Dans Mademoiselle Holmes, adaptation très libre de l’univers de Sherlock Holmes créé par Sir Arthur Conan Doyle, Lola Dewaere incarne Charlie Holmes, 36 ans, l’arrière-petite-fille d’un des plus célèbres détectives privés. La saison 1 de Mademoiselle Holmes commence ce 11 avril, à 21h10, sur TF1.
Le point de départ de Mademoiselle Holmes
Après son affrontement avec Moriarty et sa disparition dans les chutes de Reichenbach, Sherlock serait parti vivre tranquillement en France, aurait engendré une descendance puis serait retourné en Angleterre. Son arrière-petite-fille Charlie Holmes (Lola Dewaere), élevée par son grand-père, George Holmes (Daniel Prévost), est une flic discrète et timide souffrant de troubles de l’humeur. Percutée par une voiture, elle passe quelques jours à l’hôpital, privée de son traitement, et retrouve toutes les sensations et capacités dont ses médicaments la privaient. Elle déborde soudain d’énergie, brille par son intelligence et ressent une empathie hors normes. Elle devient excellente dans son métier, aidée dans ses enquêtes par le médecin légiste fraîchement diplômé Samy Vatel (Tom Villa), en stage dans son commissariat.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter ce projet ?
Lola Dewaere : Le cachet (elle éclate de rire). L’argent, c’est le nerf de la guerre. Plus sérieusement, j’adore l’univers de Sherlock. Je trouvais que c’était hyper original qu’on me propose ça. Et en plus en version féminine, ce qui est assez fun. J’ai tout de suite été séduite. Et Tom Villa. Depuis toute petite, je rêve de tourner avec Tom Villa (rires).
La série est un polar avec une tonalité plus légère, il y a du drame et de la comédie.
Ce qui est un peu identité des séries anglaises. J’ai pensé à Fleabag, une série hyper drôle et en même temps, hyper sombre. J’étais contente parce que du coup ça me permettait de jouer plusieurs choses. Quand on m’a proposé Mademoiselle Holmes, j’ai trouvé ça très séduisant parce que j’avais envie de quelque chose qui me ressemble moins. Je suis complètement barrée mais c’était un vrai challenge pour moi en tant que comédienne. Je ne sais pas si j’ai réussi. Est-ce que j’ai le personnage ? Je ne sais pas. C’était intense à jouer et très dangereux. Sur le premier épisode, les gens peuvent soit adhérer ou pas du tout, soit on va m’aimer soit on va me détester mais il n’y aura jamais un entre-deux. C’est hyper casse-gueule, en fait. Mais je me suis dit : « Ça y est. On va voir, peut-être, que je suis une bonne comédienne, que je sais pleurer et crier et machin. » Ce personnage me nourrit tellement. Il y a tant de choses à faire avec Charlie.
Vous vous demandez encore si vous êtes une bonne comédienne.
Je pense que j’aurai toujours ce syndrome de l’imposteur et puis, après, c’est un peu de la fausse modestie pour faire genre (rires). Si jamais la série ne plaît pas, au moins j’aurais dit : « Les gars, je vous avais prévenus ». J’ai toujours ce truc mais de moins en moins parce que je sais que c’est mon métier maintenant et que je ne ferai rien d’autre. Je m’éclate dans ce que je fais et, en plus, je suis super bien payée. C’est un luxe aujourd’hui. Mais je n’ai pas dormi du tournage. Je n’ai même pas été à la fête de fin de tournage tellement j’étais rincée. Ce projet a été très fort. J’ai très bien vécu ce tournage parce que je me suis éclaté mais j’étais dans une inquiétude monumentale. C’est pour ça je me protège un peu en disant : « Bon, si je suis mauvaise comédienne, de toute façon, je vous l’avais dit. »
De quoi souffre Charlie ?
Elle a des troubles de l’humeur. Mais on tient à rester dans un truc vaporeux parce que c’est hyper énervant aujourd’hui de donner des noms à tout. Si on est un peu comme-ci ou comme-ça, on est HPE ou HPI ou autiste. Non. Il y a des gens qui sont ultra-sensibles sans être HPE, HPI ou Superman ou Wonder Woman. Mais si vous me demandez si l’ultra-sensibilité est un superpouvoir, je dirais oui. Mais on ne voulait pas que ça fasse superpouvoir, on ne voulait pas trop le marquer. Et puis c’est quelque chose qui va un peu crescendo dans la série. En fait, elle retrouve des sensations. Charlie n’est plus sous la cloche de son traitement et d’un coup, son cerveau se remet à fonctionner. Elle a un odorat surdéveloppé, elle est complètement en empathie avec les gens… Elle revit. Tout se réveille en elle, c’est une femme. Elle se rend compte qu’elle est passée à côté de plein de choses. Elle a du temps à rattraper. C’est vital pour elle.
A quel moment avez-vous dosé votre jeu pour ne pas être ridicule ni dans le trop timide ni dans le trop exubérant ?
Ce n’est pas moi qui ai dosé, c’est le metteur en scène [Jean-Christophe Delpias pour les ép. 1 à 4 et Sandra Perrin pour les ép. 5 et 6, ndlr]. Moi, j’en faisais des caisses et je pouvais partir dans des trucs complètement fous. Il m’a dit : « Tu te calmes. Tu lèves un peu le pied ». C’était un travail très minutieux : on me demandait de faire quelque chose assez subtil, de pas trop caricatural. C’était très casse-gueule pour moi. Il a fallu vraiment gérer. C’est un super challenge. Mais je me suis éclatée.
Vous sentez-vous proche de Charlie ?
Je crois. Je ne pourrais pas dire que c’est un rôle de composition. J’ai 20 000 personnalités, je ne suis pas schizo – ne vous inquiétez pas – mais évidemment, je la retrouve dans ma personnalité. Il y a des choses que j’ai puisées en moi, dans mes références de vie. Je sais ce que c’est d’avoir été élevée par des vieilles personnes puisque moi-même, j’ai été élevée par mes grands-parents, par exemple. Je sais ce que peut être une relation très proche avec un parent qui n‘est pas direct. Si je m’en suis un peu nourrie, c’est plus inconsciemment. Je peux aussi partir très vite comme ça, je peux blesser quelqu’un en parlant, filer un coup sans faire exprès, je peux parler très vite comme peut le faire Charlie. Est-ce que j’ai des troubles de l’humeur ? (Sourire) Peut-être. Non, en fait, dites que c’est un rôle de composition et que j’ai beaucoup bossé (rires).
Avez-vous cherché des références pour l’interpréter ?
Je ne me cale jamais sur des choses. Cela fait un peu paresseuse mais je suis une actrice d’instinct et vraiment spontanée (sourire). Non, je ne fais jamais ce genre de travail. Sauf si je dois un jour incarner un personnage historique, là, je devrais vraiment travailler comme une bonne petite élève. Mais non, tout me vient sur le plateau. C’est au feeling.
Avez-vous relu du Conan Doyle ou vu ce qui avait été fait auparavant ?
J’ai vu des choses avant parce que je connais Sherlock Holmes comme tout le monde. Après je l’ai étudié au lycée, ça m’a gonflée. Donc, j’ai quand même fait un petit rejet. Mais j’adore le personnage de Sherlock, sa capacité fulgurante de résoudre des enquêtes. Je me suis calée là-dessus mais c’est vraiment une création. Donc pour moi, c’était libre cours. A aucun moment je me suis dit : « Il faut que je me replonge dans le personnage de Sherlock. » Non pas du tout. Charlie Holmes est Charlie Holmes. Elle a du sang Holmes, elle récupère les capacités génétiques ou héréditaires de son grand-père mais c’est Charlie Holmes. C’est une identité à part entière. Et puis, elle découvre au fur et à mesure d’où elle vient car elle n’a pas du tout été élevée à la Holmes. Elle a vécu dans une bulle, elle est vraiment madame tout le monde. Mais des trucs lui tombent dessus, des trucs héréditaires reviennent en bombe quand elle arrête son traitement. Mais ce n’est pas Sherlock Holmes, ce n’est pas James Watson. On parle vraiment de descendance. J’espère que le public ne va pas tomber dans le piège et s’attendre à certaines choses. Il faut vraiment que ce soit très clair dès le départ.
Quelle relation a Charlie avec Samy Vatel, son « Docteur Watson » ?
Elle ne sait pas. Comme elle mélange tout après avoir arrêté son traitement, elle ne sait pas si c’est de l’amour, de l’amitié, une attirance sexuelle. Un sentiment très fort naît entre eux et de la confiance se met en place.
Qu’en est-il de la relation entre Charlie et son grand-père, George ?
Il l’a élevée dans une maison un peu poussière où elle joue du violon, où il y a des cours de musique et de danse irlandaise ou celte. Il lui a tout caché au sujet de Sherlock Holmes. C’est comme on dit on dit : « Il faut tuer le père », ici, il faut tuer le grand-père. Je vais passer par 20 mille émotions au sujet de mon grand-père. Il est ma seule famille et en même temps, il n’y a pas grand-chose. Une confiance va se rompre à un moment donné et il va falloir la restaurer. Il va y avoir de la colère. Mais qui est cet homme qui l’a élevé depuis toute petite, qui est-il finalement ? C’est très compliqué pour elle.
C’est une série, comment appréhendez-vous l’idée qu’elle s’inscrive dans la durée ?
Je suis déjà partie pour cinq ou six saisons, voire plus. Je me dis que c’est intarissable. C’est le genre de séries où il y a tellement de choses qui fluctuent. C’est du pain béni pour jouer plein de choses. Je suis déjà dans l’optique qu’elle va continuer. Je prends cette série à bras le corps et je suis complètement prête et, j’espère, bien armée pour qu’il y ait une suite.
Quitte à devoir renoncer à d’autres projets ?
Evidemment. Voilà, le pavé est lancé (rires).
Crédit photos : © Caroline Dubois / Rebecca Vaughan / Marysol / Newen / TF1 / Capa Drama
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