Nous sommes habitués à la voir se battre et jouer des poings dans sa série Alias et dans Daredevil. C’est donc avec surprise que nous regardons Jennifer Garner retomber en enfance et jouer des zygomatiques dans sa première comédie romantique, 30 ans sinon rien. Mais le plus drôle, c’est qu’elle avoue être vraiment comme cela dans la vie.
Dans 30 ans sinon rien, vous incarnez une fille de 13 ans dans un corps d’adulte. Vous souvenez- vous de vos 13 ans ?
Jennifer Garner : J’étais aussi maladroite et mal à l’aise qu’aujourd’hui. Je vivais dans une petite ville de Virginie occidentale, j’étais heureuse et optimiste, le monde était plein de possibilités… Je ressemblais un peu à Jenna Rink, mon personnage, mais en plus intello. Je jouais du saxo dans la fanfare de l’école, je faisais de la natation et de la danse classique. Autant dire que mes activités m’excluaient d’office du concours de la fille la plus populaire du collège.
Le regrettiez-vous ?
Pas du tout. Mes copines et moi, même si on formait une drôle d’équipe, on était quand même cool. A notre façon. On n’était pas vraiment passionnées par le maquillage ou la mode… Je me rappelle qu’une année, je portais continuellement le même sweat-shirt mauve parce que je l’adorais. Chaque année, à chaque rentrée scolaire, je priais même pour que l’école instaure le port de l’uniforme car je ne comprenais pas pourquoi je devais m’inquiéter de ce que j’allais porter chaque jour. Ca va mieux maintenant. (Rires) Mais je remercie Dieu d’avoir une costumière au boulot parce que si je devais encore penser à ce que je dois porter chaque jour, je choisirai encore mon sweat-shirt mauve. (Sourire)
Vous avez 32 ans aujourd’hui. Ce rôle vous a-t-il demandé un effort de mémoire ?
Non, cette petite fille de 13 ans est plus présente en moi que vous ne sauriez l’imaginer. (Sourire) Sur la série Alias, quand je m’inquiétais de jouer ce rôle, on me rétorquait que j’avais 30 ans quand la caméra tournait mais que je retrouvais mes 13 ans dès que le réalisateur disait « Coupez ! ». J’allais donc être payée pour être ce que je suis et non pour jouer un rôle de composition. (Sourire)
Vous ressemblez donc plus à la gentille Jenna qu’à cette peste de Lucy jouée par Judy Greer.
Elle est en effet très proche de ma vraie personnalité. C’est ma démarche, ma façon de parler, ma façon d’être. Je me suis vraiment sentie exposée dans ce film, et très vulnérable. J’ai dû abandonner mes inhibitions pour trouver un juste équilibre entre m’amuser et être honnête, être vraie par rapport au rôle. Mais j’ai aussi fait des recherches poussées. (Sourire) J’ai participé à une pyjama party avec des filles de 13 ans. On a joué au Ouija, on a regardé des films, on s’est maquillées et on a mangé des cochonneries. J’ai été la première à aller me coucher. (Sourire) L’âge, je suppose.
Et aujourd’hui, êtes-vous contente d’avoir passé la trentaine ?
Oh oui ! Car c’est à partir de cet âge que les femmes cessent enfin de s’excuser d’être des femmes, elles cessent de s’excuser d’être intelligentes et de réussir. Elles ne cherchent plus à ressembler à ce que les autres voudraient qu’elles soient. Elles sont enfin elles-mêmes.
C’est votre première comédie alors que nous vous avons surtout remarquée dans des rôles d’action. Comment avez-vous abordé les scènes où vous devez être drôle ?
Comme des scènes d’action, en me donnant à fond. On ne peut pas se cacher, ni en action ni en comédie. La demi-mesure se voit tout de suite.
Et la scène de danse de Thriller ?
(Elle baisse la voix) Là encore, comme un combat d’arts martiaux. C’est aussi dur d’apprendre à danser que d’apprendre à se battre, mais ça ne plairait pas à des danseurs ni à des maîtres en arts martiaux que je dise ça. (Elle reprend sa voix normale) J’ai fait de la danse classique pendant quinze ans, la chorégraphie de Thriller n’était pas difficile pour moi, je me souvenais même de quelques pas. Mais c’est vrai que j’ai plus l’habitude d’être immobile sur la pointe des pieds que de me déhancher en rythme et de chercher à être cool et sensuelle en dansant. Mais le jour du tournage, j’étais vraiment sur un petit nuage. J’ai ressenti autant d’adrénaline et de bonheur que dans une bagarre sauf que cette fois, j’avais le droit de sourire. Dans Alias, je grogne.
L’action et les bagarres ne vous ont-t-elles pas trop manquées sur ce film ?
Enormément. Je ne me sentais pas toujours à ma place sur le tournage. Je demandais souvent autour de moi : « C’est vraiment drôle ce qu’on fait ? T’es sûr que ça fonctionne ? Que les gens vont rire ? » Et en moi-même je pensais : « Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une bonne petite bagarre ? »
Le scénario de 30 ans sinon rien rappelle beaucoup…
Big. (Elle soupire) Je sais.
En acceptant ce rôle, n’aviez-vous pas peur de la comparaison ? Vous avez même votre séquence dansée comme Tom Hanks sur son piano géant.
Je vénère Tom Hanks à tout point de vue, je trouve donc très présomptueux qu’être comparée à lui. Et je trouve aussi trop facile de comparer les deux films car ce n’est pas, et de loin, une version féminine de Big.
Vous ne pouvez tourner des films qu’entre deux saisons d’Alias. Est-ce difficile de trouver de bons projets ?
Pas vraiment. Je crois que jusqu’à présent j’ai eu de la chance. Chaque film que j’ai fait m’a beaucoup apporté. Et maintenant on vient me chercher pour les faire.
Et aujourd’hui, vous retrouvez le rôle d’Elektra que vous avez créé dans Daredevil.
C’est en quelque sorte une suite de ses aventures. On revient sur ce qu’il lui est arrivé dans Daredevil. C’est une histoire très sombre car Elektra est un assassin, un tueur à gages mais je voudrais que les gens l’aiment quand même un peu… On a aussi ajouté quelques personnages de Marvel qui ne sont jamais apparus sur grand écran comme Typhoid Mary ou Stick… (Son agent lui fait les gros yeux) Oups ! Je crois que j’en ai trop dit… (Son agent fait oui de la tête) D’accord, je me tais. (Et elle se tait)
Article paru dans Ciné Live – N°81 – Eté 2004
Crédit photos : © Revolution Studios /Thirteen Productions LLC
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