Eric Winter (The Rookie) : « J’ai toujours dû prouver ma valeur en tant qu’acteur »

Eric Winter est Tim Bradford dans The Rookie: Le Flic de Los Angeles. Un flic pur et dur qui ne parvient pas à échapper à ses démons. Eric Winter revient notamment sur ce personnage imparfait, mais qui essaye toujours de s’améliorer, et sur les défis qu’il a relevés dans la saison 6. La diffusion des dix nouveaux épisodes de The Rookie commence ce 27 décembre, à 21h00, sur Série Club.

Où en est Tim Bradford, au début de cette saison 6, dans sa vie et dans son travail ?

Eric Winter : Tim est dans un endroit assez agréable pour commencer la saison 6. C’est une excellente saison pour lui, en général. Elle révèle beaucoup de choses sur son passé, des choses qu’il doit surmonter. Il est dans un très bon état d’esprit au début puis, au fil des épisodes, on voit son évolution et certains de ses problèmes.

Quel genre de problèmes ?

Son passé revient un peu le hanter. C’était un excellent leader dans l’armée, mais certaines décisions qu’il a prises pour le bien de tous ont compliqué les choses. Il doit désormais faire face à ces sortes de… je ne dirais pas démons, mais défis du passé. Il doit apprendre à naviguer à travers cette situation. À un moment donné, il est vraiment bien dans sa vie, ce qui rend la situation d’autant plus difficile.

Il prend aussi des décisions pour lesquelles il franchit certaines lignes éthiques. Ce qui est assez inattendu de sa part.

Il prend des décisions qu’on ne penserait pas être du tout dans son caractère. C’est un personnage très imparfait, mais ses défauts mènent souvent à quelque chose de positif. Cependant, c’est une période où ses défauts prennent un peu plus le dessus.

Tim est, pour moi, le personnage qui a le plus évolué depuis la première saison…

Vous avez raison.

…et c’est, à présent, le personnage le plus intéressant de la série.

Merci . Je pense effectivement que les scénaristes ont fait un excellent travail avec lui. Il ne fait aucun doute que le parcours global de Tim a été plus compliqué que celui de tous les autres personnages. Il revient d’un endroit où tout le monde le détestait à un moment donné. Puis ils ont réalisé que ce type est, en fait, quelqu’un de vraiment bien. Il gère simplement les choses différemment, et il cherche toujours à faire ce qu’il y a de mieux pour ses collègues, puis pour sa famille et ses amis. Mais cela se fait d’une manière très ferme, sans chichis. Et les gens ont commencé à apprécier son style. Au fil du temps, on a réalisé qu’il est comme ça à cause de sa famille, à cause de son père et des problèmes qu’il a eus avec lui, et des défis qu’il a rencontrés dans l’armée. Il est en lutte avec beaucoup de choses. Il porte ce fardeau tout en essayant d’en protéger les autres.

Saison après saison, on voit à quel point il est abîmé et qu’il travaille toujours sur lui-même afin de s’améliorer.

Oui, il essaie toujours de s’améliorer. C’est là où la saison 6 a vraiment marqué un tournant pour les fans. Parce qu’à mesure que Tim essaie de s’améliorer, il se heurte à une forme de résistance qu’il ne comprend pas lui-même. Il ne sait pas comment la gérer. Ce qui est quelque chose que nous explorons un peu plus dans la saison sept : il essaye d’apprendre à gérer l’état dans lequel il se trouve actuellement.

Parlons un peu de la relation entre Tim et Lucy (Melissa O’Neil). Ce sont les deux seuls personnages qui sont ensemble depuis le début, d’abord partenaires de travail, puis amis, puis amants. Lucy s’avère un bon élément dans sa vie. Elle fait ressortir le meilleur de Tim, et ce dès le premier jour.

A 100%. Tim a été dur avec Lucy mais elle est une femme forte. Elle l’a challengé à chaque étape. À sa manière, elle l’a mis au défi, ce qui est totalement à l’opposé de la manière dont Tim gère les choses. Cela l’a obligé à vraiment se regarder dans le miroir et essayer de devenir meilleur là où il est imparfait. Et vous avez aussi raison, Tim et Lucy sont les deux qui sont ensemble depuis le début, que ce soit comme partenaires, amis, évoluant vers une relation. Cette évolution, cette narration sur le plan relationnel, a été racontée de manière phénoménale aussi. C’est une relation qui a été établie et construite par les fans, comme j’aime le dire. Ce n’était jamais prévu. Je ne pense pas que les scénaristes avaient vraiment envisagé cela. C’est quelque chose que les fans ont vraiment mis en marche. Les scénaristes ont adoré l’idée, puis ils ont fait un travail incroyable pour la développer. C’est presque une relation pour le public, si vous voulez. C’est la relation des fans parce qu’ils ont vraiment joué un grand rôle dans sa construction.

Vous-même ne pensiez pas au début que les deux personnages pourraient devenir un couple ?

Non, jamais. On n’a jamais pensé à ça. Jamais. Ce n’était jamais prévu. On est vraiment l’exemple des opposés qui s’attirent, non ? En travail, en style, en vie. Les gens ont vu comment Lucy pouvait aider à réparer Tim. Ils ont vu comment Tim aidait Lucy à devenir meilleure dans son travail et peut-être même plus forte qu’elle ne pensait pouvoir l’être. Cette combinaison a juste rendu les fans fous. C’était inattendu, pour tout le monde. Ce qui a été un voyage amusant à voir se jouer.

Cette relation montre aussi que Tim n’est pas doué en matière de relations. En fait, il ne sait pas comment avoir une vraie relation.

A 100%. Mais il a vraiment essayé avec sa première femme. Ce n’était évidemment pas sa faute si leur mariage s’est effondré. Puis avec Rachel aussi, ce n’était pas nécessairement de sa faute, elle est partie. Cependant, on a aussi vu ses difficultés avec Ashley. Beaucoup avait à voir avec les sentiments qu’il commençait à développer pour Lucy. Mais il n’est tout simplement pas bon dans ce domaine. Il n’est pas à l’aise dans cet espace parce qu’il a été brûlé tant de fois. Il n’a pas eu une bonne dynamique avec ses parents comme modèles familiaux. Sa relation avec sa mère est très spéciale. J’espère que nous pourrons l’explorer bientôt. J’en parle depuis trois saisons pour qu’on rencontre ma mère, donc j’espère que cela arrivera. Cela définira un peu plus le bon côté de Tim. Mais évidemment, sa relation avec son père est très toxique.

Pensez-vous que Tim peut être heureux ? Ou le bonheur est-il trop ennuyeux dans une série télé ?

Eh bien, d’un point de vue créatif et personnel, je pense que si nous sommes là pour le long terme, le bonheur peut être ennuyeux. Je n’étais pas totalement contrarié lorsque j’ai découvert ce que les scénaristes prévoyaient dans cette saison 6 pour compliquer la vie de Tim, car je pense que c’est plus proche de la réalité. Dans la vraie vie, tout n’est pas toujours des arcs-en-ciel et des papillons. Tout le monde traverse des hauts et des bas, surtout quand c’est déjà compliqué dès le départ. Il est important de montrer ce côté de la relation, parce que les autres dans la série sont plutôt heureux. Ils ont quelques petits accrocs, mais pour la plupart, ils sont tous assez heureux les uns avec les autres. C’est bien de montrer deux personnes qui s’aiment vraiment et se soucient l’une de l’autre, mais qui ont beaucoup de choses à résoudre. C’est important de montrer cela.

Avez-vous trouvé la saison 6 plus difficile que la précédente, en tant qu’acteur ?

Je ne dirais pas que c’était plus difficile. Il y a juste eu des aspects différents à explorer, ce que j’aime. Il y a toujours quelque chose de nouveau pour moi à explorer chaque saison avec Tim. La saison 1 a été extrêmement difficile, même dans le pilote, voir son ex-femme et les décisions qu’il a prises avec elle. C’était vraiment difficile pour Tim, mais génial à jouer en tant qu’acteur. Puis, on a exploré la relation avec son père, et ça a été brutal. Ces scènes étaient émotionnellement très dures vraiment géniales à jouer. Et maintenant, on est dans un espace où il lutte à nouveau, et cette fois avec une autre relation. Je ne dirais pas que c’était plus difficile en tant qu’acteur, mais c’était très amusant. Les scénaristes font un travail de narration phénoménal pour Tim depuis le premier jour. Chaque fois qu’on commence une nouvelle série, il y a un plan de départ. Mais il faut souvent l’ajuster un peu en fonction de l’alchimie entre les personnages, de la réponse des fans, et de l’évolution des scénaristes. Tim a pris un virage énorme depuis le pilote, un virage que personne n’avait vu venir pour ce personnage alors qu’il était en train de se développer. D’une manière très positive, Tim a pris vie de lui-même. Et les scénaristes ont réalisé un travail incroyable pour naviguer ce parcours, pour que je puisse le jouer.

Pouvez-vous donner votre avis sur l’évolution de votre personnage ?

Non, jamais. Je propose des idées, tout comme Melissa O’Neil propose des idées pour son personnage. Je suis sûr que Nathan Fillion, [l’interprète de John Nolan, ndlr] propose aussi des idées. Mais Alexi Hawley, le créateur de The Rookie, est tellement génial dans ce qu’il fait. Il sait évidemment où vont les choses. Alors, souvent, les scénaristes nous écoutent, ils prennent ça en considération, néanmoins, cela doit fonctionner selon le chemin qu’ils ont déjà tracé.

La série a commencé avec l’histoire de John Nolan, et elle était principalement centrée sur lui. Aujourd’hui, c’est vraiment une série chorale.

A 100%. C’est incroyable. Comparée à la plupart des séries procédurales à la télévision, on a vraiment l’occasion d’explorer tous ces personnages. Ce n’est pas seulement ce qu’ils font au travail, c’est aussi comment ils gèrent le travail dans leur vie quotidienne. La série a été lancée sous un format spécifique mais elle a vraiment pris cette mentalité d’ensemble, ce qui a conduit à une narration géniale. Et honnêtement, c’est une des raisons de sa longévité, car plus vous avez d’histoires à raconter, plus les gens restent intéressés.

Préférez-vous jouer des scènes d’action ou des scènes émotionnelles ?

J’aime les deux, pour des raisons différentes. J’ai eu de superbes scènes d’action dans la série. Dans la saison cinq, j’ai eu probablement le plus grand combat que j’aie jamais eu, contre le personnage nommé The Hammer. Un combat fou. J’ai fait beaucoup de cascades dans la série. C’est toujours très amusant. Les scènes émotionnelles me donnent juste une autre dimension en tant qu’acteur, ce qui peut être très agréable.

Le deuxième épisode de la saison 5, Un mariage plein de surprises, est le 100^e épisode de la série. Qu’est-ce que cela représente pour un acteur d’être dans une série qui atteint ce nombre d’épisodes ?

Vous faites définitivement partie des rares séries américaines à l’atteindre. Faire partie d’une telle série, qui fonctionne aussi bien, qui rend les fans heureux et qui continue de croître d’année en année, c’est un véritable honneur et un témoignage de notre équipe, des scénaristes et de notre créateur pour tout le travail accompli. C’est assez cool.

Sans trop en dire, à quoi peut-on s’attendre dans la saison 7 ?

Dans la bonne vieille tradition, Tim essaie toujours de travailler sur lui-même. Il tente de réparer certaines erreurs de son passé, avec Lucy et même avec Lopez [interprétée par Alyssa Diaz]. Il veut améliorer les choses. Vous allez voir encore plus d’actions incroyables, de drames, et une excellente narration. C’est l’une de mes saisons préférées en ce moment, avec un superbe développement des personnages à tous les niveaux. Et nous continuons à repousser les limites chaque saison. C’est incroyable de faire partie d’une série qui continue de croître chaque année. Nous en sommes à un point où une série commence normalement à décliner, et nous, on continue d’aller vers le haut.

Quels points communs avez-vous avec Tim ?

Sa loyauté, son travail acharné. Nous avons des valeurs communes. Il est très rigide, ce qui est aussi mon cas. Toutefois, il est définitivement beaucoup plus casse-cou que moi. Il est beaucoup plus dur dans la manière dont il communique.

Aimez-vous Tim ?

Oui, je l’aime bien. Il a des problèmes, et je n’aime pas la manière dont il gère certaines choses, mais jouer ces problèmes est vraiment amusant. Mais oui, le cœur de Tim est à la bonne place. C’est un bon gars, il vient juste d’un passé difficile, et j’aime ça. Il essaie toujours de s’améliorer.

Vous êtes acteur depuis 25 ans. Que voyez-vous quand vous regardez votre parcours ?

Je vois beaucoup de persévérance, pour être honnête, beaucoup de ténacité. On m’a dit « non » tellement de fois dans ma carrière, et même pour obtenir le rôle de Tim Bradford. On m’a dit : « Tu vas devoir le mériter. Ce n’est pas toi. » C’est littéralement ce que certains producteurs m’ont dit : « Tu n’es pas Tim Bradford. Tu es trop gentil. » Et j’ai dû passer l’audition. Alexi ne me connaissait pas, donc ce n’était pas de lui que venait cette remarque. C’était d’autres producteurs avec qui j’avais travaillé sur une autre série. Et j’ai dû prouver qu’ils avaient tort. Ce qui a été un moment décisif pour moi, c’est sûr, l’audition et le test. C’était super de prouver qu’ils avaient tort et de mériter ce rôle de bout en bout. La plupart des gens ne pariaient pas sur moi. C’était récurrent dans ma carrière. Je devais constamment prouver ma valeur.

Et aujourd’hui, êtes-vous l’acteur que vous rêviez d’être ?

Oui, je fais partie de ces gens. Pour moi, tout est positif. Je me fixe des objectifs, mais dans ce métier, c’est un métier subjectif, et vous ne pouvez vraiment rien contrôler. Vous pouvez être le meilleur acteur du monde et être au chômage. Vous pouvez être le pire acteur du monde et devenir une star de cinéma. C’est l’avis de chacun. Donc, j’ai toujours essayé de me fixer des objectifs pour m’amuser, aimer ce que je fais, travailler, et pouvoir soutenir ma famille. The Rookie a changé ma vie à ce niveau-là, de manière plus stable. Je suis donc très reconnaissant d’être là où je suis aujourd’hui. En fait, je n’ai jamais visé la lune ou les étoiles. Je vise aussi haut que je veux aller, mais dans ce métier… Je suis juste reconnaissant pour chaque étape que j’ai franchie.

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