Dans Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés, suite du film de Rian Johnson A couteaux tirés (2019), le détective Benoit Blanc (Daniel Graig) est invité à une murder party réunissant un groupe d’amis sur une île privée, en Grèce. Le long métrage mêle burlesque, farce, satire et comédie physique pour mieux captiver avec une intrigue tortueuse et aborder subtilement les travers de la société contemporaine. Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés est disponible sur Netflix à partir du 23 décembre.
1 – Une idée de suite venue très rapidement
Alors que le scénariste et réalisateur Rian Johnson et l’acteur Daniel Craig, alias le limier Benoit Blanc, tournaient A couteaux tirés, tous deux ont ouvertement évoqué la question d’une suite. Si le premier film plaisait au public, ce serait sympa d’en faire un autre. “J’avais vraiment l’impression que nous proposions notre propre version d’un genre que nous adorons l’un et l’autre,”révèle Rian Johnson. “Sans savoir le moins du monde comment elle serait accueillie par les spectateurs. Le résultat a dépassé nos espérances. L’idée serait de créer des déclinaisons amusantes et originales à chaque fois. Nous pourrions continuer à élaborer des projets d’une manière qui satisfasse notre créativité sans jamais nous donner l’impression de nous répéter.”
2 – Rian Johnson : un grand fan d’Agatha Christie
“Pour moi, Agatha Christie est la défricheuse de ce genre que j’ai dévoré en grandissant et qui m’est si familier,” avoue le cinéaste. “Elle ne se contentait pas de changer de décor ou de types de personnages. Elle mélangeait souvent d’autres genres avec le polar. Par exemple, une histoire d’amour gothique et un film d’horreur dans Ils étaient dix. Ou un film d’espionnage et un thriller impliquant un tueur en série dans A.B.C. contre Poirot. Elle réussissait à chaque fois à trouver une porte d’entrée inédite et originale, ce qui est très stimulant créativement parlant. En approchant de la fin d’un roman, on devine ce qui l’a incitée à l’écrire. Et souvent, elle se lançait dans une approche complètement nouvelle de la narration.”
“Son travail a été ma source d’inspiration,” continue le réalisateur. ” Si bien que quand j’ai commencé à travailler sur Glass Onion, je ne me suis pas demandé comment faire mieux qu’A couteaux tirés, car ce n’était pas le même film, mais comment créer cette nouvelle histoire le mieux possible.”
3 – Le spectacle avant le mystère
Rian Johnson ne veut pas que les spectateurs essaient d’élucider le mystère, mais qu’ils apprécient le spectacle. Et qu’il soient surpris. “En réalité, je pense que ça fait partie de la recette du succès d’Agatha Christie,” reprend le scénariste et réalisateur. “J’avais une phrase à laquelle je ne cessais de revenir pour parler du premier film. ‘Ce sont des montagnes russes, pas des mots croisés.’ C’est une erreur que font souvent les écrivains de romans policiers que de penser qu’ils élaborent des mots croisés et que le plaisir du public résidera dans leur résolution. Quand je lis ou regarde un polar, j’abandonne toute velléité de devinette dès le premier tiers de la lecture ou du visionnage.”
“La réalité est que le véritable ingrédient du succès est l’histoire, et cela s’applique aussi à ce genre,” affirme le cinéaste. “Certains des personnages vous attirent-ils ? Vous sentez-vous impliqué émotionnellement ? Vous sentez-vous embarqué dans l’histoire avec eux ? Ensuite, l’identification du coupable et la levée du voile sur tous les éléments du puzzle font partie du plaisir, mais une partie seulement. Il vous faut d’abord une bonne histoire. Mais je pense qu’entrer dans l’histoire en se disant qu’on peut la résoudre fait aussi partie du plaisir de l’expérience. Je tiens à être fair-play avec le public. Si les spectateurs revoient le film en connaissant la fin, ils verront que tout était sous leurs yeux. Tous les éléments étaient là, prêts à être assemblés.”
4 – Plusieurs niveaux de lecture
“Outre la comédie, l’exubérance et la beauté paradisiaque du site, le film raconte aussi une histoire très intéressante sur la dynamique de pouvoir au sein d’un groupe et la rivalité pour obtenir et contrôler ce pouvoir,” explique l’actrice Kate Hudson. “Rian est un scénariste exceptionnel,”continue le comédien Edward Norton. “Il est capable de pointer du doigt des travers de la société contemporaine sans forcer le trait.” “Votre intrigue est immanquablement teintée de l’actualité du moment dès que vous plantez votre décor dans le présent et que vous autorisez les personnages à discuter comme ils le feraient dans la vraie vie,” renchérit Rian Johnson. “Comme pour le premier film, A couteux tirés, je vise avant tout un divertissement. Ce n’est pas un documentaire. Mais il y aura matière à réflexion. Et c’est voulu ainsi.”
5 – Changement de décor
Rian Johnson a écrit le scénario de Glass Onion : A couteaux tirés pendant le confinement de 2020. A ce moment-là, il ne rêvait que de vacances à la plage. La Grèce serait parfaite. Il y avait également une part d’humour dans le choix d’un décor qui exprime très clairement qu’il ne s’agit pas d’une redite du premier volet. A couteaux tirés se déroulait en Nouvelle Angleterre en automne. L’atmosphère allait forcément être différente. Le cinéaste entend proposer un scénario très différent à chaque opus de sa nouvelle franchise des enquêtes de Benoit Blanc. Il comptait ainsi l’annoncer haut et fort au public dès le deuxième film.
6 – Le thème du Glass Onion : un pur hasard
“J’imaginais ce personnage de milliardaire, Miles Bron, sur son île privée, avec la demeure qu’il a édifiée,” se souvient Rian Johnson. “En même temps, je cherchais une idée drôle qui puisse servir de métaphore tirée par les cheveux pour Benoit Blanc. Une métaphore qu’il pressera comme un citron jusqu’à la dernière goutte. Mais je pensais aussi au fait qu’une partie du jeu quant à ce mystère est qu’il montre à la fin qu’il ne s’agit pas d’un secret sophistiqué ni dissimulé. Tout est en plein jour, à la vue de tous, dès le départ. C’est ainsi que l’idée du verre, et de sa transparence, m’est venue.”
“Je vais être honnête avec vous,” ajoute le cinéaste. “J’ai pris mon iPhone et cherché dans ma bibliothèque musicale le mot verre [glass en anglais]. Je me disais qu’il devait y avoir de bons morceaux qui parlent de verre. Est-ce que ce serait une forteresse de verre ? Un château de verre ? Un homme de verre ?’ Le premier titre qui est sorti de la recherche a été Glass Onion [l’oignon de verre en français], la chanson des Beatles. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque je suis un grand fan du groupe. Cela m’a tout de suite interpellé. C’était aussi la métaphore idéale pour Benoit Blanc. C’était enfin parfait pour le jeu auquel nous jouons avec les spectateurs. Donc, quand je suis tombé sur cette chanson, ça a fait tilt.”
7 – La villa unique de Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés
Le coproducteur Leopold Hughes a été missionné pour trouver la villa du milliardaire Miles Bron. Celle-ci sert de décor central à l’action de Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés. Cette résidence de fiction se situe sur une île elle aussi fictive. Le brief du réalisateur Rian Johnson était simple. Il fallait que l’endroit soit magnifique, avec une architecture intéressante et présentant un espace très dégagé.
En sillonnant l’Europe, Leopold Hughes a déniché par un heureux hasard la Villa 20 dans le Péloponnèse, à proximité de Porto Heli dans le golfe Argolique. Faisant partie du domaine de luxe Amanzoe, la villa privée se déploie sur six niveaux à flanc de colline, en une succession de pavillons arborant marbre et colonnes, dans un hommage à l’élégance de la Grèce antique. Les suites des invités, les cuisines et les piscines constituaient un décor parfait pour les nombreuses intrigues du scénario. Comme ils avaient également acquis les terrains adjacents pour éviter toute construction future venant gâcher la vue, le panorama s’étend sans entrave jusqu’à la mer Égée, révélant une succession d’îles en apparence inhabitées.
Les propriétaires ont conçue et bâti l’ensemble avec l’architecte Edward Tuttle, connu pour son habileté à fondre ses constructions dans le paysage. La villa est naturellement intégrée à son environnement, avec une abondance de vieux oliviers, des haies de lavande et de romarin et un jardin d’herbes odorantes, qui sont tous visibles dans le film. Le terrain est orné de plusieurs grandes sculptures en granit et métal, commandées par les propriétaires à des artistes de leur connaissance en provenance de toute l’Europe. D’autres œuvres artistiques plus tapageuses ont été ajoutées par l’équipe déco autour de la villa afin de coller aux goûts extravagants de Miles.
8 – Le Glass Onion, un oignon de verre impressionnant
“Pour le décor principal, la villa du milliardaire Miles Bron, une question s’est posée dès le début,” remarque le chef décorateur Rick Heinrichs. “S’agit-il d’un oignon de verre au sens propre du terme ? Ou d’un dôme que Miles pourrait qualifier de manière crédible d’oignon de verre, sans que personne ne le remette en question ? Nous avons dû trouver un juste milieu. Et Rian a vraiment insisté pour que le résultat soit représentatif du personnage de Miles. A mon sens, cette structure reflétait parfaitement la grosse tête et l’ego surdimensionné de Miles.”
Au-dessus de la villa trône le “Glass Onion”, un dôme de verre nommé ainsi en mémoire du bar où se retrouvait le groupe d’amis pour concocter les projets qui allaient faire de Miles le milliardaire qu’il est devenu. Si les plans longs ont été réalisés en effets spéciaux, la vraie structure s’élevait sur 20 mètres de haut et était intégralement composée de panneaux de verre. Conçu et construit au Royaume-Uni, l’Onion présentait un assemblage si intriqué qu’il a été d’abord monté sur place, pour s’assurer que tout fonctionnait bien. Puis il a été démonté afin de le livrer dans un studio en Serbie, où il a été remonté pour le tournage.
Afin de capturer les images de la demeure et de son environnement, il a fallu combiner techniques Lidar, texturing, photogrammétrie, drones et hélicoptères. D’après le producteur des effets spéciaux Tim Keene, le tournage a nécessité au total 1 094 numérisations de la villa avec une paire de scanners laser 3D Faro, des centaines d’images roundshot 360° et plusieurs jours de prises de vues avec des drones.
9 – Des œuvres d’art incroyables
“Rian et moi étions convaincus que l’atrium devait abriter une collection à travers laquelle Miles montre qu’il est suffisamment riche pour posséder toutes ces œuvres d’art célèbres réalisées par des artistes de renom,” précise le chef décorateur Rick Heinrichs. “On y trouve également une étrange collection d’objets en verre, ce qui représentait un défi à part entière pour nous.” L’équipe a créé des dizaines de bibelots et statuettes en verre, mais aussi un piano et une armure. Ce sont toutes des sculptures en verre uniques et faites sur mesure.
L’atrium accueille également une salle à manger qui renferme une gigantesque fresque à l’effigie du rappeur Kanye West, dont Miles se vante ainsi d’être l’ami. Sans parler du portrait de Miles lui-même. “Nous nous sommes inspirés de Lucian Freud, un peintre extraordinaire que nous avons mélangé avec les autres artistes mis en avant,” dévoile Rick Heinrichs. “Nous avons imaginé que Miles avait engagé ce célèbre artiste au style reconnaissable pour faire son portrait. Ce décor entier respire sa richesse, sa prétention à être un bad boy perturbateur, son ego surdimensionné et son désir d’impressionner les autres.”
L’acteur Dave Bautista a envisagé d’acheter quelques unes de ces fausses œuvres d’art et a été très déçu d’apprendre que tout serait détruit une fois le tournage terminé.
10 – Une murder party aussi en coulisses
Le week-end, les acteurs se retrouvaient pour des soirées de jeu d’enquête Mafia. “On était si nombreux que les parties pouvaient s’éterniser pendant trois heures, avec des joueurs de plus en plus saouls et morts de rire,” raconte l’actrice Jessica Henwick. “Il n’y a que les acteurs pour occuper leur temps libre à interpréter des personnages !,” plaisante la comédienne Madelyn Cline. “Et on ne faisait pas les choses à moitié ! On allait chiner des costumes dans les boutiques vintage du coin pour être encore plus crédibles. Et à la fin, on dansait.” L’actrice Janelle Monáe, qui adore organiser des murder parties chez elle, était la meilleure à ce jeu. Et Dave Bautista, le plus mauvais. “J’étais nul,” confesse l’ancien catcheur. “Ma stratégie consistait à tuer tout le monde et à jouer au crétin. Le procédé par élimination !”
11 – Un costume de bain inoubliable
Dans une séquence de Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés, Benoit Blanc porte un costume de bain à rayures bleu et blanc assez insolite. “Pour ce personnage, il s’agissait de garder un look vieux monde, Hollywood d’antan,” souligne Jenny Eagan, la créatrice des costumes. “Il a beaucoup voyagé et regarde sans doute beaucoup de vieux films. Pour la séquence de la piscine, je savais qu’il porterait une chemise. Mais quelle sorte de chemise pour Benoit Blanc ? Il n’est pas du genre à porter un marcel, alors, que faire ? Par hasard, j’étais chez un tailleur avec lequel nous travaillons. Son père, il y a des années de cela, confectionnait les tenues que Frank Sinatra portait dans sa piscine de Palm Springs. Il m’a dit qu’il avait toujours le patron. Puis j’ai vu un tissu dément et j’ai dit : ‘Daniel, c’est bon, on le fait’.”
L’acteur Daniel Craig, qui avait une idée très précise des goûts de Benoit Blanc, était partant. “D’après moi, c’est quelqu’un qui accorde de l’importance à son apparence. Quand j’ai parlé des costumes avec Jenny, je pensais aux films La main au collet et Les vacances de monsieur Hulot. C’était ma base. Il y a de l’humour, j’espère, dans ses tenues, mais c’est aussi une forme d’hommage à ces vieux films, à Cary Grant et à Jacques Tati.”
12 – Un clin d’œil
Une peinture de Francis Bacon est suspendue derrière Benoit Blanc lorsqu’il déguste son premier tamale dans la sale à manger de l’atrium. Daniel Craig a joué le rôle de George Dyer, l’amant de Francis Bacon, dans le biopic du peintre Love Is The Devil réalisé par John Maybury.
13 – Des cameos hommages
L’actrice Angela Lansbury (Arabesque) – décédée le 11 octobre 2022 – et le compositeur et parolier Stephen Sondheim (West Side Story) – décédé le 26 novembre 2021 – font leur dernière apparition au cinéma dans Glass Onion : Une histoire à couteaux tirés. On peut les voir alors que Benoit Blanc, dans sa baignoire, joue avec eux par visioconférence au jeu vidéo Who Is The Impostor ?. Les deux autres joueurs sont la comédienne Natasha Lyonne et l’ancien joueur de basket Kareem Abdul-Jabbar.
Crédit photos : ©Netflix
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