Emilie Caen et Florent Peyre forment un couple tragi-comique dans Papa ou Maman – La série, dérivée des films éponymes. Alors qu’ils ne se connaissaient pas avant ce projet, leur complicité à l’écran est évidente et ils s’en donnent à cœur joie à se faire des coups bas et à se dire « Je t’aime moi non plus ». La diffusion de Papa ou Maman – La série commence ce 6 décembre sur M6.
Vous connaissiez-vous avant ce projet ?
Emilie Caen : Non. Mais cela s’est hyper bien passé dès le début.
Florent Peyre : Dès les essais.
Comment se sont passés ces essais ?
FP : On nous a demandé des scènes qui ont été écrites exprès pour les auditions. J’ai une mini anecdote si ça vous intéresse ?
EC : Oh oui, ça nous intéresse. (Rires)
FP : Je suis arrivé au call back, j’étais plein d’angoisses. J’entends les essais du comédien avant moi et comme je le connais, je me dis : « C’est foutu ». Ses essais durent une demi-heure, j’entends des engueulades et des cris mais je n’ai pas du tout préparé ça. J’ai le texte des premiers essais donc je ne comprends pas pourquoi il crie comme ça. J’arrive devant le réalisateur, Frédéric Balekdjian, qui est quelqu’un d’assez timide et réservé. Il me dit d’une petite voix : « Bonjour, tu as préparé la scène du garage et de la banane ? » Je lui réponds : « Bah non, j’ai les scènes des premiers essais. » Bref, je n’avais pas le bon texte. Je me dis que c’est maintenant ou jamais et j’apprends donc rapidement le texte et les essais ont été torchés en cinq minutes. C’est-à-dire que je faisais une proposition et Frédéric me disait d’une petite voix : « Bon d’accord. Tu peux la faire plus énervé ? » Il a alors hoché la tête puis : « Un peu plus joyeux ? » Et là, il était censé rire. Il a fait : « Mmmh ». Et en cinq minutes c’était fait. Je me suis dit : « Il déteste, il est en train d’abréger mes souffrances. » Et en fait non. Il abrégeait parce qu’il a eu le coup de foudre ! Tout simplement ! (Rires)
Et donc, Emilie, quand vous avez fait vos premiers essais avec Florent et cela a collé tout de suite.
EC : Oui, tout de suite. Il restait quelques filles et Florent a passé des essais avec chacune. Nous ne nous connaissions pas du tout. Après des « Bonjour », « Bonjour », nous nous sommes assis côte à côte, une jeune fille nous donnait la réplique en face et tout de suite il y a quelque chose qui s’est passé, dans la complicité. Nous nous écoutions.
FP : Le fait qu’avoir vécu ensemble pendant quatre ans avant, ça a aidé. Nous ne nous écoutions pas du tout d’ailleurs à l’époque. (Rires)
Quelles ont été vos interrogations quand on vous a proposé ce projet vu le succès des films au cinéma ?
FP : Nous avions déjà lu les scènes d’essai et elles étaient déjà très bien écrites. Donc je me disais que si le reste était de ce niveau, je serais très heureux. Sur la comparaison avec le film, ça se dissipe assez vite parce qu’Emilie ne ressemble pas du tout à Laurent Lafitte et je ne ressemble pas du tout à Marina Fois. (Rires)
EC : Le ton est irrévérencieux mais cela s’arrête là.
Les enjeux ne sont pas les mêmes car dans la série, les parents veulent la garde des enfants, contrairement aux films.
FP : Exactement.
EC : C’est aussi étalé sur six épisodes. Et cela donne lieu à beaucoup de situations différentes et une histoire plus vaste. Les personnages sont très développés et sont géniaux. Il y a plein d’histoires parallèles. Nous ne faisons pas les mêmes métiers que dans le film.
Vous n’avez pas essayé de les mimer de toute façon.
EC : Non parce que nous sommes très différents. Ils n’ont pas non plus cherché des clones. Je suis très différente de Marina Fois. Au début, j’ai appréhendé le projet parce que j’adore cette actrice mais très vite, je me suis rendue compte que c’était vraiment pour autre chose qu’on m’avait choisie. Donc, cela détend. (A Florent Peyre) Tu as quelque chose à rajouter ?
FP : Non. C’était tellement bien.
EC : C’était brillant.
FP : J’ai pris des notes. Je pourrais avoir le mémo vocal ? Parce que je voudrais le réécouter.
Si vous deviez présenter le personnage de l’autre, que diriez-vous ?
EC : Ahah ! Je pense qu’il est assez… Il n’a pas conscience… Comment dire… Est-ce que c’est de la fourberie ou de la lâcheté ? Il croit qu’il s’occupe très bien de ses enfants. Il s’en occupe très bien quand il s’en occupe c’est-à-dire deux heures par-ci, deux heures par-là. Tout à coup, il découvre ce que c’est que de s’occuper des enfants. Mais il a cette capacité à rebondir toujours dans la joie. Il peut passer d’un épisode un peu compliqué, dramatique, conflictuel avec quelqu’un et deux secondes après, il est dans sa voiture et il écoute une chanson portugaise et tout va bien. Il y a quand même beaucoup de tendresse et de bienveillance entre eux. Je trouve que cela se ressent dans les personnages. Mais ils ont ce truc commun de ne jamais anticiper les conséquences de leurs actes. Ils vont tête baissée pour piéger l’autre ou lui faire mal sans penser à ce que cela va engendrer.
FP : A mon tour de te présenter. C’est une folle. Question suivante. (Rires) Ils ont en commun qu’il sont un peu cintrés parce que personne ne gère ce genre de conflit de cette manière-là, en allant si loin dans la folie. C’est ça qui rend la série hyper drôle. On sent un peu d’amour entre les deux, c’est ce qui les rend très attachants aussi. Après, elle est moins joyeuse que lui. Elle est un peu plus écorchée, elle est à fleur de peau et elle a la larmiche facile. Et l’hystérie facile, aussi. Hein ?
EC : (Haussant les épaules) Cliché.
FP : C’est la super maman, elle s’occupe très bien de ses enfants, elle sait tout faire, la maison est toujours nickel, le frigo est plein, les petits plats sont prêts. Mais comme elle a quand même la volonté de se relancer dans une vie professionnelle, elle veut aussi prouver à son futur ex-mari qu’elle peut très bien faire sans lui et qu’elle peut encore plaire.
Le divorce l’a fait éclore, elle se libère.
EC : C’est vrai.
FP : Les gens devraient divorcer plus souvent. (Rires)
Au début de la série, ils semblent un peu plus tendres l’un envers l’autre que dans le film.
EC : Non, non.
FP : Parce que dans le film, vous attaquez tout de suite dans le vif du sujet. Là, nous avons six épisodes et nous prenons notre temps.
EC : Il y a vraiment des coups très violents.
FP : Patience. Cela va très loin. Mais, vous vous dites que pour qu’ils déploient autant d’énergie pour nuire à l’autre et sans jamais réussir à se séparer réellement, c’est qu’il reste un fond d’amour. Pour donner autant de temps à fomenter des fourberies alors qu’il faudrait mieux en finir tout de suite. C’est très attachant. Il y a toujours de l’amour en fond et même les quelques fois où ils vont trop loin dans le piège ou la mesquinerie, derrière, ils ne vont pas s’excuser mais vous sentez que cela les touche. Finalement, ils n’aiment pas faire trop de mal à l’autre.
Quels sont les autres enjeux dans la série en dehors de leur couple ?
EC : Il y a les autres personnages. Il y a ma meilleure amie, jouée par Eye Haïdara. Il y a les enfants et les grands-parents. Il y a beaucoup d’histoires parallèles.
Les enfants semblent prendre plutôt bien la séparation.
EC : Le rapport va s’inverser. Ils vont devenir les parents de leurs propres parents. Ils vont être très actifs.
Le couple en crise a souvent été traité à la télévision, mais rarement en comédie. Aviez-vous des craintes en abordant un tel projet ?
EC : Cela m’a traversé l’esprit mais c’est tellement bien écrit. C’est si rare.
FP : Et le ton aussi. Donc effectivement, cela a été traité souvent mais pas de cette façon, en se permettant d’aller si loin, sans se censurer.
EC : Dans les deux premiers épisodes, peut-être pas, mais dans la suite, il y a des situations où nous pensions qu’elles ne passeraient pas à la télé. Mais comme il y a la caution des deux films qui ont marché, ils nous ont laissé carte blanche. Et avoir une telle liberté, c’est génial.
FP : Par exemple, les grands-parents qui veulent refaire leur vie. Ils ont des amants beaucoup plus jeunes qu’eux, ils dorment sous le même toit. Au début, on se demande même s’ils ne font pas des partouzes. C’est très moderne. Vous sentez tout ça. Dans les vannes des enfants. Vous sentez à la lecture et au tournage qu’ils nous laissent y aller. Ce n’est pas du courage mais c’est très bien pour des diffuseurs et des producteurs de se dire : « Arrêtons d’être frileux. »
Il est souvent dit que tourner avec des animaux et des enfants…
EC : C’est ce qu’il y a de pire.
FP : Moi, je préfère les chats aux enfants.
Comment s’est passé le tournage avec Marie Narbonne, Nicolas Decroly et Charlie Paulet ?
FP : C’est leur premier tournage à tous les trois. A part Marie qui avait fait pas mal d’impro.
EC : Oui mais c’est son premier vrai tournage. Elle est très douée, c’est incroyable. Vous redoublez de vigilance. Je me suis dit : « C’est moi l’adulte, il faut que je fasse attention s’ils oublient leur texte, je suis là au cas où. » Mais en fait, ce sont eux qui sont sur le coup et ils m’ont surprise plus d’une fois parce qu’ils exigent qu’on soit dans l’instant présent. Vous revenez à quelque chose de très instinctif dans votre jeu. Ils n’ont pas de cours derrière eux, ni de méthode. Ils sont natures. C’est désarmant.
FP : Je me disais : « Chouette, on se retrouve entre enfants. Il n’y a pas d’adultes. On va pouvoir faire ce qu’on veut. » (Rires) Non, c’était super. Et ils étaient très pros, toujours le texte su.
EC : Ils sont excellents.
FP : Nicolas avait parfois des pavés de texte pour jouer son rôle d’intello. Il se trouve qu’il est un peu comme ça dans la vie. (Rires) Je crois que cela ne lui changeait pas trop. Mais il avait des trucs sur la physique quantique ou, à un moment, il drague la nana et il lui parle de viol et en même temps de GHB. C’était un pavé ! Il arrive pour draguer cette nana et c’est plus que Wikipédia, c’est Science & Vie qui débarque et, c’était sans problème pour lui. C’était très agréable de travailler avec eux.
EC : Ils m’ont cueillie plus d’une fois.
Ce sont des histoires qui vous inspirent pour une prochaine vengeance ?
EC : ‘Pas du tout. (Rires) Je ne sais pas qui fait ça dans la vie.
FP : Moi, si je quitte ma femme, je reprends les six épisodes et je refais tout, chronologiquement.
Pourquoi pensez-vous qu’il y a de plus en plus de divorces aujourd’hui ?
FP : Parce que les femmes sont de plus en plus chiantes. (Rires) Voilà, vous avez votre titre. Merci et bien belle journée à vous ! (Rires) Non mais c’est plus facile aujourd’hui que pour nos parents et nos grands-parents. C’est plus admis, en tout cas. Vous savez que c’est plus facile et vous avez moins le courage de vous bagarrer. Vous êtes marié – enfin moi non, mais c’est ma vision du couple – et s’il y a des orages à passer, vous baissez la tête et vous les passez ensemble. Effectivement, le fait que le divorce soit plus simple, vous vous dites que vous allez vous séparer et vous zappez. Peut-être qu’aujourd’hui nous consommons le couple comme nous consommons tout. Je ne sais pas. Et là, je vois que je vous impressionne énormément et que vous vous dites : « Il a une vision sur la société quand il arrête de dire des conneries et c’est chiant. Pourvu qu’il fasse une vanne. » (Rires)
EC : Il y a plein de modèles différents dans la série. Il y a le modèle de ma meilleure amie qui ne veut pas être en couple. Le modèle de mes parents qui, à un certain âge, divorcent alors que vous pourriez imaginer qu’ils sont installés dans leur couple et qu’ils ne le remettent pas en cause. Et si, justement, ils divorcent pour vivre autre chose. Et il y a nous.
Pensez-vous qu’adapter des films en série comme Papa ou Maman et Hippocrate pourrait devenir une mode en France ?
EC : Est-ce qu’on peut avoir un avis là-dessus du moment que c’est bien fait ? Les deux projets que vous citez sont très intéressants et faits intelligemment. Donc super, tant mieux.
FP : Je pense que ce qui attire les auteurs et les réalisateurs, c’est qu’une série c’est six, huit ou douze épisodes. Cela vous donne une possibilité de développement des personnages, des situations et des histoires. Quand vous avez aimé un personnage dans un film, vous vous dites qu’il pourrait vivre plein de trucs. Vous avez envie de le voir ailleurs et plutôt que de faire le n°2 puis le n°3 autant lancer une série pour les faire vivre. Il y a aussi le public qui adore les séries.
Et pour un acteur ?
FP : Je pourrais vous faire la même réponse. Le fait de rester quatre mois sur votre personnage, vous faites très vite le chemin l’un vers l’autre, c’est-à-dire de l’acteur vers le personnage, et vous vous trouvez à un moment du chemin où il y a plus du personnage que de l’acteur, je ne sais pas, mais l’ensemble fait le personnage et d’un coup, vous savez qui il est, comment il réfléchit. J’étais super content de le retrouver le lundi matin après un week-end sans lui. Je me disais que j’allais pouvoir gueuler à nouveau sur tout le monde, faire des colères.
Ce genre de comédie est-il un bon défouloir ?
FP : Oui, quand c’est écrit comme cette série-là qui nous donne tout à jouer. Il y a beaucoup de comédie, certes, mais il y a aussi des scènes d’engueulades, de bagarres, d’action…
EEC : Il y a des gags visuels, des punch lines.
FP : Il y a de tout. Après j’ai une scène que je prends toujours en exemple car elle m’a défoulé. Et je me suis rendu compte qu’il y avait des gens qui payaient pour faire ça. Comme quoi, nous avons un beau métier. J’ai eu une journée où j’ai commencé avec mon personnage qui se gare devant l’école. Je me gare mal et la maîtresse sort. Je ne sais pas que c’est la maîtresse, et comme ma femme m’a déjà bien démarré la journée, elle prend pour toutes les femmes de la terre entière. Je la traite de connasse à tue-tête. J’ai donc passé deux heures à hurler « connasse » sur une comédienne dont c’était le premier jour. Nous nous étions croisés au maquillage et j’avais eu à peine le temps de la saluer, la pauvre. Et je lui ai hurlé dessus pendant deux heures le matin. Je suis arrivé à la pause de midi et j’étais zen, j’étais bien. C’est vrai que dans la vie, nous déjà, nous ne le faisons pas tout le temps, mais j’imagine les gens qui ont une vie de bureau, obligés de s’enfermer dans les cabinets de psys pour hurler sur la photo de leur patron.
Du coup, vous étiez détendu pour la scène de sexe qui a suivi avec cette maîtresse.
FP : Exactement. C’est vrai que nous l’avons faite le même jour. Elle a donc eu une journée agitée. (Rires)
Crédit photos : © EndelmolShine Fiction/M 6
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