Animals de Nabil Ben Yadir raconte les derniers jours de la vie de Brahim, frappé à mort par quatre hommes assoiffés de violence parce qu’il était homosexuel. Le scénario est adapté de l’histoire vraie d’Ihsane Jarfi, 32 ans, victime d’un crime homophone en Belgique, en 2012. Animals sort en salles ce 15 février.
L’histoire de Brahim (Soufiane Chilah) dans Animals est celle d’Ihsane Jarfi, 32 ans. Le réalisateur Nabil Ben Yadir (Les Barons, La marche) a basé son scénario sur des faits réels. Il a reçu l’accord de la famille du jeune homme pour mettre en scène son film. Il a également respecté l’origine ethnique des assassins. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le mariage gay du père de l’un des tueurs à la fin du long métrage, a réellement eu lieu, une semaine après le meurtre. Le titre du film vient d’une réflexion d’un des accusés pendant le procès : “On n’est pas des animals”.
Nabil Ben Yadir a choisi de ne pas raconter la fin de l’histoire d’Ihsane. Il n’évoque ni le procès ni son verdict. Il voulait obliger le spectateur “à aller se renseigner sur la vraie histoire”. La voici.
Les faits
Ihsane Jarfi a disparu la nuit du dimanche 22 avril 2012, à Liège, en Belgique. Un témoin l’a vu pour la dernière fois à la sortie de l’Open Bar, un club essentiellement fréquenté par des homosexuels. Le jeune homme venait d’aider une jeune femme importunée par quatre individus qui voulaient l’entraîner dans leur voiture. Afin d’éloigner le danger du bar, il est monté dans le véhicule prétextant connaître des filles susceptibles de les intéresser.
Le 1er mai 2012, un homme qui circulait en voiture a découvert le corps d’Ihsane à Seny, dans la région de Tinlot. Il reposait au pied d’un pylône électrique, accessible uniquement par un chemin qui traverse un bois. Ihsane a subi de nombreux coups de poings et de pieds d’une très grande violence qui ont entraîné sa mort. L’autopsie a révélé un écrasement de la cage thoracique avec 17 côtes brisées, un écrasement cervical et des coups portés avec acharnement à la tête, au thorax et à l’abdomen. Ihsane a agonisé pendant 4 à 6 heures à l’endroit où ses tortionnaires l’ont abandonné.
L’enquête
Lors de leur investigation, les policiers ont d’abord tenté de localiser Ihsane Jarfi grâce à son téléphone portable. Ils ont repéré l’appareil cinq jours après le signalement de la disparition du jeune homme. Un nouveau numéro d’appel avait été introduit dans le téléphone. Le portable était alors en possession de Mutlu Kizilaslan (30 ans au moment des faits). Ce dernier a été entendu par les enquêteurs mais il a tout nié.
L’investigation a continué sur les appels téléphoniques. La nuit de la disparition d’Ihsane, Mutlu Kizilaslan a appelé à de nombreuses reprises Jérémy Wintgens (30 ans), Jonathan Lekeu (25 ans) et Eric Parmentier (36 ans). L’un de leurs téléphones a borné au niveau du pylône où a été découvert le corps d’Ihsane. Un témoin a vu monter la victime dans une voiture semblable à celle que possède Eric Parmentier.
Les policiers ont interrogé Jérémy Wintgens et Jonathan Lekeu. Tous deux et Mutlu Kizilaslan ont, par la suite, été incarcérés. Eric Parmentier était, quant à lui, en fuite. Il a appelé sa compagne au moment même où les enquêteurs l’auditionnaient. La police l’a ainsi repéré puis arrêté – deux jours après la découverte du corps d’Ihsane.
Mutlu Kizilaslan, Jérémy Wintgens, Jonathan Lekeu et Eric Parmentier ont été accusés d’avoir assassiné Ihsane Jarfi parce qu’il était homosexuel. Trois d’entre eux comptaient des antécédents judiciaires de violences à leur actif.
Le verdict
En 2014, le jury de la cour d’assises de Liège a reconnus coupables les quatre accusés. La justice a condamné Mutlu Kizilaslan, Jérémy Wintgens et Eric Parmentier à la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat homophobe et Jonathan Lekeu à 30 ans d’emprisonnement pour meurtre homophobe. Dans le droit belge, l’assassinat et le meurtre requièrent l’intention de donner la mort. L’assassinat implique en outre la préméditation.
En plus de la circonstance aggravante d’homophobie, des faits de torture, de traitements inhumains et dégradants et de séquestration ont été retenus contre les quatre accusés. Le jury a également tenu compte de la gravité extrême des faits, du mépris des accusés pour la vie humaine et pour le droit à la diversité, de leur acharnement brutal alors qu’ils étaient physiquement supérieurs à Ihsane Jarfi.
Crédit photos : © JHR Films