L’homme est multitâche. Du one man show intimiste au héros de films d’action, du présentateur des Oscars au chanteur et danseur de Broadway. Le tout en passant par le doublage, comme dans Les cinq légendes où il prête sa voix au Lapin de Pâques. En voilà un qui sait ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Donc, dans votre carrière, vous avez été un koala (il a distribué des tracts pour la National Parks and Wildlife Foundation déguisé en koala), un wolverine (X-men), un rat (Souris City), un pingouin (Happy feet) et maintenant un lapin.
Hugh Jackman : Exactement. Je suis spécialisé dans les animaux ! (rires)
Je ne savais pas que le Lapin de Pâques était australien.
Pour moi, il a toujours été australien (rires). Pour 20 millions de gosses australiens, il a toujours été australien. L’ironie est qu’en Australie, le lapin est considéré comme nuisible. Vous imaginez, seulement 20 millions d’habitants et tout cet espace ? Les lapins s’en donnent à cœur joie. (Rires)
Que représente le doublage pour vous comparé au cinéma ou à la scène ? Des vacances ?
Non, ça reste un défi. Même si au final vous avez des images, l’acteur doit tout faire passer qu’avec des mots. Mais c’est amusant, facile et très libre parce que j’improvise tout le temps. Si je me souviens bien, c’est moi qui ai eu l’idée de la rivalité entre le Père Noël et le Lapin de Pâques. Je me disais que mon ego de lapin devait en avoir un petit coup face à l’importance de Noël… (Rires)
Et parmi tout ce que vous faites : le cinéma, la danse, le chant, le côté physique d’un Wolverine ou émotionnel de The Fountain, le one man show, les Oscars… Qu’est-ce qui représente le plus un défi pour vous aujourd’hui?
Pendant longtemps, c’était de me retrouver devant une caméra. Cela m’a pris du temps pour m’y habituer après m’être senti si à l’aise sur les planches. Mais aujourd’hui, le plus gros défi a été le film que je viens de finir, Les Misérables de Tom Hooper, où pour chaque prise on a tous chanté en live sur le plateau. C’était comme réunir en un seul projet tout ce que j’ai su faire jusqu’à présent.
J’aurais pensé que le plus dur aurait été d’animer les Oscars. Vous êtes devant des milliers de vos pairs et autres membres de l’industrie du cinéma et des millions de téléspectateurs. Vous êtes supposé être drôle à chaque minute et tout faux pas est impardonnable.
C’est différent. Je suis assez vieux jeu et pour moi, l’animateur ne fait pas les Oscars. Je suis là pour créer une atmosphère pour la nuit mais je ne suis pas un comédien qui fait du stand-up, je ne vais pas me lancer dans un sketch de dix minutes, je sais que les spectateurs vont me jeter. Mais aux Oscars, les gens qui sont dans la salle sont plus nerveux que moi. Mon rôle est de détendre l’atmosphère et de faire en sorte que tout le monde s’amuse. Les Oscars, c’est du show business mais j’aime à penser que c’est plus du show que du business.
Vous avez créé votre one man show à Broadway dont le sujet était vous-même. Vous n’avez pas eu peur de trop vous livrer au public, de trop en dire sur vous et votre vie ?
Non, je ne pense pas que l’on puisse trop donner au public. Il y a quelque chose d’intime qui est inhérent au théâtre, même quand vous jouez un rôle. Vous devez vous lâcher, tout dévoiler. Il y a évidemment des choses que je n’ai pas mis dans mon spectacle, je ne parle pas des moments les plus lourds de ma vie. Je ne pense pas que qui que ce soit viendrait voir ça d’ailleurs (rires). Vous n’allez pas à un dîner pour être assis à côté du type ennuyeux. J’ai évoqué des histoires que je souhaitais partager. Je voulais faire sentir aux gens qu’ils voyaient le vrai moi et non une version ou une fraction de moi.
Etes-vous l’acteur que vous rêviez d’être quand vous avez débuté ?
D’une certaine façon, j’ai fait plus que ce que j’espérais : les Oscars, les films d’action… Je n’aurais jamais pensé faire tout ça. Je pensais que je serais un acteur plus classique et que je ferais plus de théâtre. Quand j’étais jeune, je rêvais de pouvoir faire toutes sortes de choses différentes et de ce côté-là, mon rêve s’est réalisé. Mais cela va vraiment au-delà de ce que j’ai toujours rêvé.
Vous avez la réputation d’être l’une des personnes les plus sympas du métier (il éclate de rire) et certains acteurs qui ont joué avec vous disent qu’ils vous cherchent encore un défaut. Donc, quel est votre défaut ?
(Il sourit) Je peux devenir mauvais quand j’ai faim. Et je peux devenir grognon quand je n’arrive pas à ce que je veux. En fait, tant que les choses se passent comme je l’entends, je suis bien. (rires)
Article paru dans Studio Ciné Live – N°43 – Décembre 2012