Petit, l’auteur de Game of thrones voulait être astronaute. Ne pouvant voyager sur d’autres planètes, il y a envoyé ses personnages. Aujourd’hui, il les fait mourir au Moyen-Age. Et quand on l’énerve, il tue un Stark !
A sa mort, il se fiche du paradis, il veut aller en Terre du Milieu. George Raymond Richard Martin a grandi en dévorant J.R.R. Tolkien, Jack Vance, Lord Dunsany, Fritz Reuter Leiber ou encore T.H. White, les pères de la fantasy moderne. Et tout le reste, de la science-fiction aux romans d’espionnages en passant par l’horreur et les comics books. Les chefs d’œuvre comme la lie pauvre et amateur. Lire de la mauvaise littérature lui donnait confiance en lui, il se disait ainsi qu’il pouvait faire mieux que ces incapables.
Il bénit aujourd’hui son enfance ennuyeuse qui lui a permis de développer sa propre imagination. Il aime raconter pince-sans-rire que quand il était gamin, le plus excitant pour lui était de regarder les taches d’huile flottées sur l’eau du Kill Van Kull, le détroit qui sépare sa ville natale, Bayonne (New Jersey), de Staten Island (New York). A l’époque, il se sent comme prisonnier d’un réservoir de privation sensorielle, la tête bouillonnante de rêves d’aventures. Ces aventures, il les fait vivre à ses tortues. Il en élève quelques unes dans un château médiéval en plastique et pour ne pas se sentir coupable de leur mort rapide, étrange et inexplicable, il se dit qu’elles sont rois, princes et chevaliers et qu’elles meurent au fil de l’épée. Il commence alors à écrire leurs histoires. Le manuscrit existe toujours. Bien caché.
George R.R. Martin vend ses premières nouvelles dans les années 70 (Le Héros, Au matin tombe la brume…) et se fait connaître chez les fans de science-fiction, d’horreur et de fantasy. Il écume les conventions de genre et exerce d’autres métiers pour vivre (relations publiques, directeur de tournois d’échecs, prof de journalisme). Il se fait doucement mais sûrement une bonne réputation d’auteur de science-fiction romantique et d’histoires d’horreur. Ses lecteurs aiment sa poésie mélancolique (il préfère la symbolique d’un coucher de soleil à celle d’un lever) et son cynisme (il aime tuer ses héros). Ses romans Riverdream, sur des vampires, et L’Agonie de la lumière, sur une civilisation interplanétaire moribonde, sont des classiques.
Après un passage à la télé sur les séries La Cinquième dimension et La Belle et bête, il écrit des pilotes qui ne verront jamais un second épisode. Sa frustration hollywoodienne est à son comble. Il retourne donc écrire des romans, et pas des moindres, Le Trône de fer. Il y crée son Moyen-Age nourri de chevalerie, de passion, de guerre, de dragons… Il y fait s’affronter le bien et le mal mais sans dire qui est qui. Aujourd’hui, ce qui ne devait être qu’une trilogie est un projet de sept volumes et une série qui fait le tour du monde. Pas mal pour un éleveur de tortues.
Article paru dans Studio Ciné Live – Hors-Série Game of thrones – 2014