Il adorait faire l’imbécile et a fait rire des millions de spectateurs avec ses rôles de naïf rigolo. Mais derrière cette figure populaire du cinéma français se cachait un homme pudique et déterminé. France 3 diffuse le documentaire La traversée de Bourvil ce 23 septembre – jour anniversaire de sa mort -, à 21h10.
La famille avant tout
A 17 ans, André Raimbourg, dit Bourvil, rencontre Jeanne dans un bal, mais il attendra neuf ans avant de l’épouser. Non par hésitation, mais parce que l’acteur en devenir souhaite avant cela gagner assez d’argent pour vivre à Paris avec elle. Ensemble, ils auront deux fils, Dominique et Philippe, et si l’acteur vit pour son métier, il renonce facilement à un film pour passer des vacances avec femme et enfants. Quand il tourne à Paris ou y joue au théâtre, il prend déjeuner et dîners avec eux. Et il ne travaille que neuf mois par an, afin de profiter de ses proches. Des proches qu’il tient éloignés de sa vie professionnelle.
Le cinéma, sa seule tribune
Bourvil s’est toujours refusé à s’exprimer en public sur des sujets qui ne concernaient pas son art, affirmant que ce n’était pas son rôle et qu’il n’en avait d’ailleurs pas les compétences. “Je ne suis ni un philosophe, ni un grand écrivain, ni un homme politique. Je ne suis qu’un acteur. Et un chanteur, parfois,” aime-t-il préciser. “J’aime parler de mon métier, mais c’est tout. J’ai tellement peur de dire des bêtises…” Cependant, il n’hésite jamais à choisir des projets qui lui permettent d’aborder des sujets sensibles, voire sulfureux, sur la société française des années 1960. Le réalisateur Jean-Pierre Mocky lui en donne la possibilité à quatre reprises, avec des films comme Un drôle de paroissien, sur la religion, L’étalon, sur le sexe…
Discret jusqu’au bout
En 1969, on lui diagnostique un cancer de la moelle osseuse. Une maladie que Bourvil cachera soigneusement… par nécessité, craignant de ne plus pouvoir travailler si les assureurs l’apprennent. Souffrant en silence pendant trois ans, il continue à tourner malgré des douleurs intenses et une paralysie de la langue. Avec rage, il s’entraîne devant la glace, afin de retrouver une élocution parfaite. Alors que le mal le ronge, il affirme encore qu’il est “vernis” d’être autant comblé par son métier et sa famille. Sachant sa fin proche, mais toujours optimiste, ou dans le déni, il signe de nouveaux projets qu’il ne fera jamais : un spectacle à l’Olympia, le film La folie des grandeurs avec ses vieux complices Gérard Oury et Louis de Funès. Il tourne son dernier film, Le mur de l’Atlantique, durant l’été 1970. Il s’éteint en septembre, à seulement 53 ans.