L’adaptation du polar de Bernard Minier commence avec un cheval sans tête et dépecé pendu à un téléphérique. Glacé débarque sur M6 ce 10 janvier. Et c’est bien. Et voilà pourquoi.
1 – La trahison
L’auteur du roman Bernard Minier, en visite sur le tournage, dit de la série qu’il s’agit de « la plus belle trahison de son œuvre qu’il soit possible ». Une des principales modifications vient des personnages profondément enrichis par l’équipe de scénaristes, composée de Gérard Carré, Caroline Van Ruymbeke, Hamid Hlioua, Laurent Herbiet – également réalisateur – et de Pascal Chaumeil – à qui la série est dédiée. Pour exemple, dans le livre, le commandant Servaz et le violeur et tueur en série Julian Hirtman – enfermé dans un hôpital psychiatrique – ne se connaissent pas. Dans la série, ils sont d’anciens amis. Hirtman, ex-juge, est le parrain de la fille de Servaz et c’est Servaz qu’il l’a arrêté, dix ans plus tôt. Leur relation, même si elle apparaît secondaire par rapport à la succession de meurtres qui secoue la région, est un fil rouge qui met tout de suite mal à l’aise.
2 – Le commandant Martin Servaz
Commandant au SRPJ de Toulouse. Divorcé mais encore amoureux de sa femme. Ultraprotecteur vis-à-vis de sa fille de 17 ans. Il est usé par son métier et ce qu’il voit de la société. Et depuis qu’il lui a fallu six meurtres pour découvrir que c’était son meilleur ami qui les commettait, il est habité par le doute et la peur. Appelé pour résoudre une enquête aux ramifications politiques sur le massacre d’un cheval – bientôt suivi par des homicides de plus en plus glauques et perturbants -, il va se découvrir intimement lié à ce qu’il se passe. Son cauchemar ne fait que commencer.
3 – Charles Berling vs Pascal Greggory
Ils incarnent respectivement le flic Servaz et le tueur Hirtman. L’enquêteur et le manipulateur. Le Bien et le Mal. Autant Charles Berling apporte de la chaleur et de la nervosité à son personnage que Pascal Greggory est tout en malice et en quiétude. Le talent des deux acteurs fait de chacune de leurs scènes une confrontation à la fois épique et tragique.
4 – L’atmosphère
Bernard Minier, natif des Pyrénées, a situé son roman dans la région de Comminges et, pour rester fidèle à l’atmosphère qu’il a créée, c’est dans ces décors naturels que la série a été filmée pendant trois mois. Et c’est une réussite : les montagnes, la neige – tombée au bon moment -, l’épais brouillard, le froid palpable, l’austérité de l’usine hydroélectrique d’Artouste, l’isolement du téléphérique de Sagette ou encore le côté sinistre des locaux inoccupés de l’hôpital psychiatrique de Lannemezan… Tout ceci glace littéralement les sangs.
5 – Parce que ce n’est qu’un début
Une (més)aventure de Servaz ne saurait suffire. Si le succès est au rendez-vous, les deux autres enquêtes du commandant pourraient être adaptées : Le cercle et N’éteins pas la lumière.
Article paru dans Studio Ciné Live – N°85 – Décembre 2016
Crédit photos : © Patrick Robert / Gaumont Télévision / M6