Dumbo est la cinquième collaboration entre l’acteur Danny DeVito et le réalisateur Tim Burton. L’occasion était trop belle pour ne pas revenir sur leur complicité cinématographique. Mais vue par le comédien. Parce que c’est plus drôle. Dumbo sort en salles ce 27 mars.
Mener une interview avec Danny DeVito est impossible. Il prend le contrôle de la conversation dès les salutations et après avoir dit tout ce qu’il avait en tête avec un grand sourire malicieux, il vous donne enfin la parole en rigolant et en s’excusant d’avoir était si bavard. Et alors qu’il répond avec un professionnalisme à toute épreuve, et pourtant sans jamais se prendre au sérieux, vous sentez son cerveau analyser ce qu’il est en train de raconter et, tout à coup, il part dans une digression où il peut vous expliquer certains événements de sa vie ou de sa carrière parce qu’il est né par césarienne… Vous lui faites remarquer que cet entretien ressemble désormais à une séance chez le psy et le voilà qui s’allonge sur le canapé. Mais c’est lui qui pose les questions.
Acteur, réalisateur et producteur, Danny DeVito, bientôt 75 ans, a commencé sa carrière dans les années 1970. Son physique atypique l’a souvent mené à des personnages comiques mais c’est aussi un formidable acteur dramatique. Le rôle pour lequel il restera à jamais connu est le Pingouin dans Batman, le défi, sa première collaboration avec Tim Burton. Ce dernier est le réalisateur avec qui il a le plus tourné. Tous deux ont développé une jolie amitié et un respect mutuel. L’acteur devient d’ailleurs tout de suite ému dès qu’il aborde le sujet, ne tarissant pas d’éloges envers le cinéaste. Mais comme il préfère toujours le rire aux larmes, il ne manque jamais l’occasion de vous régaler d’une anecdote croustillante en évoquant leurs films.
Batman, le défi (1992)
« C’est ma première rencontre avec Tim Burton. Dans son bureau, il y avait une peinture représentant un étrange garçon habillé de noir devant les bandes rouges et blanches typiques d’un cirque. La légende dit : « Mon nom est Jimmy mais ‘mes amis’ m’appellent l’hideux garçon pingouin » [c’est en fait un poème de Tim Burton]. Tim m’a donné la peinture parce que c’est mon personnage dans Batman, le défi. Je l’ai toujours chez moi. La seule façon de travailler avec Tim est de se jeter à corps perdu dans son projet. C’est un artiste et les acteurs sont ses couleurs. Vous appartenez alors à sa palette, que vous soyez au premier ou en arrière-plan. Et moi, j’ai toujours voulu faire partie de sa boîte de peintures. »
Mars Attacks! (1996)
« Vous voulez une histoire drôle ? Je suis au régime depuis l’âge de 10 ans. Je mange trop. J’ai toujours bataillé avec ces trucs hédonistes dont j’aime profiter dans ma vie. Dans Mars Attacks !, je suis un flambeur avec un costard génial. Comme j’essaye toujours de perdre du poids, je dois régulièrement serrer un peu plus ma ceinture. A un moment du film, je suis poursuivi par des Martiens dans un cimetière pour néons et ils me tirent dessus avec un rayon laser. Je me secoue alors dans tous les sens. J’ai tout à coup rentré mon ventre et mon pantalon a atterri sur mes chevilles. Ce n’était pas prévu ! Je ne comprends pas pourquoi Tim n’a pas gardé cette prise. Je portais pourtant des sous-vêtements ! »
Big Fish (2003)
« J’ai adoré ce script et sachant que Tim était le réalisateur, je savais que ce serait encore une expérience magique, saugrenue et surréaliste. Cette histoire de relation entre un père et son fils fait naître tant d’émotions. Quand je le regarde, je pense toujours à mon père, du début à la fin. C’est aussi dans ce film qu’on voit mes fesses pour la première fois. Je ferais n’importe quoi pour Tim ! Combien d’occasions avez-vous dans une carrière de tourner dans un récit aussi merveilleux et de jouer un loup-garou ? Et donc à un moment, mon personnage se retrouve tout nu dans les bois. Dès que j’ai lu ça dans le scénario, j’ai commencé un régime et à me frictionner le corps avec des crèmes ! »
Dumbo (2019)
« Avec Tim, on peut ne pas se voir pendant longtemps mais quand on se retrouve, c’est comme si on s’était quittés la veille. C’est mon troisième film sur le cirque avec lui après Batman, le défi et Big Fish. Il m’a dit que ce serait notre façon de conclure notre trilogie. Comme d’habitude, il partage avec ses acteurs ses dessins préparatoires. Vous voyez alors quelques éléments du film mais surtout vous ressentez les thèmes qui le préoccupent dans cette histoire. Dumbo est un récit qui m’a toujours touché. Ses valeurs méritent d’être transmises aux enfants et ses thématiques restent pertinentes aujourd’hui. Un enfant arraché à sa mère ? C’est malheureusement encore d’actualité. »
Hoffa (1992)
Cette fois, Danny DeVito est le réalisateur et Tim Burton est l’acteur.
« Tim est venu me rendre visite sur Hoffa que je réalisais. Il a accepté de jouer dans mon film au pied levé. Je l’ai alors mis dans un cercueil car il interprète un cadavre ! Peu ferait ça pour moi vu l’intérêt du rôle. Ma caméra passe au-dessus de huit cercueils et il est dans l’un d’eux, à faire le mort. J’ai tourné une dernière prise juste pour le taquiner. J’ai approché la caméra très près de son visage. Jack Nicholson [qui joue Jimmy Hoffa] et moi nous penchons sur lui et je dis : « Oh Timmy, réveille-toi » et ça le fait sursauter. On le chatouille et pendant qu’il rigole, je ferme le cercueil. On a gardé la prise, mais juste pour le making of. »
Article paru dans Le Parisien Week-end – 29 mars 2019
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