Dame Judi Dench, M pour Maman de Bond – Interview pour Skyfall

Depuis 7 films, elle incarne la patronne de James Bond. Dans Skyfall, son rôle prend de l’importance face à 007 mais aussi, et pour une fois, face au méchant. Mais chut, c’est un secret.

Skyfall semble plus se centrer sur M. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Dame Judi Dench : (Sourire) Non, je ne peux pas. Il y a plus de répliques à apprendre, beaucoup plus, et plus de jours de tournage, plus de travail avec Daniel [Craig], avec Javier [Bardem] et avec Rory Kinnear [qui joue Bill Tanner, son assistant, NDLR].

Comment décririez-vous la relation entre M et Bond dans Skyfall ?

Et bien, j’ai plus à jouer dans ce film donc on a évidemment plus d’interaction l’un avec l’autre, plus à montrer quant à nos sentiments, notre passé.

Vous avez aussi plus de scènes avec le méchant joué par Javier Bardem.

C’est plus excitant pour moi. Beaucoup plus, surtout quand vous avez Javier en face de vous.

Avez-vous découvert de nouvelles choses sur M avec ce nouvel épisode ?

Oui. (Rires) Quelques unes.

On n’a jamais vu M dans l’action. A-t-elle des aptitudes que nous ne voyons pas ?

J’imagine qu’elle ne serait pas arrivée à la tête du MI6 si ce n’était pas le cas.

Les films ont 50 ans. Les avez-vous toujours suivis ?

Comme tout le monde ici. Les Bond sont iconiques. On attendait le nouveau Bond et on ne le manquait pas. Mon mari était un grand fan de Bond et était très excité à l’idée d’avoir une femme Bond chez lui. On ne les appelle plus « girls » maintenant, n’est-ce pas ? Et surtout M n’avait encore jamais été joué par une femme. Beaucoup disent que c’est suite à la nomination de Dame Stella Rimington à la tête du MI5 mais je crois que le scénario a été écrit avant. Je dois la rencontrer bientôt, pour un déjeuner entre Dames, et j’en suis enchantée. Il y a beaucoup à dire sur elle. Elle va me donner quelques conseils mais trop tard.

Cela vous servira pour le prochain Bond.

Qui sait ?

Quels sont les avantages d’avoir une femme pour M ?

Cela donne un point de vue différent sur Bond. Je ne suis pas un homme donnant des ordres à un autre homme. Le fait que ce soit une femme, et qui plus est son ainée, apporte un point de vue différent mais aussi plus de tension.

Pour avoir joué avec les deux, comment compareriez-vous le Bond de Pierce Brosnan et celui de Daniel Craig ?

La différence est extrême. Daniel est plus un Bond d’aujourd’hui mais tous deux ont cette même autodérision, cette façon ironique de pouvoir dire les pires choses tout en restant décontracté. Le flegme britannique, la lippe sévère, vous savez, vous pouvez continuellement vous moquer de ça.

Comment avez-vous rationalisé le passage de Brosnan à Craig ? Normalement, quand un nouveau Bond débarque, tout le monde assume que c’est le même personnage et continue comme si de rien n’était.

En un sens, c’est ce qui doit se passer mais comme ce sont deux personnes différentes, je ne parle pas à Pierce de la même façon qu’à Daniel simplement parce qu’ils ne réagissent pas de la même façon. Et c’est réciproque. Si Pierce devait jouer le Bond de Skyfall, mes réactions seraient également différentes de celles que j’ai eues face à Daniel. Dans Casino Royale, c’est aussi lié à l’écriture. Je traite Bond comme quelqu’un de prétentieux et de prometteur, un petit jeune que je dois surveiller.

Comment Daniel a-t-il changé le personnage de Bond ?

Je ne sais pas. Il le joue à sa façon. C’est difficile pour moi car j’ai travaillé de près avec les deux et ce sont deux genres d’acteurs très différents. Néanmoins, tous deux ont endossé la cape de Bond. Mon Dieu que ce doit être dur ! Une fois que vous acceptez ça, vous vous appelez James Bond pour le reste de votre vie.

Qu’aimez-vous chez M ?

Je ne fais jamais ça avec un personnage, l’aimer ou le détester, car je pense qu’il y a toujours beaucoup de choses à détester dans un personnage et autant à admirer. Je ne décide pas lesquelles sont lesquelles. J’aime le défi de le jouer. J’aime aussi l’effet que jouer M a sur mon petit-fils et ses amis. (Rires) Ils n’osent pas mettre la pagaille chez moi !

Article paru dans Studio Ciné Live – Hors-série James Bond – 2012