Il est à l’affiche de Hors les murs au cinéma et des Revenants sur Canal+. Il a réalisé un court métrage et écrit actuellement un long. Mais il est avant tout acteur, enchaînant les petits rôles (Et soudain, tout le monde me manque, Belle épine, Poupoupidou) jusqu’à Jimmy Rivière, qui lui a apporté une nomination au César du meilleur espoir. Depuis, il sait qu’il peut porter un film sur ses seules épaules et compte bien continuer à le prouver.
Comment est arrivée l’aventure de Hors les murs ?
Guillaume Gouix : Le réalisateur David Lambert m’a rencontré le même jour que Matila Malliarakis, à une heure d’intervalle et pour le même rôle. Il a voulu qu’on joue ensemble. Il a alors réécrit son scénario pour moi, ce qui est très flatteur. Au bout d’un mois, il m’a appelé, m’a fait lire son nouveau scénario auquel je pouvais dire non. Mais j’ai dit oui. Un mec capable de composer avec son scénario, le présent et les accidents de tous les jours, si c’était aussi comme ça sur son tournage, j’avais envie d’en être.
Jouer un gay quand on débute sa carrière, ce n’est pas risqué ?
Je ne me suis pas posé la question. Je me suis posé des questions sur le côté mélodrame, sur ce qu’il y avait à jouer et comment le jouer. Je suis hétéro, il n’y avait donc pas de possibilité de désir ni de pudeur avec Matila. Avec une actrice, il peut y avoir un possible désir entre elle et moi. Ici, c’était un vestiaire de foot. Le film est assez triste mais on a beaucoup rit en le tournant. Mais on s’en fiche assez vite que ce soit des garçons. Ce film est avant tout une histoire d’amour. Il est construit comme Les parapluies de Cherbourg, en trois actes : une rencontre, une absence, des retrouvailles. Et ce rôle est un cadeau. Il n’y a pas beaucoup de personnages aussi complexes pour les acteurs de mon âge.
Jimmy Rivière était intense.
C’est mon point de repère. Il y a eu un avant et un après, dans le regard des gens et dans ma manière d’appréhender mon travail. Les autres savent maintenant qui je suis et je reçois plus de scénario. J’ai aussi découvert que je pouvais tenir un film. Je veux participer à la création d’un film, je ne veux pas juste être acteur. Ce n’est pas une histoire de nombre de scènes mais je ne veux pas venir sur un tournage juste pour exécuter quelque chose. Je veux fabriquer du cinéma, rencontrer des gens, m’impliquer. C’est plus simple quand on a le rôle principal.
Dans Les Revenants, vous jouez un tueur en série cannibale. C’est assez loin de vos films intimistes habituels.
Les films intimistes appartiennent réellement au réalisateur. Souvent, un scénario n’appartient à personne. Un producteur le fait réécrire par plusieurs scénaristes, puis l’envoie à dix réalisateurs et c’est le premier qui dit oui qui le fait. Je n’ai pas envie de participer à ça. Je veux que le film soit le propos de celui qui le filme. Alain Chabat est un auteur, autant que Claire Denis, car ce qu’il fait est son propos. C’est son désir, son bébé. Ce qui est fascinant pour moi quand je joue, c’est d’accéder à l’univers de quelqu’un.
Etre acteur, c’est un rêve de gosse ?
Non. J’allais aux répétitions au cours de théâtre de ma grande sœur. Je connaissais les répliques de tout le monde. A 11 ans, je m’y suis inscrit, par jeu. Un jour, la prof a organisé une journée de figuration sur un téléfilm de Josée Dayan. Comme j’avais une grande gueule, elle m’a donné trois répliques. Puis une directrice de casting m’a proposé d’autres téléfilms, dont Dérives, où j’avais le premier rôle. Cela m’a donné envie de faire ce métier. Tout simplement.
Article paru dans Azimut – Automne 2012