La série Braquo s’achève sur cette ultime saison 4, sur Canal+ dès ce soir. Un adieu aux armes signé à nouveau par Abdel Raouf Dafri, le scénariste au franc-parler désormais légendaire.

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Karole Rocher, Jean-Hugues Anglade, Joseph Malerba

Sur la fin de la série :

La fin est ouverte mais pas au point de se dire qu’on va retourner au turbin. Cela me casserait les couilles de faire la saison de trop. La série vit sur une énergie. Il faut une vraie justification et un vrai désir d’histoire pour revenir. Dans le showbiz il y a deux règles : ne rate pas ton entrée, ne rate pas ta sortie. On devait arrêter. Un artiste ne doit pas entrer dans la rente ni fonctionner comme un fonctionnaire.

Sur la saison 4 :

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Abdel Raouf Dafri

La suite de la saison 3 ne suffisait pas pour revenir avec une saison 4. Il nous fallait une vraie bonne histoire qui nous permette d’amener des choses originales et connaître un peu plus Caplan, qu’on a fait qu’effleurer jusqu’ici. On devait aller vers quelque chose de plus brutal. La réalité est désormais au-delà de la violence, elle est dans la barbarie pure. Il fallait mettre nos héros en danger et creuser Caplan.

Sur la violence de la série :

La brutalité de la criminalité correspond à la brutalité de la société dans laquelle nous vivons. D’où la violence de Braquo. J’ai travaillé avec le commissaire divisionnaire Jean-Marc Souvira. Il m’a montré des photos de vraies scènes de crime. Si je les avais représentées dans Braquo, on m’aurait accusé de complaisance.

Sur la torture dans la série :

Mais elle est réelle. Souvenez-vous de ce qui est arrivé au petit Halimi.

Sur l’évolution des personnages :

Ils ne sont jamais allés aussi loin dans la violence. Dans la saison 4, ils vont jusqu’au bout du bout de leur connerie. Ils tombent de Charybde en Scylla. C’est leur parcours. A un moment, les émotions les portent plus que la raison. Ils sont menés par la justification de ce qu’ils pensent être la justice et leur bon droit.

Sur son côté justicier :

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Joseph Malerba, Jean-Hugues Anglade, Karole Rocher

On ne peut pas raisonner quelqu’un qui s’attaque à des enfants, qui vend de la drogue et qui tue froidement. Il faut l’abattre. C’est un discours limite mais je l’assume. La peine de mort par l’Etat ne m’intéresse pas. Je suis pour la peine de mort pour la personne. On donne un flingue au type lésé et il liquide le coupable dans une cour. A l’ancienne. Je ne suis pas persuadé qu’il sera complètement soulagé ni que cela rachètera quoi que ce soit, mais cela lui fera plaisir.

Sur la morale de la série :

La morale n’a rien à voir avec l’art ou tout du moins la fiction. Je ne suis pas là pour me demander si c’est moralement acceptable. Je m’en fous. Cela fonctionne avec l’histoire et avec les personnages, cela nourrit le spectacle ? Oui ? Alors on fait. On est dans la pure fiction comme avec Die Hard ou Training Day. On s’approprie la réalité criminelle du bitume et de la société française et on la retranscrit en termes de mythologie à l’écran. Les personnages de Braquo sont des figures mythologiques, des fantasmes de fiction pure. Aucun flic ne leur ressemble dans la réalité. Braquo n’a jamais été un documentaire ni quelque chose de réaliste. L’idée est d’être le plus crédible possible dans les actes de violence, de fabriquer quelque chose de bigger than life dans les dimensions de la télévision.

Sur sa vision de l’humanité :

L’humain ? Il n’y a pas grand-chose à espérer de lui. Il n’est que violence et autodestruction.

 

Saison 4 – Sur Canal+ à partir du 12 septembre

Crédit photos : ©Canal+

Article paru dans Studio Ciné Live – N°82 – Septembre 2016

 

 

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