L’univers cinématographique Marvel s’enrichit d’une nouvelle série de super-héros, “Moon Knight”, qui explore autant la mythologie égyptienne que les maladies mentales. Le personnage principal souffre d’un trouble dissociatif de l’identité. Tantôt le mercenaire Marc Spector, tantôt l’employé ordinaire d’une boutique de souvenirs Steven Grant, Moon Knight reste manipulé par un impitoyable dieu égyptien. Oscar Isaac, qui incarne doublement Marc et Steven, affirme que c’est “la première étude de personnage Marvel légitime depuis Iron Man. Les six épisodes captivants de “Moon Knight”, où se mêlent action, humour et émotion, sont disponibles sur Disney+ à partir de ce 30 mars.

L’histoire

Steven Grant, employé discret de la boutique de souvenirs d’un musée, est victime de black out et de pertes de mémoire. Hanté par des visions d’une autre vie, il découvre qu’il souffre d’un trouble dissociatif de l’identité. Il partage le même corps qu’un mercenaire d’élite, Marc Spector. Ce dernier est aussi l’avatar sur Terre de Khonshu, le dieu égyptien de la lune et de la vengeance, et son bras armé quasi invincible quand il devient le justicier Moon Knight. Cependant, ses actions peuvent s’avérer tout aussi héroïques que diaboliques en fonction des desiderata de son maître. Steven et Marc, que tout oppose, vont devoir trouver une entente et un équilibre avec leur double identité alors que les puissantes divinités d’Égypte se livrent une guerre sans merci.

La genèse

Jeremy Slater, le scénariste en chef de “Moon Knight”, et son équipe se sont inspirés du personnage de Moon Knight, apparu dans le n° 32 du comics Marvel Werewolf by Night en 1975. Ils ont ajouté l’action et le mystère, synonymes de l’univers cinématographique Marvel (MCU). “Il y a eu tellement de versions de Moon Knight au fil des ans, toutes radicalement différentes les unes des autres, que nos auteurs n’avaient que l’embarras du choix,” explique-t-il. “Comme il n’y en a jamais vraiment eu une qui primait sur les autres, nous avons pu prendre ce qui nous plaisait dans chacune. Nous nous sommes concentrés sur les éléments qui rendent Moon Knight si singulier, comme ses origines égyptiennes et ses luttes contre le trouble dissociatif de l’identité.”

Les scénaristes ont mené leurs recherches dans chacun des comics dans lesquels Moon Knight apparaît. Ils les ont complétées grâce à de nombreux ouvrages de référence sur la culture de l’Égypte antique et les divinités égyptiennes. Ils ont également rencontré des spécialistes, dont deux égyptologues  et un archéologue égyptien, chargés de conseiller la production afin d’éviter les anachronismes. Enfin, ils se sont inspirés de grands films d’aventure comme Les Aventuriers de l’arche perdue. Leur but était d’élaborer une intrigue aux multiples rebondissements et un monde secret, peuplé de divinités et empreint de magie.

Le trouble dissociatif de l’identité

Oscar Isaac

“Moon Knight” explore, avec beaucoup de finesse, de franchise et de réalisme, les thématiques de la santé mentale. Dans la lignée des comics, l’équipe de la série a fait appel au psychiatre Paul Puri, professeur clinicien adjoint et ex-directeur du service clinique de psychiatrie de l’université de Californie. Il a validé les aspects du trouble dissociatif de l’identité afin d’aider les acteurs et les cinéastes à mieux cerner cette pathologie, souvent liée à un traumatisme dans l’enfance, et ses symptômes qui se manifestent à l’âge adulte.

Dans les comics, Moon Knight a toujours su qu’il avait des troubles mentaux. C’est à la fois son ambiguïté et sa force. Il refuse de se laisser définir par sa maladie. Il ne tient pas non plus compte de l’étiquette que la société colle sur ce mal. A l’instar de Steven Grant, les spectateurs en savent très peu sur ce qui traumatise le personnage. Ils se retrouvent plongés dans une aventure qui semble sortir tout droit de son esprit malade. Comme lui, ils ont du mal à faire la part de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas.

Un double rôle pour Oscar Isaac

La première fois qu’Oscar Isaac a joué un personnage de l’univers Marvel, c’était dans X-Men : Apocalypse, en incarnant le méchant Apocalypse. Vu le résultat, il est compréhensible que l’acteur ait hésité avant d’accepter l’aventure “Moon Knight”. Savoir qu’il allait incarner deux personnages très différents dans un même corps l’a cependant convaincu. Pour lui, survivre à un abus ou un traumatisme, puis l’accepter au lieu de le refouler, est en soi un super-pouvoir.

Oscar Isaac

Les deux personnalités issues du trouble dissociatif de l’identité ont été différenciées dans le scénario par leurs attitudes. Oscar Isaac a également donné des accents différents aux deux protagonistes : anglais pour Steven et américain pour Marc. “Steven est tout à fait sincère et il dit les choses telles qu’elles lui viennent,” explique le comédien. “C’est souvent très drôle mais pas pour lui, parce qu’il ne sait pas qu’il est drôle. Il est très maladroit en société et n’a pas l’aisance de son alter-ego, Marc. C’est un non-violent qui ne mange pas de viande et qui se soucie des gens. Introverti, il a pourtant envie de s’intégrer.” Marc Spector est tout son contraire. C’est un mercenaire avec toute la brutalité qui l’accompagne et l’avatar terrestre du redoutable dieu Khonshu. Il repousse tout le monde, et en particulier sa femme Layla. Dans son esprit, c’est pour la protéger.

Quand les trajectoires de Marc Spector et de Steven Grant se rejoignent, Steven découvre avec horreur qu’il est lui aussi devenu le jouet de Khonshu. Lorsque Marc invoque son costume de super-héros, il devient Moon Knight, un guerrier accompli. Lorsque Steven invoque son costume de super-héros, il devient M. Knight, un érudit aux connaissances approfondies en matière d’Égypte antique qui se sert de son intelligence afin de trouver des solutions et résoudre les conflits.

Une relation toxique avec Khonshu

Khonshu est le dieu égyptien de la lune et celui, autoproclamé, de la vengeance. Depuis des siècles, il lutte en solitaire contre les injustices qu’il perçoit. Cependant, ses actions ont fait de lui un paria parmi les autres divinités. Par conséquent, il a plus que jamais besoin de son avatar terrestre, Marc Spector, pour faire régner sa conception de la justice divine.

Tout ce qu’exige Khonshu est extrêmement brutal pour Marc Spector. Mais le dieu lui a sauvé la vie. Ils ont donc une relation aussi conflictuelle que toxique. Les pouvoirs que Khonshu a conférés à Marc ont ainsi un prix exorbitant à payer.

Khonshu est un personnage en images de synthèse, auquel le comédien F. Murray Abraham prête sa voix. L’acteur égypto-américain Karim El-Hakim a incarné physiquement la divinité sur le tournage.

Ethan Hawke

Un méchant avec de bonnes intentions

Face à Marc et Steven, Ethan Hawke incarne l’infâme et philosophe Arthur Harrow pour qui la vengeance appelle la vengeance. C’est un chef de secte qui cherche à guérir et purifier le monde en canalisant le pouvoir de la déesse égyptienne Ammit. Quitte à tuer beaucoup de gens afin d’atteindre son but.

Pour jouer ce rôle, le comédien s’est dit qu’il ne devait pas voir Arthur Harrow comme un méchant. “Il faut oublier qu’on joue un méchant et adopter son point de vue. A l’origine, ces dirigeants mégalomanes qui ont usé du culte de la personnalité dans l’histoire de l’humanité étaient très souvent des idéalistes qui ont fini par perdre leurs illusions ou par se compromettre. La plupart des gens qui commettent des atrocités ne se réveillent pas le matin en se disant : ‘Le méchant, c’est moi.’ Ils ont leurs raisons mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. En tant qu’acteur, je devais comprendre mon personnage et rendre ses motivations aussi rationnelles, sensées et convaincantes que possible.”

May Calamawy

L’élément féminin

May Calamawy incarne Layla El-Faouly, un personnage féminin dans ce monde typiquement masculin. Cette archéologue est l’épouse de Marc Spector et se retrouve mêlée à sa vie trouble et dangereuse. “On fait la connaissance de Layla à un moment où Marc a disparu depuis des mois,” remarque l’actrice. “Quand elle le retrouve, elle découvre en lui une autre personne, Steven. Elle sait que Marc est l’avatar de Khonshu, mais elle entrevoit d’autres facettes de lui, en même temps que les spectateurs.”

Les costumes iconiques de Moon Knight et de M. Knight

La cuirasse de Moon Knight est immédiatement reconnaissable par ses ennemis. Le nom de Khonshu y est en effet écrit en hiéroglyphes, avec un croissant de lune au centre. Des hiéroglyphes le long des cuisses rappellent le serment de Khonshu – “Rise and Live Again as My Fist of Vengeance” (Lève-toi et vis à nouveau en tant que poing de ma vengeance). Le personnage porte des genouillères intégrées et des bottes peintes à la main. Ses écussons détachables lui servent d’armes. Ils sont en caoutchouc pour faciliter leur manipulation. Les bandages qui entourent son masque rappellent ceux de la cuirasse. Une capuche en forme de bec recouvre le tout. Sa cape est doublée d’un tissu couvert de hiéroglyphes.

M. Knight porte un costume trois pièces taillé sur mesure, comme dans le comics. Des références à Khonshu ornent les revers de la veste et du gilet, la cravate, et les boutons. Afin de moderniser cette tenue, la costumière Meghan Kasperlik a ajouté une paire de baskets dont les sangles rappellent l’Égypte et les momies. M. Knight porte également des gants blancs, et un masque sur mesure avec une coquille interne qui habille la mâchoire.

Les accessoires de Moon Knight incluent deux modèles de lame circulaire. La grande, arrimée à sa cuirasse, sert pour le combat rapproché. Une plus petite est accrochée au poignet. Les deux héros portent aussi de grandes matraques en forme de crosse de pharaon qui peuvent servir de grappin. Elles sont dissimulées sous la cape de Moon Knight et dans le dos de la veste de M. Knight.

Des cascades typiques du MCU

Même si les cascades de “Moon Knight” ne répondent pas à un style précis, elles sont déterminées par le parcours et l’identité du personnage, dans la ligne droite du MCU.

Pour celles de Marc Spector, un mercenaire qui a suivi une formation en arts martiaux, le coordinateur des cascades Olivier Schneider s’est inspiré des comics. Les compétences de Marc ont influé sur le style et les techniques de cascades, et Olivier Schneider les a adaptées à l’univers de la série.

A l’inverse, en situation de combat, Steven Grant s’avère un type ordinaire. Très cérébral, il passe plus de temps à lire qu’à fréquenter les salles de sport. L’équipe cascades a donc choisi de faire quelque chose de complètement différent avec lui. Cela dit, il est compliqué de chorégraphier les cascades de quelqu’un qui ne sait pas se battre. Mais même si Steven n’est pas bagarreur, son instinct de survie le pousse à se protéger. Oscar Isaac voulait également injecter une touche d’humour dans les combats, avec des mouvements maladroits… qui peuvent même sauver la vie du personnage.

L’une des scènes d’action les plus complexes se déroule au manoir du riche collectionneur Anton Mogart, interprété par le regretté Gaspard Ulliel. Quinze cavaliers jettent leurs lances sur Moon Knight pendant que Layla se bat contre le garde du corps de Mogart. Les deux combats simultanés comprennent des cascades en suspension, des chevaux et des effets visuels.

Des décors réalistes

La chef décoratrice Stefania Cella tenait à ce que les décors reflètent ceux de l’Égypte antique. Elle a donc collaboré avec des égyptologues et un directeur artistique égyptien afin de s’assurer que ses créations soient historiquement correctes.

L’équipe technique a construit des décors en taille réelle dans les studios Origo à Budapest, en Hongrie. Ils disposent d’une dizaine de plateaux, d’une surface totale de 18 000 m2, et de quatre hectares de plateaux extérieurs. Ils emploient aussi des spécialistes des statues antiques, de la poterie et des hiéroglyphes. Pendant trois mois, des sculpteurs italiens ont créé les statues des divinités égyptiennes qui se dressent dans la Chambre des dieux. La Chambre elle-même a été construite sur un immense plateau de 4 375 m2. Aussi haute qu’un immeuble de trois étages, elle est ornée de hiéroglyphes dorés.

Pour les scènes dans le musée où travaille Steven, tournées dans le Musée d’art hongrois, l’équipe a créé de toutes pièces une grande exposition sur l’Égypte. Sa préparation et sa construction ont pris des mois. La salle a été remplie de colonnes construites artisanalement, de pièces provenant de collections et même d’une boutique de souvenirs.

Oscar Isaac et Ethan Hawke

De Londres au Caire

La production de “Moon Knight” voulait que les spectateurs aient l’impression que la série a été tournée dans les décors réels. Alors que tout n’est que reconstitution et illusion.

Pour les rues du Caire, la minutie va jusqu’aux plaques d’immatriculation, aux T-shirts en caractères arabes, aux tuk-tuks, aux stands d’alimentation, aux fruits en vente sur le marché, aux journaux égyptiens qui traînent par terre…

Pour Londres, l’architecture néo-classique très répandue à Budapest a fait l’affaire. La production a identifié des rues avec des bâtiments adéquats et ajouté des véhicules – qui roulaient à gauche -, des panneaux de signalisation, un bus à deux étages rouge, de nombreux taxis… De même, les scènes du quartier de Brixton ont été tournées sur un marché de Budapest, en changeant les panneaux. L’équipe a également trouvé une rue incurvée semblable à celle dans Brixton, et redécoré un restaurant comme à Soho.

Crédit photos : Marvel Studios / Disney+