Ils ont été réunis pour la presse à l’occasion de la sortie de Starsky et Hutch, l’adaptation cinématographique de la série policière des années 70 qui les a rendus célèbres. Paul Michael Glaser, David Soul et Antonio Fargas, alias David Starsky, Ken Hutchinson et Huggy-les-bons-tuyaux, ne jouent en rien la carte de la nostalgie en 2004. Bien au contraire. Ils ont définitivement tiré un trait sur l’aventure et, même s’ils acceptent d’en parler, ils aimeraient bien que le reste du monde passe aussi à autre chose.
David, Paul, qu’avez-vous ressenti en incarnant Starsky et Hutch une nouvelle fois ?
David Soul : C’était bizarre mais on a été bien accueillis sur le plateau. Tout le monde était très respectueux. Je crois que nous avoir Paul et moi donne un peu de crédibilité au film, même si on n’est là que quelques minutes.
Paul Michael Glaser : (En soupirant) Et dire que j’ai dû m’asseoir à nouveau dans la Torino. Ce que je peux détester cette voiture. A l’époque déjà, je la trouvais affreuse et ridicule. Je l’appelais la tomate enrubannée. C’était tellement stupide de donner une voiture aussi voyante à deux flics censés être en sous-marin.
Antonio, comment se fait-il que vous ne soyez pas dans le film ?
Antonio Fargas : C’est vrai que je suis un peu déçu de ne pas pouvoir remercier les fans ni passer le flambeau mais ça ne m’empêche pas de vouloir que ce film soit un succès car il dérive qu’une série qui tient une place à part dans mon cœur.
David, il y a quelques années, vous ne vouliez pas entendre parler de cette adaptation, répétant qu’un Starsky et Hutch sans Paul ni vous serait une tromperie pour les fans. Comment expliquez-vous que maintenant vous soyez dans le film ?
DS : Votre question sonne comme si j’étais un traître.
Euh… Non, mais… Enfin, en apparaissant dans le film vous le cautionnez alors que pour un fan c’est une parodie.
DS : Non, un hommage.
Un hommage ? Même quand ils se moquent de vous et noircissent vos personnages ? N’espériez-vous pas plus de respect envers la série ?
AF : Ils ont décidé de prendre l’option de la comédie mais ça reste un hommage à notre travail. C’est juste une approche différente.
PMG : Ce film met en avant ce qui fait la force de Ben Stiller et Owen Wilson, c’est-à-dire leur amitié et leur sens comique. C’est vrai qu’on a tendance à regarder le passé avec nostalgie et se dire : « Si seulement ils avaient fait ci ou ça pour ce film. », mais ce qui importe c’est le travail accompli aujourd’hui et qui correspond à la sensibilité du public d’aujourd’hui et non à celle du public des années 70.
DS : C’est une adaptation, je la prends comme telle. Ce n’est pas important. Ce qui se passe actuellement dans le monde est plus important. Starsky et Hutch n’est qu’une petite partie de nos vies. Une partie qui a beaucoup compté mais si petite.
Quoi que vous ayez fait depuis, ces personnages vous poursuivent toujours. Est-ce une bénédiction ou une malédiction ?
AF : Je ne vois pas ça comme ça. Je vois ça comme une chance qui m’a été offerte il y a trente ans et ça n’a rien d’un fardeau. Je suis reconnaissant de tout ce qui m’est arrivé, en bien ou en mal.
PMG : Quand Starsky et Hutch est entré dans nos vies, on était déjà tous acteurs. Accepter de jouer dans la série était une occasion comme une autre et on a fait ce qu’on avait à faire. Du mieux qu’on a pu.
DS : Ce qui est important aujourd’hui c’est que les gens apprécient le film comme ils ont pu apprécier la série. Parler des différences entre la série et le film n’a aucun intérêt.
Quand on a aimé la série, on a envie de comparer les deux, de connaître votre sentiment sur l’adaptation, d’évoquer le passé…
DS : Oui, mais ça va cinq minutes. Je suis là pour défendre ce film et pourtant je n’y suis que quelques minutes. Notre boulot, on l’a fait il y trente ans. Et c’était génial car en plus, grâce à cette série, Paul est devenu mon meilleur ami…
PMG : C’est faux, je ne supporte pas ce gars-là. (Rires)
DS : (En se levant) Antonio, tu ne veux pas changer de place avec moi que j’échappe à ce type. (Rires)
Parvenez-vous aujourd’hui à expliquer cette alchimie qui existe entre vous deux depuis trente ans, sur et hors plateau ?
DS : Pas vraiment. Paul et moi avons du respect l’un pour l’autre, de la confiance, de la franchise, une vraie affection. On est aussi des professionnels, on n’est pas toujours d’accord, mais on respecte l’avis de l’autre, on s’écoute… C’est un travail d’équipe.
Y aurait-il un projet de film entre vous deux ?
DS : Oui, ça s’appelle Ceci n’est pas Starsky et Hutch, le film. (Rires) C’est sur cette amitié qui nous lie depuis trente ans.
PMG : En fait, ça s’appelle Harry et Sam et toute ressemblance avec ce qu’on a fait avant n’est qu’une coïncidence. (Rires)
L’après Starsky et Hutch
Paul Michael Glaser, David Soul et Antonio Fargas ont connus des fortunes très diverses depuis la fin de leur série en 1979.
Paul Michael Glaser s’est dirigé vers l’écriture, la production et surtout la mise en scène en télé et au cinéma (dont Running man). Il a par la suite mis sa carrière entre parenthèses pour soigner sa femme et sa fille, atteintes du sida et décédées depuis. Il vient de jouer dans Tout peut arriver et cherche actuellement le financement de ses prochains films.
David Soul a fait quelques tournées de par le monde avec sa guitare et ses chansons et enregistré quatre albums, ne cessant parallèlement de travailler pour la télévision, avant de s’installer à Londres pour jouer au théâtre. Cette année, il projette de retourner en studio pour de nouvelles chansons et écrit un livre qui sera publié à l’automne.
Antonio Fargas est apparu dans divers téléfilms, séries et films. Aujourd’hui, il écrit, donne des cours d’art dramatique, profite de sa famille et regarde pousser les tomates de son jardin.
Article paru dans Ciné Live – N°78 – Avril 2004
Crédit photos : © Sony Pictures Television / ABC / Warner
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