La saga Matrix revient pour un quatrième opus signé par la réalisatrice Lana Wachowki. Dans Matrix Resurrections, Neil Patrick Harris incarne L’Analyste, le thérapeute de Thomas Anderson, interprété par Keanu Reeves. L’Analyste collabore étroitement avec Thomas pour décrypter le sens de ses rêves et savoir les distinguer de la réalité. Matrix Resurrections sort en salles ce 22 décembre.
Qu’avez-vous pensez du scénario ?
Neil Patrick Harris : J’ai adoré le script. Il y avait quelques trucs que je n’ai pas bien compris (rires), mais je me suis dit que ce n’était pas un problème. J’ai compris mon personnage et, à mes yeux, c’était le plus important.
Je me souviens d’une anecdote que m’a racontée Lana pour m’expliquer pourquoi elle avait voulu écrire un tel personnage. Elle avait perdu ses deux parents à peu de temps d’intervalle et elle avait rêvé d’un phénix qui renaissait de ses cendres, et de deux êtres qui tentaient de nouveau d’établir un lien. C’était une démarche intéressante et j’ai apprécié le fait que ce projet ne soit pas totalement gratuit. Il s’inspirait d’un vécu. Et, très sincèrement, j’ai adoré toute la dimension humoristique du film. Il y a une forme de réflexion profonde sur tous les projets antérieurs de Lana qu’on retrouve dans le film. Il y a pas mal d’éléments vraiment géniaux et quelques clins d’œil assumés.
Matrix Resurrections est votre premier gros film d’action.
La liste des choses que je veux faire avant de mourir est très longue et j’en ai déjà accomplies pas mal. J’ai commencé à établir cette liste vers l’âge de 16 ou 17 ans. Aujourd’hui, j’en ai 47. J’ai déjà fait du saut à l’élastique, du saut en parachute, du rafting. J’ai rebondi sur des bâtons sauteurs installés sur un pneumatique géant et effectué un salto arrière. Je me suis suspendu à un trapèze et j’ai été cracheur de feu. J’ai participé à de grosses productions et à des films plus modestes, à des comédies, à des spectacles sur d’importantes scènes de théâtre – et des scènes plus petites –, et j’ai animé des émissions. J’ai fait pas mal de choses. Mais je n’avais jamais tourné dans un gros film d’action.
J’ai joué dans Starship Troopers, qui certes était un film d’action, avec d’incroyables scènes de combat, mais je débarquais sur le plateau dans mon drôle de trench-coat en cuir, et tout ce que j’avais à dire, c’était “Oui, tout semble normal ici. Continuez”. Et je rentrais chez moi. Je me suis dit que je ne participais pas vraiment aux scènes d’action, mais que je me contentais de les observer de loin.
Du coup, j’avais vraiment envie de tourner dans un gros film d’action, avec les câbles, les explosions et les cascades. Et j’ai décroché ce rôle ! Je me suis beaucoup entraîné. J’étais en grande forme physique pour exécuter toutes les acrobaties. Malheureusement, j’ai découvert que mon personnage ne se fait tabasser que quelques fois. Mais ça ne m’a pas découragé. J’ai expliqué que je voulais réaliser mes propres cascades. Et je me suis retrouvé plaqué contre un mur ! Et je voulais y aller à fond ! Je disais à l’entraîneur de ne pas se retenir et de me balancer contre le mur !
Dans une autre scène, je reçois un coup de poing tellement violent que je décolle du sol ! Je me suis dit : “Si jamais une doublure cascade me ressemblant se pointe sur le plateau, prêt à se faire éclater la tête, je ne réponds plus de rien ! Je vais faire les cascades, un point c’est tout ! J’en assume la responsabilité ! Je m’en fous. J’ai fait trop d’efforts pour en arriver là et renoncer à faire mes propres cascades”. J’ai l’impression que la production a cru à la sincérité de ma passion. Je ne voulais pas être le genre d’acteur qui est filmé en gros plan, puis qui cède sa place à une doublure pour la scène où il tombe par terre et qui revient ensuite pour crier “Aïe !”. Car c’est le cri que je pousse quand je tombe. Enfin, il paraît. (Rires)
Que pensez-vous de la Matrice ?
Entre le premier rendez-vous avec Lana, le vol vers San Francisco, la séance de lecture, le tournage à San Francisco et l’arrivée à Berlin – on avait l’impression d’être dans une Matrice à part entière (rires). Je ne suis pas très sûr de moi. En tant qu’acteur, je travaille depuis une trentaine d’années. J’ai un registre de jeu assez large. Je connais mes domaines de compétence, non seulement ceux dans lesquels je n’ai pas besoin de faire grand-chose, mais aussi ceux où j’excelle… Et dans ce cas-là, pour une raison ou pour une autre, je ne savais absolument pas où le film m’entraînait pendant qu’on le tournait. (Rires) Je ne sais pas si c’était voulu, mais c’était une expérience intellectuelle intéressante comme seul Matrix pouvait me l’offrir.
J’ai le sentiment que le concept de la Matrice existe depuis bien plus longtemps qu’une vingtaine d’années. Les gens disent “est-ce que tu vas choisir la pilule rouge ?” dans toutes sortes de contextes différents. Je trouve que c’est devenu une expression qui a une très forte résonance. J’avais très envie de voir le making-of du film – pour comprendre quelles étaient les références de la réalisatrice, à quoi ressemblaient ses story-boards, quelles nouvelles technologies elle utilisait – je trouvais tout cela exaltant. J’observais tout cela comme quelqu’un qui était en apprentissage, mais je me sentais davantage comme un étudiant qui s’initiait à leur processus créatif.
Crédit photos : © Warner Bros.