Succès de Transformers oblige, le réalisateur Michael Bay s’est attaqué à un second opus. Et comme vous ne changez pas une équipe qui gagne, il a repris les mêmes acteurs et quasiment les mêmes techniciens. S’il n’était pas certain du résultat du premier film, il est encore moins sûr des chiffres de la deuxième aventure, les suites ayant tendance à être maudites. Verdict dans quelques jours… Avant de se lancer dans un troisième épisode ?
Vous avez tourné des scènes au pied des pyramides de Gizeh. Ce devait être assez passionnant d’apporter un futur imaginaire dans ce lieu historique.
Michael Bay : Bien sûr. Et comme tout le monde se demande comment ces pyramides ont été construites, nous apportons un élément de réponse dans le film. (Rires)
Cela n’a pas dû être évident d’obtenir une autorisation de tournage.
Non, en effet. J’ai fait mes repérages six mois avant de tourner, avec l’espoir d’obtenir cette autorisation. Un coup ils nous la donnaient, un coup ils nous la refusaient. Ce qui a duré un moment. De retour aux Etats-Unis, tout le monde me demandait si je ne me sentais pas en danger au Caire alors que j’ai été si bien accueilli. La perception est très différente quand vous êtes sur place. J’imagine que les journalistes y sont pour beaucoup. Les studios répétaient que nous ne pouvions pas tourner en Egypte, que nous ne pouvions pas tourner une grosse production là-bas, que c’était trop dangereux. Je leur ai dit qu’ils devaient venir vérifier par eux-mêmes parce qu’ils avaient tort. Si c’était dangereux, je n’y serais pas allé.
Comment s’est passé le tournage dans son ensemble ?
Difficile. Comme toujours. Parce que vous cherchez toujours à relever un défi. Et je tourne aussi toujours mes films très rapidement. Certains réalisateurs sur des films aussi importants utilisent une seconde équipe à temps plein. Pas moi. Je ne veux que ma vision du film et je m’engage toujours à livrer un film pour un certain prix. Ce film doit coûter de 30 à 40 millions de dollars moins cher qu’un film avec une seconde équipe. J’y arrive aussi en ayant moins de jours de tournage. Mais même si ce tournage est dur, cela reste un plaisir. Ce film a plus de fun, plus de passion que le premier. Il est aussi plus drôle. C’est plus une aventure. Et vous les sentez. C’est définitivement un film qui a plus de gueule. J’ai dit aux scénaristes : « Faisons un film comme s’il n’y avait pas de troisième épisode. Les gens sont toujours déçus par les deuxièmes épisodes. Faisons comme si j’étais déjà lassé des robots et que j’arrêtais avant d’en faire un numéro trois. »
Les suites ont également tendances à être plus sombres que le premier opus. Est-ce le cas pour Transformers 2 ?
Oui, il est d’ailleurs interdit au moins de 17 ans ! (Rires) En un sens oui, parce que dans le premier film, la menace ne touchait qu’une ville. Dans le second, la menace touche la Terre entière : la France, les Etats-Unis, l’Egypte… Le film a un côté plus international.
Et plus de robots. Combien y a-t-il dans Transformers 2 ?
Je ne sais pas. J’ai perdu le compte entre les anciens et les nouveaux. Ce que nous pouvons faire avec nos robots et nos personnages… Ce n’est que le sommet de l’iceberg. Maintenant, nous avons une plus grande variété de robots, nous en avons des stupides, des vieux, des minuscules… Et puis vous ne remarquez pas certains alors que d’autres sont plus présents. C’était le problème sur le premier Transformers, pour les scènes dans la ville. Je n’ai pas eu la possibilité de tourner la séquence entière dans une seule rue, j’ai dû étaler le tournage sur au moins cinq rues différentes et c’est alors devenu assez confus. Avec une seule rue, le département des effets visuels auraient pu mieux déterminer la trajectoire des personnages, et aussi mieux discerner qui était qui. Je sais que les spectateurs ont aussi eu des difficultés à distinguer les différents robots. La fin du premier était aussi un peu faible. Celui-ci a plus de passion, plus d’émotions et les enjeux sont plus grands.
C’est typique de l’artiste de ne jamais être à 100% content de son travail.
C’est vrai. Sur le premier, je crois que j’espérais juste que le film tienne debout.
A quel moment avez-vous su que vous teniez un succès avec cette franchise ?
Aux premières projections tests. Nous obtenions 95% de taux de satisfaction. Et pendant les tests, je me disais que les gosses allaient aimer mais que cela resterait un film pour les gosses et surtout que ce film était stupide. Et puis nous avons testé le film sur les adultes. Et ils ont commencé à rire à l’humour du film. Et le premier jour de la sortie, les chiffres étaient bons mais je me suis dit que les fans s’étaient précipités pour le voir. Le deuxième jour, que ces fans avaient aimés et qu’ils étaient retournés le voir. Le troisième jour, que oui peut-être… Mais j’ai appris à ne pas être arrogant avant le deuxième week-end d’exploitation. (Rires) Le deuxième week-end d’exploitation sépare les hommes des enfants. (Rires) Nous avons su lors de ce deuxième week-end que nous étions bons. Nous avions aussi un bon bouche à oreille et le public était étonnamment plus âgé que ce que j’attendais.
Le succès ne vient pas que des robots mais aussi des acteurs Shia LaBeouf et Megan Fox.
Et rappelez-vous que j’ai découvert Megan. Elle n’avait rien fait et les studios n’étaient pas convaincus. Mais je continuais à parler d’elle pendant le casting, à montrer des vidéos de ce qu’elle pouvait faire. Elle s’est vraiment améliorée sur ce film. Mais le problème avec elle, c’est qu’à chaque fois que j’ai besoin d’elle sur le tournage, elle sort d’une soirée. (Rires) Je lui ai donc imposé un couvre-feu. (Rires) Et Shia… C’est un emmerdeur de 22 ans. Je dois jouer les grands frères avec lui. Il est si aventureux, c’est encore un gamin et je suis toujours en train de lui dire de se calmer pour qu’il ne se blesse pas. J’adore Shia parce qu’il est de ce genre d’acteurs qui savent improviser, qui savent rendre les scènes plus drôles. C’est un acteur très talentueux. Il a fait du chemin depuis le premier film. Il est le chef de file dans ce film, il a plus de charisme. Il a un rôle plus adulte aussi. Son personnage va à la fac, il veut qu’on le prenne pour un adulte mais il est rattrapé par son passé.
Crédit photos : © Paramount Pictures
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