Remake du film éponyme danois de 2005, Ambulance de Michael Bay met en scène deux braqueurs de banque poursuivis par la police de Los Angeles et le FBI dans les rues de la mégalopole californienne. Dans leur fuite, ils volent une ambulance avec à son bord un flic blessé et une secouriste. Le long métrage est une course-poursuite urbaine quasi non stop qui n’oublie pas de développer des personnages complexes et attachants. Héros ou vilains, ils ne cessent d’évoluer tout au long de l’histoire, en fonction de leurs besoins et des informations qu’ils détiennent. Parfois, ils commettent des erreurs et parfois ils agissent pour le mieux. Mais le plus souvent, ils prennent de mauvaises décisions. Ambulance sort en salles ce 23 mars.
L’histoire
Ancien combattant décoré pour ses états de service, Will Sharp (Yahya Abdul-Mateen II) a désespérément besoin d’argent pour payer les frais médicaux de sa femme. Il demande de l’aide à son frère adoptif Danny (Jake Gyllenhaal), un criminel. Au lieu de lui prêter de l’argent, celui-ci lui propose un “petit” boulot : participer au plus gros braquage de l’histoire de Los Angeles avec à la clé 32 millions de dollars. Le casse tourne cependant à la catastrophe. Les deux frères volent une ambulance pour s’échapper. A son bord, un flic grièvement blessé et Camille Thompson (Eiza González), une secouriste.
La genèse
En 2015, le scénariste et producteur exécutif de la série “Chuck” Chris Fedak veut écrire pour le cinéma. C’est à cette époque qu’il découvre le thriller intimiste danois Ambulance (2005) écrit et réalisé par Laurits Munch-Petersen. Le cinéaste James Vanderbilt, ami et camarade d’université de Chris Fedak, et ses producteurs Bradley J. Fischer et William Sherak, ont alors une option sur les droits du remake. Le long métrage racontait, sur une journée, le parcours de deux braqueurs de banque qui détournent une ambulance avec un patient venant de faire une crise cardiaque à bord. L’idée de Chris Fedak est d’en faire un gros film d’action à Los Angeles tout en évoquant la trajectoire des braqueurs de banque, des secouristes et des flics.
En 2020, sous l’effet de la pandémie mondiale de la Covid-19, les tournages et les sorties de films sont retardés. Ce contexte inédit donne une idée à Michael Bay. Il pense tourner un film à Los Angeles, sur une période courte, pendant le confinement. Chris Fedak et les producteurs saisissent l’occasion.
Le tournage
La production a prévu un plan de tournage de 39 jours. Chris Fedak et Michael Bay travaillent sur le scénario tous les jours. “On discutait en permanence, on réécrivait l’intrigue, on en modifiait les rebondissements,” explique le scénariste.“Et on changeait encore des éléments jusqu’au dernier moment. On ne savait même pas quels personnages s’en sortaient à la fin, et tout faisait l’objet de débats entre nous. Je défendais certains personnages auxquels je tenais, et il faisait en sorte que chacune des scènes soit plus forte, plus cinématographique. J’ai adoré le fait qu’on envisage toutes sortes d’hypothèses dramaturgiques. Cette démarche d’improvisation et les accidents de parcours qui ont rythmé la préparation et le tournage n’en ont rendu le film que meilleur.” Le postulat central que Chris Fedak avait imaginé des années auparavant reste, lui, inchangé.
Le tournage s’avère rapide et efficace. Tout est réduit à l’essentiel, personne n’a de caravane ni de chauffeur. Il y a très peu de monde sur le plateau. “Le matin, quand Michael Bay descendait de sa voiture, il se précipitait directement sur le plateau,” se souvient Chris Fedak. “Il ne prenait même pas le temps de boire un café ou de s’entretenir avec son 1er assistant pour faire le point. A peine entendait-on claquer la portière de sa voiture qu’il était derrière la caméra et qu’on démarrait le tournage. Il déployait une énergie folle, sans jamais faire de pause. Jusqu’à ce qu’il remonte dans sa voiture et rentre chez lui. Cette énergie et ce sens du rythme se retrouvent intacts à l’écran.”
Les personnages de Will et Cam
En 2015, lorsque Chris Fedak s’attelle à l’écriture du scénario, les médias ne parlent que des vétérans. Les journaux télévisés affirment que les soldats rentrant d’Irak et d’Afghanistan sont abandonnés par le gouvernement américain. Chris Fedak invente alors le personnage de William James Sharp, un ancien combattant décoré pour ses états de service. Ce dernier est aux abois. Sa femme, atteinte d’un cancer, doit être opérée d’urgence. L’intervention coûte plus de 230 000 dollars, somme que Will est incapable de réunir. Ce héros de guerre n’a rien à faire dans un braquage de banque. Il se retrouve mêlé à ces événements par la force des choses. Tout au long du film, il est contraint de prendre des décisions qui pèseront sur son propre avenir, sur celui de sa famille et de son frère mais aussi sur celui du policier blessé et de la secouriste devenus ses otages involontaires.
Pour Camille Thompson, la secouriste, Chris Fedak s’est inspiré de son épouse, une assistante sociale qui, dans la vie, conserve son calme malgré la pression. “Ma femme sait parfaitement désamorcer des situations explosives et venir en aide aux gens qui en ont besoin,” explique le scénariste. “Lorsqu’il se produit une catastrophe et qu’on a besoin en urgence d’un médecin, d’un secouriste ou d’une assistante sociale, les gens comme elle sont toujours prêts à intervenir. C’est comme s’ils avaient un super-pouvoir. Ils se précipitent pour régler le problème.” Afin de se préparer au rôle, Eiza González a travaillé en étroite collaboration avec la consultante secouriste et infirmière Dannie Wurtz. Celle-ci l’a initiée à la précision des soins à prodiguer à un patient dans un état critique dans une ambulance. Elle lui a aussi communiqué sa passion et son dévouement.
Los Angeles
Michael Bay a tourné Ambulance entièrement à Los Angeles et dans ses environs. L’objectif était de montrer la ville dans sa réalité, et non à travers une vision hollywoodienne idéalisée.
Au début de ses repérages, la chef décoratrice Karen Frick a poursuivi le réalisateur en voiture à travers plusieurs quartiers majeurs de Los Angeles, comme Chinatown et Santa Monica.
La Los Angeles Federal Bank & Trust où a lieu le braquage est en réalité une agence désaffectée de Bank of America. C’est désormais un lieu de tournage pour d’innombrables longs métrages, séries télé et publicités. Michael Bay souhaitait en particulier se servir de la salle des coffres de la banque. Mais les coffres forts et les tiroirs-caisses ne pouvaient pas fermer car il n’existe aucune clé pour les rouvrir. S’ils étaient fermés, ils risquaient de rester irrémédiablement verrouillés. Karen Frick et son équipe ont donc aménagé les coffres forts comme si les criminels les avaient fouillés.
Le régisseur d’extérieurs Rob Gibson a obtenu des autorisations de tournage et de circulation dans certaines rues et sur quelques tronçons d’autoroutes de la ville que peu sont capables de décrocher. Il a notamment négocié la fermeture à la circulation pendant 72 heures du carrefour, très fréquenté, de North Spring Street et Wilhardt Street. C’est là qu’a lieu la fusillade entre la police et la bande de Danny.
L’ambulance
Le coordinateur transports et véhicules de tournage Joey Freitas a mobilisé deux ambulances Falck toutes neuves, très haut de gamme, pour être les principaux véhicules. A la fin du tournage, la production devaient les restituer à Falck en parfait état. Joey Freitas a également trouvé trois ambulances supplémentaires pour les séquences de cascades et une petite flotte d’ambulances diverses.
Karen Frick et le chef accessoiriste Drew Petrotta ont fait en sorte que l’habitacle des ambulances soit parfaitement ordonné. Dannie Wurtz a validé le moindre accessoire.
L’intérieur des ambulances était blanc, ce qui rendait difficile l’éclairage des acteurs. Le blanc provoque en effet des reflets excessifs. Pour résoudre ce problème, l’équipe décors a collaboré avec l’éclairagiste Michael Ambrose. Ils ont construit et installé des meubles d’ébénisterie, des éclairages industriels et cliniques et un faux toit ouvrant. La déco a également intégré des cartes, des pendules, des interrupteurs, différents écrans et moniteurs LED et des tableaux de contrôle.
Une “ambulance à secousses” a été construite sur un cardan pour simuler le mouvement pendant que les comédiens se trouvaient à bord du véhicule. Ce décor n’a pas été fréquemment utilisé. Michael Bay, le chef opérateur Robert de Angelis et Karen Frick préféraient tourner dans l’espace exigu de la véritable ambulance. Cela instaure un climat de tension beaucoup plus réaliste.
Les prises de vues par drones
Michael Bay a chargé le producteur exécutif Michael Kase de se renseigner sur les progrès les plus récents et les plus spectaculaires en matière de technologie des drones. Il a repéré la société LightCraft. Davis Clark DiLillo, cofondateur et directeur technique de LightCraft, et son équipe avaient tourné des images prises par un drone passant du sommet du Air Korea Building – plus haut gratte-ciel de Los Angeles – au pied du bâtiment en moins de deux secondes. Nommé coordinateur des drones, Davis DiLillo était chargé de fournir assistance et coordination pour les prises de vues aériennes, réalisées par les drones. Ces derniers, baptisés “FPV” ou “véhicules à la première personne” étaient pilotés par Jordan Temkin et le champion de la Drone Racing League Alex Vanover.
Michael Bay a soigneusement conçu chacune des séquences de drone. Il expliquait à DiLillo et aux dronistes ce qu’il avait en tête, puis laissait ces derniers manœuvrer librement les engins. Les drones pouvaient atteindre la vitesse de 160 km/h. Alex Vanover et Jordan Temkin pilotaient les drones à l’aide de casques de réalité virtuelle Haute Définition. Les drones étaient capables de plonger du sommet d’un immeuble de bureaux du centre de Los Angeles, glissant le long du bâtiment et s’immobilisant à 30 cm du sol pour capter des images qu’il était impossible d’obtenir auparavant.
La course-poursuite dans le parking souterrain a été tournée au Palais des Congrès de Los Angeles. Un seul drone a filmé l’ambulance pendant toute la séquence sans s’arrêter, zigzaguant à toute vitesse parmi des dizaines de poteaux en béton.
Michael Bay a tourné une autre séquence au City Market, dans le Fashion District de Los Angeles. Ce vaste bâtiment de 4 ha à l’architecture industrielle offre un point de vue spectaculaire sur la silhouette des immeubles du centre-ville se détachant à l’horizon. C’est là que les drones dévalent un quai de chargement d’une quarantaine de mètres de long, puis passent à travers des portiques et sous un véhicule en train de faire un tonneau, avant de se positionner sur l’avant de l’ambulance fonçant à travers les rues.
Les prises de vues par hélicoptères
La partie de la course-poursuite tournée sur la Los Angeles River ne figurait pas dans le scénario. Le pilote d’hélicoptère Fred North a conseillé à David Nowell, le cadreur en charge des prises de vues aériennes, d’y tourner. Celui-ci en a parlé à Michael Bay. Deux semaines plus tard, l’équipe tournait près du fleuve, d’une longueur de 80 km, engoncé dans son canal de béton.
Fred North et Ben Skorstad pilotaient les deux hélicoptères qui traquent l’ambulance. Le premier appareil portait l’inscription “Support aérien du Los Angeles Police Department”. Le second arborait un emblème “Police” banalisé. David Nowell a équipé l’hélico Airbus H125 de Fred North d’un système de caméra Shotover K1. Il l’a fixé de telle sorte qu’il donne l’illusion d’être un dispositif de surveillance. Par conséquent, Michael Bay peut filmer les deux hélicoptères depuis la terre ferme, sans avoir recours à l’effacement numérique, en postproduction, du logement de la caméra qui dépasse de l’hélicoptère.
Piloter des hélicoptères le long de la Los Angeles River et à travers les rues de la ville a mobilisé une coordination extraordinaire entre l’équipe de tournage au sol, la Federal Aviation Administration, la mairie de Los Angeles, le LAPD, les sapeurs-pompiers de Los Angeles. Chacune de ces entités devaient délivrer de nombreuses validations et autorisations.
Pendant la course-poursuite de l’ambulance, les pilotes ont manœuvré les hélicos entre 1,50 m et 3 m au-dessus du fleuve. Ils gardaient une distance de 5 à 15 m entre chaque engin. Pour passer sous les ponts, les hélicoptères devaient voler tout près du sol. Ils se faufilaient dans les passages souterrains en veillant à ce que leurs pales ne frôlent jamais les voûtes du pont. En réalité, les hélicos du LAPD ne volent jamais aussi bas, ni si près l’un de l’autre. Ils garderaient au moins une distance de près de 100 m avec une ambulance en train de rouler. Par ailleurs, ils ne passent jamais sous un pont.
La course-poursuite
Le chef cascadeur Mike Gunther a supervisé toutes les scènes d’action et de cascades. Il était appuyé par Kyle Woods, son associé au sein de 5150 Action, et son équipe de cascadeurs (Andrew Decesare, Thomas-Forbes Johnson, Alex Schoenauer, David Wald). Mike Gunther a engagé les cascadeurs Dan Mast, Sli Lewis et Hannah Betts. Ces derniers ont respectivement doublé Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II et Eiza González. Le coordinateur de transports Joey Freitas a également été cascadeur sur le tournage. Grâce à sa double fonction, les équipes transport et cascades ont pu collaborer de manière fluide.
La production disposait d’une flotte d’une trentaine de voitures de police – identifiées comme telles ou banalisées. Elle avait également l’ambulance principale et les ambulances pour les cascades, les véhicules accidentés, etc.
L’équipe a soumis les trois acteurs principaux à son protocole de conduite ultra-sportif. Mike Gunther, Joey Freitas et leurs équipes ont installé des cônes de signalisation dans le parking. Puis ils ont testé les capacités des acteurs pour voir jusqu’où ils étaient prêts à aller dans une situation d’extrême tension. Sur la base de cette évaluation, les cascadeurs ont pris le relais et doublé les acteurs en cas de besoin. “On avait l’autorisation de conduire à 130 km/h dans des rues fermées à la circulation,” s’enthousiasme Jake Gyllenhaal. “Certaines se situaient à une quinzaine de pâtés de maison de là où j’ai grandi. C’était un rêve de gosse. Quand j’étais gamin, on jouait aux gendarmes et aux voleurs dans nos jardins. Et là, je le refaisais, grandeur nature, dans un film.”
Crédit photos : © Universal Pictures