faible qualité qui n’auront ni le succès ni l’aura de ses précédents. Mais ses enfants sont désormais sa priorité. « Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est avoir une famille et être une bonne mère, affirme-t-elle. Mes enfants sont tout pour moi, les amours de ma vie. » En 1984, elle donne naissance à son fils Aljosha, dont le père est l’acteur Vincent Spano, rencontré sur le tournage de Maria’s Lovers. Mais la même année, elle épouse le producteur égyptien Ibrahim Moussa. Deux ans plus tard, une fille naît de leur union, Sonja, aujourd’hui mannequin et actrice. Nastassja Kinski quittera Ibrahim Moussa en 1992 pour le génie de la musique Quincy Jones, dont elle aura une autre fille en 1993, Kenya, elle aussi aujourd’hui mannequin. Ils se sépareront en 1995.
Si on l’aperçoit encore sur grand écran en 2006 dans Inland Empire de David Lynch, l’actrice semble alors avoir définitivement mis un terme à sa carrière avec le film indépendant américain Sugar en 2013. En Allemagne, l’émission Danse avec les stars la recrute pour son édition 2016. Nastassja Kinski renoncera à la dernière minute à participer à l’émission Je suis une célébrité, sortez-moi de là ! l’année suivante, mais se prête volontiers au jeu des jurys de festivals de cinéma. Le dernier en date était celui du Festival 2 Cinéma de Valenciennes en mars 2020, clôturé prématurément à cause du coronavirus.
Crédit photos : © Argos Films
Article paru dans Télé Star – N°2271 – 6 avril 2020