En apparence, Jamie Lee Curtis interprète des demoiselles en détresse. Dans les faits, elle se bat bec et ongles, jusqu’à parfois sortir la grosse artillerie, et se débrouille très bien sans chevalier blanc. Fille des célèbres acteurs Tony Curtis et Janet Leigh, elle a su se faire un prénom et même un surnom, Scream Queen, après avoir enchaîné les films d’horreur comme Halloween, The Fog, Le bal de l’horreur ou Le monstre du train dans les années 80. Elle pourrait aussi être baptisé la Queen of Comedy tant elle excelle également dans ce genre. A l’occasion de la sortie du nouvel Halloween, ce 24 octobre, voici quelques-uns de ses meilleurs personnages, dans l’ordre de leur apparition.
Laurie Strode dans Halloween – La nuit des masques (de 1978 à 2018)
Le rôle qui l’a rendue célèbre et mise sur la scène cinématographique. Jamie Lee Curtis était une cheerleader au lycée et elle ne remerciera jamais assez le réalisateur John Carpenter de l’avoir choisie pour interpréter une jeune femme intello et douée de pensées et non la bimbo de service. Elle a alors réalisé qu’elle était une vraie actrice et non un simple corps. Ainsi, la babysitter Laurie Strode n’est pas que de la viande à dépecer par le slasher Michael Myers mais un personnage à part entière, se démarquant des habituelles victimes des films d’horreur. Elle tiendra tête à son bourreau par sa résilience et son désir de vengeance, encore et encore.
Ophélia dans Un fauteuil pour deux (1983)
Le réalisateur John Landis a affronté les grandes réticences des studios pour imposer Jamie Lee Curtis qu’ils ne voyaient que comme une actrice de films de série B. Il savait cependant faire le bon choix et la comédienne ne l’a pas déçu. De son côté, Jamie Lee Curtis connaissait la valeur d’un tel rôle, acceptant même ne n’être payée que 70 000$ alors qu’elle avait reçu un cachet d’1 M$ pour Halloween II (1981). Pour sa première incursion dans la comédie, Jamie Lee Curtis a su montrer ses talents de comique au point que son interprétation de prostituée au cœur d’or lui a valu le BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle. Et accessoirement, lui a permis de grandement effilocher le cordon avec son image de Scream Queen.
Wanda Gershwitz dans Un poisson nommé Wanda (1988)
John Cleese a écrit ce rôle d’escroqueuse de diamants pour elle. Pour la première fois, Jamie Lee Curtis découvrait l’écriture collaborative, chacun dans l’équipe ayant le droit de donner son avis et de proposer des idées de dialogues ou de scènes. L’actrice ne s’est pas fait prier. Tandis que John Cleese lui parlait d’une séquence où elle serait surprise toute nue, Jamie Lee Curtis a carrément refusé de la jouer, affirmant que les spectateurs ne verraient alors plus que son corps et seraient trop distraits pour rire ou regarder le film. Elle a suggéré qu’à la place, John Cleese écrive une séquence où ce serait lui qui serait surpris tout nu. Pour le résultat hilarant qu’on connaît.
Hannah Miller dans Anything But Love (1989-92)
Jamie Lee Curtis continue dans le genre de la comédie avec cette sitcom sur deux amis attirés l’un par l’autre mais qui ont peur de gâcher leur amitié s’ils deviennent amants. L’actrice estime que c’est le côté romantique et non la tension sexuelle entre les deux personnages qui a permis le succès de la série. Si Jamie Lee Curtis a gagné ses galons de comédiennes avec ses projets précédents, c’est Anything But Love qui l’a fait connaître de tous les foyers américains, aidée en cela par son Golden Globes de la meilleure actrice dans une série comique reçu pour la saison 1. Par ailleurs, la comédienne a choisi cette série plutôt qu’un film pour la stabilité qu’elle lui donnerait dans sa vie de famille. Elle venait d’adopter une petite fille et avait culpabilisé de ne pas être plus présente pour elle pendant le tournage en Angleterre d’Un poisson nommé Wanda.
Megan Turner dans Blue Steel (1990)
Une femme flic – personnage pour une fois réaliste – affronte un psychopathe obsédé par elle – histoire toujours aussi peu réaliste. Megan Turner n’accepte jamais son statut de victime, tout en montrant une extrême vulnérabilité, et utilise toutes ses ressources physiques et surtout intellectuelles pour se montrer plus maline que le tueur, pour le manipuler à son tour et mieux le neutraliser. Le film – réalisée par une femme, Kathryn Bigelow, ceci explique peut-être cela -se concentre ainsi plus sur le personnage que la plastique de Jamie Lee Curtis, réduisant même au minimum son côté sexy. Blue Steel prévoyait cependant une scène où l’actrice participait à une fusillade dans le plus simple appareil. Là encore, Jamie Lee Curtis, toujours contre la nudité gratuite à l’écran, a convaincu la réalisatrice que les spectateurs seraient trop distraits par ses seins pour s’intéresser à l’histoire. L’actrice avoue que dans sa carrière, elle a refusé la moitié des scénarios qu’on lui a proposés à cause de scènes de nu et qu’elle a réussi à faire modifier le script de beaucoup d’autres. Elle a reçu une Mention spéciale pour sa performance dans Blue Steel au Festival du film policier de Cognac.
Helen Tasker dans True Lies (1994)
James Cameron a écrit pour elle ce rôle de secrétaire juridique qui devient une James Bond par accident. Jamie Lee Curtis a adoré ce personnage pour son arc narratif bien dessiné lui permettant de jouer une multitude de nuances, de la ménagère désespérée à l’espionne parfaite en passant par la femme fatale maladroite et ce avec un excellent sens comique. Ce rôle lui a d’ailleurs valu le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie. La comédienne a confirmé son – autre – surnom, The Body, avec sa scène de striptease et de danse – une des plus sexy de l’histoire du cinéma. Elle était cependant contente que son personnage soit nerveux dans cette séquence car c’était exactement son état d’esprit au moment du tournage. True Lies lui a aussi permis de faire preuve de ses talents de cascadeuse car elle a refusé d’être doublée dans la scène où elle est suspendue sous un hélicoptère.
Tess Coleman dans Freaky Friday (2003)
Dans les années 1990 et 2000, Jamie Lee Curtis ne s’autorise que des projets qui ne perturbent pas sa vie de famille. C’est le cas de Freaky Friday, rôle qu’elle accepte au dernier moment, remplaçant au pied levé Annette Bening. Au final, elle estime que ce personnage de mère et de psychiatre coincée qui échange son corps avec sa fille de 16 ans, impertinente et délurée juste ce qu’il faut, l’a aidée à mieux comprendre sa propre fille, adolescente à l’époque. Elle se trouve aussi désormais moins prompte à critiquer et à juger les autres. Ou en tout cas, elle essaye de moins l’être. En jouant cette ado, elle a aussi montré qu’elle est, au fond, encore une vraie gosse et qu’elle a de l’énergie à revendre. Elle avoue que si sa carte d’identité prouve qu’elle est adulte, elle est en fait totalement immature, ajoutant cependant qu’elle croit fermement que, dans la vie, il faut agir en fonction de son âge.
Cathy Munsch dans Scream Queens (2015-16)
Ryan Murphy a écrit pour elle ce rôle de doyenne de l’université, de féministe moderne qui n’a pas peur de sa sexualité et, littéralement, de reine suprême des Scream Queens. Il a précisé que ce personnage est un hommage au statut iconique de Jamie Lee Curtis, une femme sexy mais surtout une héroïne qui n’est jamais le faire-valoir d’un homme. Si l’actrice avait refusé de jouer dans sa série, il avoue qu’il ne l’aurait jamais menée jusqu’au bout. De son côté, Jamie Lee Curtis ne tarit pas d’éloges sur la qualité de l’écriture des épisodes, de la vision de Ryan Murphy si juste et précise de l’humanité d’aujourd’hui à son commentaire caustique sur la société américaine actuelle en passant par les longs monologues sur l’autodestruction qu’il lui a attribués. Par ce rôle, elle veut aussi remercier les fans du genre pour leur soutien indéfectible depuis qu’elle a commencé dans le métier à 19 ans. Dans cette série, Jamie Lee Curtis a également dérogé à sa règle de ne jamais rien faire qui soit en relation avec ses parents Tony Curtis et Janet Leigh. Elle a en effet accepté de jouer dans une recréation plan par plan de la célèbre scène de la douche de Psychose, interprétée par sa mère en 1960. Selon elle, l’écriture de cet épisode – le 108, intitulé Mommie Dearest / Telle mère, telle fille – n’en fait pas un hommage gratuit et que c’était, finalement, le bon moment alors que ses deux parents sont décédés et qu’elle n’est plus dans leur ombre.