Quand la réalité rejoint la fiction. La minisérie d’anticipation signée Russell T. Davies possède une teneur prophétique effrayante pour les quinze prochaines années, non seulement pour la Grande-Bretagne post-Brexit mais aussi pour notre monde dans son ensemble. Ce futur assez sombre, mais non dénoué d’espoir, est montré à travers les Lyons, une famille très attachante de Manchester, et leurs petits bonheurs et grands malheurs. La diffusion de Years and Years – une des meilleures séries de cette année – commence ce 2 septembre sur Canal+.
1 – Le showrunner Russell T. Davies
Il est l’auteur notamment de Queer As Folk (1999), le reboot de Doctor Who (2005) et de son spin off Torchwood (2006) ou encore dernièrement de A Very English Scandal (2018). Ses écrits contiennent toujours un commentaire social sur ses thèmes de prédilection comme la sexualité, la politique ou la religion. Certains disent que c’est un génie. Depuis Years and Years, l’actrice Emma Thomson le compare à George Orwell.
2 – La famille Lyons
Pour Russell T. Davies, le meilleur moyen de raconter une histoire est de le faire à travers une famille, un élément qui parle à tout le monde. Les Lyons se composent d’une grand-mère au caractère bien trempé, de ses enfants – deux frères et deux sœurs – et de leurs conjoints/amants respectifs et de ses petits enfants. A travers leurs petites histoires personnelles, la série explore, entre rires et larmes, les profonds changements de la société, de la crise économique post-Brexit aux conséquences de l’activisme en passant par la précarité, le handicap physique, l’immigration, la répression de l’homosexualité ou encore le transhumanisme.
3 – Vivienne Rook
En parallèle de la famille Lyons, on suit l’ascension de la politicienne Vivienne Rook (interprétée par Emma Thomson). Pour créer ce personnage, Russell T. Davies s’est inspiré du Premier ministre britannique Boris Johnson, du fondateur du Parti du Brexit Nigel Farage et du président américain Donald Trump. Vivienne Rook est un mélange explosif que certains membres de la famille Lyons vont trouver géniale – au début – parce ce qu’elle ne connaît pas la langue de bois et qu’elle donne l’espoir d’une Grande-Bretagne meilleure. Sa vraie nature de femme avide de pouvoir se dévoile épisode après épisode pour de plus en plus ressembler aux trois figures politiques sur lesquelles le personnage est basé.
4 – Quinze ans
Choisir de suivre les Lyons sur quinze ans n’est pas anodin. Cette période est suffisamment longue pour apprécier les évolutions de chaque personnage et leur faire vivre une multitudes de (mes)aventures mais aussi et surtout, suffisamment courte pour ne pas avoir à remplacer les acteurs à mesure que leur personnage vieillit. Quelques cheveux blancs et un peu de maquillage font l’affaire. En quinze ans, il n’y a pas non plus besoin de changer radicalement le décor en développant une nouvelle architecture ou en inventant de nouvelles voitures.
5 – Le transhumanisme
C’est le thème de la série qui s’approche plus de la science-fiction que de l’anticipation. Une des ados de la famille, Bethany, veut se télécharger dans le cloud afin de vivre pour toujours. Plus que pour marquer la rapidité à laquelle les nouvelles technologies se développent, la série évoque les changements qui bouleversent intimement les parents face à ce besoin d’être accepté demandé par leurs enfants en quête de toujours plus de liberté pour être heureux et bien dans leur peau.
6 – Une noirceur optimiste
Russell T. Davies croit dans le happy end. Même doux-amer. Selon lui, notre monde se dégrade mais on est encore loin de l’enfer. Il y a suffisamment de mouvements de contestation contre les pouvoirs en place et d’anonymes qui cherchent à améliorer les choses pour que le futur soit plein d’espoir. Le showrunner estime cependant que la réalité sera toujours plus étrange, folle et sombre que ce qu’il pourrait prédire. Finir sa minisérie avec un peu de joie était aussi pour lui une façon de récompenser les téléspectateurs qui avaient tenu jusqu’au bout des six épisodes.
7 – Years and Years saison 2 ?
Vu le succès de la série, il est légitime de penser qu’il y aura une seconde saison. Que nenni. Russell T. Davies savait qu’il n’avait que six épisodes et il a tout mis dans ces six heures. Il n’entend pas écrire de suite pour tout l’or du monde et est même déjà passé à un autre projet pour 2020, The Boys (une série sur la crise du Sida dans les années 80). Tout comme les acteurs ont signé dans l’optique de n’être attachés qu’à une minisérie, sans option pour une éventuelle nouvelle saison.
Crédit photos : ©BBC