Le réalisateur Francis Lawrence est de retour derrière la caméra d’un Hunger Games. Cette fois, il met en scène la préquelle tant attendue qui raconte la jeunesse de Coriolanus Snow, le grand méchant des aventures précédentes. Toujours adapté d’un roman signé par Suzanne Collins, La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur dévoile une histoire qui se déroule près de 65 ans avant le tout premier opus, dans un univers familier et pourtant inédit. Le film sort en salles ce 15 novembre.
Qui est Francis Lawrence ?
Après une carrière prolifique de réalisateur de clips musicaux, Francis Lawrence s’est lancé dans le long-métrage de fiction avec Constantine (2005). Depuis, il a notamment commis pour le grand écran Je suis une légende (2007), De l’eau pour les éléphants (2011), Red Sparrow (2018) ou encore La Petite Nemo et le monde des rêves (2022). Il est surtout le metteur en scène de trois des quatre Hunger Games : L’Embrasement (2013), Hunger Games : La Révolte – Partie 1 (2014) et Hunger Games : La Révolte – Partie 2 (2015). Pour lui, La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur est donc presque un retour à la maison.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir à la série ?
Je pense que c’est le livre. Quand j’ai terminé les derniers films, Hunger Games : La Révolte – Parties 1 et 2, en 2015, je pensais que j’en avais fini avec la saga. Mais vers la fin 2019, Suzanne Collins m’a appelé et m’a dit qu’elle achevait son nouveau livre, ce qui a été une surprise. Quand je l’ai lu, je suis immédiatement tombé amoureux de l’histoire et j’ai voulu travailler à nouveau avec Suzanne. Après avoir réalisé d’autres films, l’idée de retourner dans l’univers de Hunger Games était vraiment excitante.
Comment fonctionne votre collaboration avec Suzanne ?
Quand elle et moi nous sommes rencontrés pour la première fois, c’était au début de 2012, pour Hunger Games : L’Embrasement. Je suis allé à New York et nous avons passé en revue le livre ensemble et créé une sorte de trame de ce que nous pensions que le film allait être. Nous avons vraiment apprécié ce processus et aimé le faire ensemble. Nous avons continué à fonctionner comme ça pour les deux parties de Hunger Games : La Révolte pendant que nous tournions L’Embrasement. Puis, toutes ces années plus tard, au début de 2020 je crois, juste avant la pandémie, Suzanne et moi sommes retournés à New York et avons passé une semaine dans une salle de conférence à passer en revue tout le livre et à créer la trame de ce que nous pensions que le film allait être. Nous l’avons ensuite remise aux scénaristes.
Vous a-t-elle expliqué pourquoi elle a choisi d’écrire une préquelle sur Coriolanus Snow ? Parce qu’elle aurait pu choisir un autre personnage ou écrire une suite.
Oui mais c’est assez évident par rapport au livre. Suzanne a tendance à écrire à partir d’idées thématiques. Pour la première série de livres, il s’agissait essentiellement des conséquences de la guerre. Cette fois-ci, à partir de 2016 environ, elle a vu émerger cette polarisation non seulement aux Etats-Unis, mais aussi à l’échelle de la planète et plus particulièrement sur le plan politique. Elle a décidé qu’elle voulait écrire une histoire sur le débat quant à l’état de la nature. Sur l’idée de savoir si, en tant qu’êtres humains, nous sommes des sauvages par nature ou si nous méritons d’avoir des droits et des libertés. Et elle a pensé que la meilleure façon de raconter cette histoire autour de ces idées était de remonter en arrière, juste après la guerre qui a créé les Hunger Games, et de revenir aux origines des Hunger Games et aux origines de Snow. Qui, comme nous le savons, en tant qu’adulte, croit fermement en l’une de ces philosophies. Et donc, elle pensait que ce serait vraiment intéressant de plonger dans l’histoire de ses origines pour raconter ces thématiques.
Hunger Games ou les origines du mal
Pensez-vous que Snow soit un produit de l’acquis ou de l’inné ?
Je pense qu’il est le résultat des deux. Une partie de l’histoire suit un jeune homme qui n’est pas encore pleinement réalisé, surtout philosophiquement. Il est tiré dans différentes directions par les personnes qui l’entourent, par les gens avec lesquels il entretient des relations, par les personnes qui l’aiment et qui l’éduquent, et par les personnes qui le forment. Et il finit par devenir l’homme que nous connaissons des films précédents.
L’enfance de Snow a été difficile, notamment à cause de la guerre. Comme les autres enfants, il a vécu des traumatismes, des décès et des privations. Pourtant, Sejanus, Tigris ou encore Lucy Gray ne deviennent pas comme lui, bien au contraire.
Oui, exactement. Beaucoup de ces personnages comme Sejanus, Tigris et Lucy Gray deviennent des personnages qui essaient toujours de pousser Snow vers une vision plus optimiste. Nous découvrons d’ailleurs une vision romantique de ces personnes. Nous sommes des individus dignes de libertés et de droits. Tout ce dont nous avons vraiment besoin, c’est de la nature, de l’amour et de l’art pour nous épanouir en tant qu’êtres humains. Cependant, il y a des gens dans le monde qui enseignent à Snow que peu importe à quel point nous sommes civilisés, au fond de nous, nous sommes tous des sauvages et donc nous devons être gouvernés d’une main de fer. Snow est tiraillé entre toutes ces idées.
À quel point l’histoire d’amour que Snow vit avec Lucy Gray est-elle importante dans sa formation ou son éducation ?
Elle est très importante. Tout comme l’amour est importante dans les premiers films. De nombreuses relations romantiques naissent des traumatismes. La relation entre Katniss et Peeta naît de leur lien à travers les Jeux et le traumatisme qu’ils ont partagé. Dans Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, c’est un peu la même chose. Snow et Lucy Gray sont connectés par un besoin similaire. Elle a besoin de lui pour survivre et il a besoin d’elle pour gagner. C’est aussi basique que cela. Ils commencent une relation dans leur intérêt mutuel. Je pense aussi que Snow n’a encore jamais rencontré quelqu’un comme Lucy Gray. Elle a un côté mystérieux et un peu versatile, et je ne pense pas qu’il ne puisse jamais vraiment la comprendre. Leur romance est assez captivante. C’est également en partie ce qui alimente l’histoire. Et aussi, à la fin, ce qui fait de Snow l’homme qu’il va devenir.
On sent que Snow est plus faible et plus vulnérable quand il est avec Lucy Gray, quand il est amoureux. On réalise qu’il n’aime pas ça car alors il n’a plus le contrôle.
Exactement. Cela en fait partie, le fait qu’il soit vulnérable avec elle. Il a été habitué, dès son plus jeune âge, à ne pas se montrer trop vulnérable et à aimer le contrôle. Finalement, il ne s’autorisera plus jamais à être vulnérable.
De l’empathie, le temps qu’il faut
Dans le livre, nous connaissons ses pensées intimes. Comment avez-vous traduit cela dans le film ?
C’était toujours le défi avec ces films car une grande partie des trois premiers livres se déroule dans la tête de Katniss. C’est la même chose ici, où nous sommes dans la tête de Snow. Nous avons essayé de dramatiser et de visualiser certaines des choses qu’il ressent, certaines de ses préoccupations, comme ses inquiétudes pour l’école, pour le doyen de l’école, pour sa capacité à nourrir sa famille. Ou encore l’idée qu’il fait semblant. Ainsi, il prétend à l’école qu’il appartient toujours à la même classe sociale que ses pairs, qu’il possède toujours le même statut et qu’il a toujours autant d’argent. Nous avons dû dramatiser et visualiser tout cela.
Comment avez-vous fait pour que Snow soit sympathique ?
C’était l’un des grands défis qui m’a vraiment enthousiasmé. Comment présenter ce personnage alors que le public et les fans des livres et des films savent comment il va finir, qui il sera et ce qu’il fera ? Comment amener les spectateurs à le soutenir, à éprouver de l’empathie pour lui le plus longtemps possible ? C’était un défi amusant. Je pense que nous y sommes parvenus, et ce de manière à ce que sa transformation en ce Snow que nous connaissons soit organique, authentique, honnête et crédible. Vous rencontrez ce jeune homme avant qu’il ne soit pleinement mature et vous comprenez ses besoins, ses désirs et ses peurs. Certaines personnes peuvent vraiment s’identifier à lui et le soutenir. Puis vous voyez que tout commence à se fissurer. Et je pense que c’est en fait assez satisfaisant de le voir se tourner vers le côté obscur.
Avez-vous eu l’impression de raconter la jeunesse du Dark Vador de Hunger Games ?
(Sourire) Je suppose. Je me souviens quand j’ai fait Hunger Games : L’Embrasement, beaucoup de gens le comparaient d’une certaine manière à L’Empire contre-attaque. Snow était le véritable antagoniste des premiers films, donc, raconter les origines de ce personnage est assez similaire.
Est-ce plus amusant de raconter l’histoire d’un méchant que celle d’un héros ?
C’était amusant. J’aime vraiment les histoires relatant les origines des méchants ou des antagonistes. J’aime vraiment regarder ce genre d’histoires, que ce soit Joker ou Breaking Bad. Je savais donc que ce film allait être amusant. Chaque projet comporte ses défis et l’un des principaux défis de Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, du moins l’un de ceux sur lesquels nous nous sommes concentrés, était de nous assurer que nous pouvions nous identifier au personnage, que nous pouvions obtenir le soutien du public en faveur de ce personnage et que nous pouvions aimer le personnage.
Le voyage avant la destination
Est-ce aussi un défi de raconter l’histoire d’un personnage dont nous connaissons le destin ? Nous savons qu’il va devenir un méchant.
Bien sûr, c’est une chose à laquelle on pense et qui nous a un peu préoccupés. Cependant, à moins d’avoir vraiment une fin surprise ou un retournement de situation incroyable ou quelque chose de cette teneur, les gens devinent souvent quelle sera l’issue de n’importe quelle histoire donnée. Donc une partie du plaisir d’un film, je dirais même 99% du plaisir, c’est de découvrir comment on arrive à cette fin-là, de découvrir les pièces du puzzle qui nous permettent d’y parvenir. Je pense qu’en général, le public qui connaît ce genre d’histoires sait en gros où le personnage va finir. Mais ce qui est surprenant et amusant, c’est de voir tout ce qu’il se passe jusque-là.
Comment choisissez-vous un acteur pour un personnage évoluant dans une préquelle ? Vous en tenez-vous simplement au script ? Ou devez-vous réfléchir à ce que le personnage va devenir ? Choisissez-vous l’acteur en fonction aussi de sa ressemblance physique avec celui qui l’a joué avant lui ?
Il y a un peu de tout ça. Idéalement, vous voulez quelqu’un qui possède une petite ressemblance. Dans le cas de Snow, on se dit que ce serait bien si l’acteur avait de grands yeux bleus, pour correspondre un peu à Donald Sutherland. Vous voulez vous dire qu’on peut voir comment ce jeune homme devient Donald Sutherland une fois plus âgé. Mais la vérité est que vous voulez simplement un acteur qui possède le métier et les compétences pour jouer un rôle comme celui-ci et toutes les facettes qui vont avec. Et nous avons vraiment trouvé tout cela en Tom Blyth. C’est un acteur formé à Julliard. Il est très sérieux dans son travail, il fait preuve d’un grand contrôle, il est intelligent et sophistiqué. Ce qui aide à l’imaginer en quelqu’un comme Donald Sutherland. Vous avez vraiment l’impression de voir un véritable penseur qui a du poids et de la sophistication. Vous avez aussi besoin d’un acteur qui puisse être attachant mais qui puisse aussi devenir sombre et montrer l’homme qu’il va devenir, le personnage que nous connaissons. Ainsi, il y a beaucoup de choses dont nous avions besoin lorsque nous avons choisi Tom, et nous les avons toutes trouvées en lui.
Une anti-Katniss
Parlons de Lucy Gray. Comment la décririez-vous ?
Lucy Gray possède de nombreuses similitudes avec Katniss, tout en étant l’opposée de Katniss à certains égards. Elles sont toutes deux intelligentes et tous deux des survivantes, cependant elles affichent des compétences différentes. Lucy Gray est une artiste et une chanteuse, elle est charismatique, extravertie, et ce sont des choses que Katniss n’est pas. Je pense qu’elle est abîmée, qu’elle est assez changeante et qu’elle est experte dans la manipulation. Et parfois, c’est une bonne chose, si vous vous produisez devant une foule et que vous la manipulez de manière divertissante. Toutefois, elle manipule aussi les gens pour obtenir ce dont elle a besoin. C’est donc un personnage complexe avec de nombreuses facettes, et c’était l’un des défis lorsque nous avons fait le casting. Nous avons constaté que Rachel Zegler était vraiment excellente pour gérer toutes ces facettes de Lucy Gray.
Dans le livre, on ne peut pas vraiment dire que Lucy Gray souffre d’un stress post-traumatique après les Jeux.
Oui. C’est plus le cas dans le film. Elle a certainement des regrets, je dirais, mais je ne veux pas spoiler pourquoi. C’est un stress post-traumatique différent de celui de Katniss au début de L’Embrasement et en sortant de L’Embrasement et en entrant dans La Révolte. Lucy Gray et Katniss sont simplement des personnes très différentes faisant face à des choses très différentes.
Avez-vous choisi Rachel parce qu’elle est aussi chanteuse ?
Bien sûr. En partie, car il y a des chansons dans La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur. Nous avions besoin de quelqu’un qui puisse chanter et spécifiquement quelqu’un qui comprenne le genre de musique que nous avons dans le film et le ton de la musique. Rachel, bien qu’elle soit assez jeune, est une chanteuse très, très accomplie. Elle possède réellement une voix incroyable et une oreille incroyable. C’était donc vraiment important. Toutefois, nous l’avons également choisie parce qu’elle savait comment gérer ces différentes facettes de Lucy Gray. Nous cherchions une artiste complète.
Tourner avec une chanteuse vous rappelle-t-il votre carrière de réalisateur de vidéoclips ?
Parfois. En faisant des clips, j’ai vraiment appris à décomposer la structure des chansons et à comprendre ce qui va avec certaines parties de la musique. Je sais donc comment utiliser une chanson et sa structure pour différents moments dans une scène ou une séquence. Ce genre de planification me vient plus facilement. Cependant, je ne réalise pas des séquences de vidéoclip dans le film, je raconte toujours une histoire et je fais progresser le récit pendant que les chansons se déroulent. Ainsi, je pense toujours à l’histoire tout en la reliant à la structure des chansons. Donc, oui, il y a un petit lien entre mes clips et mon film.
De la country dans les oreilles
Comment avez-vous travaillé avec Dave Cobb pour les chansons ?
Suzanne a écrit les paroles des chansons dans le livre. Elle est une grande fan de musique country, et plus particulièrement du genre de musique country que je voulais dans le long métrage. Nous avons donc fait appel à Dave Cobb parce qu’il est un incroyable auteur-compositeur et producteur. Nous avons eu de longues conversations, Suzanne, lui et moi, sur le genre de musique et l’ambiance que nous recherchions, ce qu’il a compris. Ensuite, il est parti et a écrit les progressions d’accords et les mélodies. Il nous les a jouées lors d’une visioconférence pour nous donner une idée. Ensuite, il a formé un petit groupe de musiciens incroyables et a enregistré de façon provisoire les chansons avec une incroyable chanteuse, car nous n’avions pas encore choisi Rachel. Les chansons étaient toutes excellentes dès le départ, les mélodies, les progressions d’accords… Suzanne avait déjà une idée des mesures de temps. Quand elle écrivait les paroles, elle savait déjà que, par exemple, telle chanson était une valse, en 3-3, ou que telle autre était en 4-4. Elle le savait déjà. Donc, cela s’est fait assez naturellement et facilement. Quand nous avons intégré Rachel au processus, nous l’avons enregistrée en chantant par-dessus les pistes, ce qui était presque plus comme une répétition pour elle, car ensuite, sur le plateau, elle chantait tout en direct. Que ce soit lorsqu’elle se produit avec un micro ou lorsqu’elle chante a cappella toute seule dans l’arène, elle chante tout en direct le jour du tournage.
Quel style de son recherchiez-vous ?
L’inspiration de Suzanne vient de la région de la Virginie-Occidentale, des Appalaches aux Etats-Unis. Nous recherchions donc ce genre de son de la musique country qui est né dans les Appalaches dans les années 1930. Si vous regardez ces chanteurs comme The Carter Family, avec Maybelle Carter, et ces sortes de ballades venant d’Angleterre, d’Irlande ou d’Écosse et transmises de génération en génération, puis transformées en ce son spécifique du Sud et des montagnes des Appalaches, c’est ce genre d’ambiance que nous recherchions. Cette petite troupe avec guitare, mandoline et contrebasse debout. Un son très simple. Très épuré. Spécifique des Appalaches des années 1930.
Ecouter Rachel chanter la ballade L’Arbre du pendu donne littéralement des frissons.
Oui. Elle le fait très bien. Ce qui est intéressant, et c’est une partie amusante des Hunger Games, c’est que nous avons l’occasion de voir non seulement les origines de Snow, mais aussi les origines de nombreuses choses, y compris le fait que Lucy Gray est celle qui écrit L’Arbre du pendu. A l’origine, Suzanne a écrit les paroles, et Jeremiah Fraites des Lumineers a écrit la mélodie de la version originale. Pour La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, ils ont juste modifié quelques petites notes. Donc, cela ressemble toujours à L’Arbre du pendu en version un peu plus ancienne, plus d’époque, avec Rachel qui la chante. Et oui, c’est génial et c’est assez troublant. On voit les images de l’arbre des pendaisons dans le film et l’expérience de Lucy Gray autour de cet arbre. C’est une chose très satisfaisante à entendre et à voir dans le long-métrage.
Un monde de transition
Parlons un peu des décors. Comment avez-vous construit le monde de La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur ? Il est reconnaissable et cohérent avec celui des films précédents mais en même temps, nouveau et différent.
Oui. C’était aussi un aspect amusant de la production. Nous pouvions vraiment inventer et, du point de vue esthétique, nous voulions que cela ait aussi une certaine unité avec les autres films. Je suis un grand fan de la série Babylon Berlin dont le directeur artistique est Uli Hanish. Nous avons donc contacté Uli, qui est basé à Berlin, et il voulait faire le film. Lui et moi avons beaucoup discuté et avons décidé de nous concentrer sur l’inspiration de Berlin de l’après-guerre et de la période de la reconstruction. Nous avons donc beaucoup étudié Berlin en 1945 et 1946. Nous avons intégré des éléments de Panem dans ce monde, avec des éléments en cours de reconstruction, des grues de chantier, des parties de la ville en ruines, et quelques nouveaux bâtiments, mais aussi des anciens et toujours des dégâts résiduels. Au final, nous n’avons construit qu’un seul décor, et nous avons tout tourné en extérieur, principalement à Berlin et ses environs. Puis nous avons fait quelques ajouts numériques. Mais tout était basé sur des lieux réels.
Et qu’en est-il de l’arène ? Parce qu’elle est très simple, en fait.
Tout est en effet rudimentaire. Tout comme pour la chanson L’Arbre du pendu et Snow, vous assistez vraiment au début des Jeux. Ce sont les 10e Hunger Games, quand les Jeux commencent réellement à changer. On passe d’une simple arène entourée de murs, où les Jeux devaient se terminer probablement en une heure, à une interaction avec l’environnement, avec les fans, avec la technologie. C’est la transition entre quelque chose de très basique et cette arène de folie, 65 ans plus tard, que vous voyez dans L’Embrasement, beaucoup plus grande, beaucoup plus élaborée et beaucoup plus technique. L’action dans cette arène a également un impact différent. L’arène a beau être rudimentaire, ce qu’il s’y passe reste encore assez spectaculaire à regarder. Dans L’Embrasement, par exemple, les cadavres des tributs morts sont soulevés dans les airs par des vaisseaux ou disparaissent simplement dans les arbres, les buissons ou la jungle. Dans La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, vous ressentez vraiment le décompte des corps. Vous voyez l’individualité des personnages parce qu’ils ne portent pas le même uniforme pour les Jeux. Vous réalisez à quel point tout le monde est vraiment différent et à quel point tout le monde n’est vraiment pas préparé à ce genre de combat. Et vous ressentez le décompte des corps parce qu’ils sont laissés là, pour que nous tous puissions les voir. J’ai ressenti cela immédiatement lorsque nous avons commencé à tourner, et l’arène était la première chose que nous avons tournée, donc c’est vraiment passionnant.
Il s’agit cependant toujours d’enfants qui tuent des enfants. Pensez-vous que ce sujet reste choquant et controversé aujourd’hui ?
Oui. Je crois que, en général, nous sommes peut-être moins choqués par certaines choses qu’auparavant car nous sommes tellement saturés de voir des choses horribles. Mais je pense aussi que, lorsque vous voyez des enfants se battre contre d’autres enfants, en général, le bien en chacun de nous voit le mal dans tout cela.
Grande fidélité et petites trahisons
Y a-t-il quelque chose que vous vouliez faire dans les précédents Hunger Games, mais que vous n’avez pas pu faire et que vous avez eu la chance de faire dans ce nouveau long métrage ?
Pas vraiment. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir manqué quelque chose dans les films précédents. Nous passons vraiment en revue les livres et essayons d’en extraire autant de choses que possible et de le mettre à l’écran et de nous concentrer vraiment sur les parcours des personnages. Donc, pour moi, celui-ci était amusant et satisfaisant simplement parce qu’il raconte une version très nouvelle de l’histoire des Hunger Games. Il semble pertinent et frais et différent en raison du matériel. Et aussi amusant grâce à l’élément nostalgique. Nous avons l’occasion de voir les origines de nombreuses choses que nous aimons dans les autres livres et les autres films. Je pense que c’est un sentiment très satisfaisant.
Pensez-vous avoir réussi à rester fidèles au livre ou avez-vous apporté des modifications ?
Nous restons fidèles au livre tout en apportant toujours quelques modifications. Suzanne et moi avons élaboré la trame du film puis elle a travaillé avec nous à chaque étape du processus. Elle vient de l’écriture de scénarios. Elle écrivait des scripts pour des émissions pour enfants, par exemple. Suzanne comprend donc la nécessité de faire des ajustements pour une adaptation cinématographique. Elle était toujours très ouverte aux idées que j’avais sur le plan visuel. Elle reste le principal guide pour nous en ce qui concerne l’esprit du film, en veillant à ce que le matériel thématique reste au premier plan et soit très important, tout en veillant également à ce que nous inventions des arcs narratifs pour les personnages aussi clairs que possible. Dans ce sens, le long métrage reste très fidèle au livre. Cependant, le livre est assez long. Des choses doivent donc être compressées et adaptées pour réduire l’ouvrage à la durée de notre film. Ainsi, il y a des changements et certains éléments du roman n’apparaissent pas dans le métrage. Cependant, en général, l’histoire reste la même et les parcours des personnages demeurent les mêmes.
Pour finir, que pouvez-vous me dire de Constantine 2.
Nous avons surmonté de nombreux obstacles afin de regagner le contrôle du personnage, et heureusement, nous l’avons au moins pour le moment. Keanu Reeves et moi, avec Akiva Goldsman, qui a écrit avec nous et produit le premier film, qui était mon premier film, nous nous sommes réunis. C’était avant la grève, bien sûr, et nous avons commencé à élaborer des idées pour le nouveau film. Nous espérons vraiment pouvoir le concrétiser et avons hâte d’explorer davantage cet univers.
Vous avez toujours dit que pour la suite de Constantine, vous vouliez réaliser un long métrage avec une vraie classification R [accès restreint, les enfants de moins de 17 ans doivent être accompagnés d’un parent ou d’un tuteur adulte].
C’est le cas. (Sourire)
Crédit photos : © Murray Close / Lionsgate
Article paru dans L’Ecran fantastique reboot – N°29 – Novembre 2023
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