Un matin, Louise ne parvient pas à sortir de sa voiture. Elle est prise de panique dès qu’elle ouvre la portière. Le hasard fait que c’est ce véhicule que Paul décide de voler. Et du coup, il kidnappe Louise. Commence alors un road trip cathartique pour les personnages et un road movie à la fois drôle et émouvant pour les spectateurs. En roue libre de Didier Barcelo sort en salles ce 29 juin.
1 – Le réalisateur
En roue libre est le premier long métrage de Didier Barcelo. Ancien créatif, il a réalisé plusieurs campagnes publicitaires multi-primées (Canalsat, VW, Cetelem, Leclerc…). Il a écrit deux long métrages avec Marie Deshaires et a mis en scène le court métrage The End avec Charlotte Rampling sélectionné dans plus de cinquante festivals dans le monde.
2 – La genèse
Pour En roue libre, Didier Barcelo a associé trois éléments qu’il adore : les huis-clos, la comédie et les paysages. “En combinant ces envies, quelque chose a surgi : l’idée d’un huis-clos en mouvement, un personnage en voiture qui ne comprend pas bien ce qui lui arrive mais qui va découvrir que sa vie ne ressemble pas à grand-chose. Cela résonnait avec ce que j’entendais autour de moi : des amis en proie à une crise de milieu de vie. Il leur semblait que tout allait bien et puis, en réfléchissant, leur vie n’était pas si rose que ça. J’ai inventé le personnage de Louise, je l’ai mise dans une voiture et je l’ai fait rouler.”
3 – Basé sur un fait réel
Le réalisateur et scénariste était persuadé que la pathologie qu’il avait imaginée pour Louise n’existait pas. Jusqu’à ce qu’une amie, chef de service dans un hôpital psychiatrique, lui raconte qu’elle avait eu une patiente restée coincée dans sa voiture, mais moins longtemps, quelques heures seulement. Elle s’était garée sur le bord de la route, sur le chemin de son travail, elle n’arrivait pas à en sortir. Il se trouve qu’elle subissait un harcèlement dans sa vie professionnelle.
4 – Un duo détonnant
En roue libre est écrit par Didier Barcelo et Marie Deshaires. Les deux compères ont très vite compris qu’ils n’iraient pas loin si Louise restait seule dans sa voiture, qu’une suite de rencontres, même cocasses, ne suffirait pas. Ils ont donc inventé un interlocuteur à Louise, avec sa propre histoire. Tous deux pouvaient ainsi se faire évoluer l’un l’autre, s’aider à résoudre leur situation personnelle. “Deux personnages qui n’ont a priori rien à faire ensemble sont réunis par des circonstances qui les rapprochent,” explique le réalisateur. “Louise est comme effondrée sur elle-même, Paul est plutôt dans une situation d’explosion. Ce sont deux personnes qui ont en commun d’avoir perdu quelqu’un, il y a entre eux quelque chose d’indicible qui se noue. La différence d’âge s’est imposée rapidement ; je n’avais pas envie d’une histoire d’amour au sens strict. C’est un couple qui n’est pas un couple.”
5 – Le casting de Marina Foïs
Didier Barcelo savait que Marina Foïs avait de l’humour mais qu’elle ne perdrait pas pour autant le côté sombre de Louise et de sa situation. “Elle sait passer du comique à quelque chose de plus intense,” remarque le réalisateur. “Elle possède une grande drôlerie mais aussi un naturel très fort, qui apporte de la vérité et qui lui permet de donner une pleine incarnation à un personnage risquant d’être théorique.”
6 – Et celui de Benjamin Voisin
“Au moment où j’ai vu Benjamin Voisin devant la caméra, quelque chose s’est passé,” avoue Didier Barcelo. “C’est amusant, ce sont des choses que je lisais dans les interviews de réalisateurs et auxquelles je ne croyais pas. Mais là, il y a eu comme une évidence. Benjamin me fait penser à une sorte de Belmondo jeune, il a lui aussi quelque chose de très naturel. Il avait quelque chose de plus léger que d’autres, qui auraient bien incarné le môme violent. Avec lui, on comprend que sa violence est feinte.”
7 – Un troisième personnage : la voiture
Par souci de réalisme, Didier Barcelo a d’abord pensé à une petite voiture. Pour lui, une infirmière en province circulerait plutôt dans une Twingo ou une Clio que dans une Volvo. “Mais je me suis dit aussitôt que je n’avais aucune envie de tourner à l’intérieur d’une Twingo,” révèle le réalisateur. “Alors, cherchons une belle voiture, une voiture assez grande, vintage, photogénique et pas chère, en l’occurrence une Volvo 240 break. On avait écrit que c’était la voiture de son père. Pour Louise, qui est tournée vers le passé, la voiture incarne la continuité de son père, et la musique celle de sa mère.”
8 – Une voiture devient un décor
La carrosserie du véhicule a été repeinte couleur moutarde et son plafond en gris foncé pour donner du contraste aux visages. L’intérieur et les sièges ont été refaits. Cette voiture est passée d’une prison pour Louise à un refuge, un univers réconfortant.
Avec le monteur son, Didier Barcelo a travaillé sur le bruit qu’elle faisait. Elle ne fait pas toujours le même bruit selon les scènes. Parfois elle est quasiment silencieuse pour laisser place à la tension, parfois elle est bruyante, vivante comme si elle voulait participer à la conversation.
Côté réalisation, il était impossible de filmer en faisant simplement rouler la voiture car le moteur diesel fait un bruit énorme et il aurait fallu tout post-synchroniser. Didier Barcelo ne voulait pas non plus poser la voiture sur une plateforme, une “camera car” qu’il aurait mise sur la route car il aurait notamment été loin des comédiens. Finalement, tous les intérieurs dialogués ont été enregistrés en studio et il a fait appel à des techniques de mur LED mélangées à des astuces très simples, comme de faire bouger la voiture à l’ancienne, avec un pieu en bois.
9 – Une foule de rencontres
Les personnages que rencontrent Louise et Paul dans leur road trip ont pour fonction de rapprocher le duo, de l’unir encore plus par le biais de la comédie. Ils renforcent la complicité qui s’installe peu à peu. C’est quelque chose que Didier Barcelo a mieux compris au tournage. Certains de ces protagonistes, comme un vieil homme têtu ou une autostoppeuse étrange, les renvoient à leur normalité. “Finalement il y a plus dingue qu’eux !” sourit le réalisateur.
10 – Un paradoxe ambulant
“En roue libre est une histoire de crise : c’est un film d’aujourd’hui,” affirme Didier Barcelo. “Un burnout et une thérapie itinérante en forme de “tour de France”. C’est paradoxalement dans l’enfermement de sa voiture que Louise va réapprendre à jouir de sa liberté. A travers ce voyage délirant, elle va parcourir du pays, vivre plus d’expériences, faire plus de rencontres et finalement s’apercevoir qu’en trois jours enfermée dans cette voiture, elle va vivre plus de choses qu’en 10 ans libre. A travers ce voyage forcé, Louise va redécouvrir l’infini de son monde intérieur, ses émotions et la nécessité du lien à l’autre.”
Crédit photos : © Memento Films