Steven Spielberg retrouve le film d’aventure épique avec Ready Player One. Son nouveau terrain de jeu est une chasse au trésor dans une réalité virtuelle où chaque action peut avoir des conséquences sur le monde réel. Et vice-versa. Passé le moment de nostalgie né de la myriade de références culturelles des années 80, il reste un film pop corn à l’action non stop et au design étonnant. Voici 20 questions – et leurs réponses – pour découvrir les secrets de la fabrication de ce long métrage. Ready Player One sort en salles ce 28 mars.
1 – Quelle est l’histoire du film ?
En 2045, la vie dans le monde réel est un enfer. La grande majorité de l’humanité se réfugie dans l’OASIS, un univers de réalité virtuelle où tous les rêves sont possibles, où la limite est celle de l’imagination. Son créateur, James Halliday, a lancé une compétition dans son testament afin de trouver son successeur. Il a concocté trois énigmes menant à trois clés qui ouvriront une salle secrète où est caché un œuf, objet numérique symbolique qui permettra à son nouveau propriétaire d’hériter de la fortune de Halliday et du contrôle total de l’OASIS. Le jeune Wade Watts, 20 ans, se lance dans cette chasse au trésor virtuelle via son avatar, Parzival. Mais il n’est pas le seul à convoiter l’ultime récompense.
2 – Quels sont les thèmes abordés dans le film ?
Ready Player One célèbre la réalité virtuelle et le monde online autant qu’il les critique.
Dans le film, l’OASIS permet de s’évader et de vivre des expériences extraordinaires grâce à son avatar. Mais en fuyant la réalité – une société ravagée par le chômage, la pauvreté, la surpopulation et le désespoir -, chacun se déconnecte du monde réel et se coupe de tout contact humain.
Par ailleurs, un avatar fournit la possibilité de posséder deux identités : une vraie, dans la vie réelle, et une inventée, sur les réseaux sociaux, qui correspond à l’image que nous voulons donner de nous-mêmes et qui, comme le dit Wade, « donne l’impression d’être quelqu’un ». A savoir si nous préférons exister dans la réalité – et la vérité – ou passer tout notre temps dans un monde imaginaire – et le mensonge.
Le film est aussi une histoire de passage à l’âge adulte qui parle d’amitié, d’amour, de tolérance et de l’acceptation de soi.
3 – De quel livre le film est-il adapté ?
Ready Player One est tiré du bestseller éponyme – et premier roman – d’Ernest Cline paru en 2011 dans 58 pays et traduit dans 37 langues. Bien avant sa sortie, il était déjà question d’une adaptation au cinéma.
4 – D’où vient l’inspiration de l’auteur initial, Ernest Cline ?
Ernest Cline a révélé qu’il a puisé son inspiration dans ses souvenirs de jeunesse, à commencer par Adventure d’Atari, premier jeu vidéo où se cache un Easter egg ou œuf de Pâques, soit un clin d’œil numérique laissé par son inventeur. Warren Robinett, le concepteur d’Adventure, est le premier à avoir dissimulé son nom quelque part dans son jeu, le signant ainsi à l’insu de ses patrons. Seuls les meilleurs joueurs sont parvenus à déverrouiller une pièce secrète et à trouver cet œuf, soit « Created by Warren Robinett ».
Ernest Cline est aussi un grand fan de l’auteur Roald Dahl et de ses livres sur Willy Wonka, chocolatier et inventeur de génie du roman Charlie et la chocolaterie qui a caché des tickets d’or dans l’emballage de cinq tablettes de chocolat permettant aux gagnants de visiter la chocolaterie interdite au public.
Steven Spielberg a également été une source d’inspiration majeure pour Ernest Cline qui a grandi en voyant tous ses films. L’ironie veut que ce soit Steven Spielberg lui-même qui réalise le film adapté du roman.
5 – Quelles références le concernant Steven Spielberg a-t-il gardées?
Steven Spielberg refusait de faire un métacommentaire sur lui-même dans Ready Player One. Il a donc retiré toutes les références concernant les films qu’il a réalisés ou produits qui apparaissent dans le livre – et il y en a beaucoup – sauf le T-Rex de Jurassic Park et la DeLorean de Retour vers le futur. Les collaborateurs du réalisateur ont pourtant essayé d’en ajouter d’autres mais Steven Spielberg s’en est toujours aperçu à temps pour les couper. Ont ainsi disparu un restaurant baptisé Fratelli d’après la famille de voleurs des Goonies, le Journal du Graal d’Indiana Jones et le dernière croisade dans lequel Wade écrit ses notes, un plan montrant sur une étagère le livre L’Arche de Schindler qui a inspiré La liste de Schindler, le graffiti d’un Gremlin sur un mur dans le monde réel– mais un autre aurait survécu dans le monde virtuel. Le scénariste Zak Penn avait également écrit une plaisanterie autour de la difficulté de garer le vaisseau-mère de Rencontre du troisième type mais c’était avant de savoir que le film serait réalisé par Steven Spielberg. Ce dernier a supprimé la scène.
6 – Quelles sont les autres références culturelles présentes?
Il y en a trop pour toutes les citer et certaines auraient besoin d’un arrêt sur image pour être repérées. Il aura fallu trois ans à la production afin d’obtenir les droits d’utiliser toutes les références culturelles souhaitées, de Freddy Krueger à Lara Croft en passant par les personnages de Halo ou encore la poupée Chucky. Il y a même R2-D2 et un X-Wing de Star Wars – deux références déjà présentes dans le livre où Wade possède un X-Wing virtuel et où R2-D2 fait le DJ pendant que Wade et Art3mis dansent. Dans l’OASIS, la collection complète des carnets de souvenirs de James Halliday, principale source de référence pour les chercheurs d’œuf ou chassœufs, est conservée dans une bibliothèque ultramoderne dont l’esthétique a été calquée sur celle du film Breakfast Club.
7 – Combien de véhicules emblématiques compte le film ?
Ils sont au nombre de neuf – parmi de nombreux autres bolides moins connus– et apparaissent au cours de la première énigme que doivent résoudre les chassœufs. Il y a ainsi la DeLorean de Retour vers le futur, la moto de Kaneda d’Akira, le 4X4 Bigfoot aux roues surdimensionnées de Monster Truck, l’Interceptor de Mad Max, la Mach 5 de Speed Racer, la Plymouth Fury de 1959 de Christine, la fourgonnette de L’Agence tous risques, la F1 de Pole Position et la Batmobile version 1966.
8 – L’adaptation a-t-elle perdu une référence majeure ?
Dans le livre, Parzival se transforme en Ultraman, un personnage de science-fiction japonais culte des années 60, pour combattre Nolan Sorrento qui, lui, s’est transformé en Mechagodzilla. La production n’a cependant pas pu obtenir les droits d’Ultraman. C’est donc un autre personnage, peut-être plus iconique encore, qui le remplace. De son côté, le scénariste Zak Penn regrette de ne pas avoir un dragon de Game of Thrones dans la version finale du film.
9 – Quelles épreuves ont été changées pour les besoins de l’adaptation ?
L’adaptation du roman d’Ernest Cline est plus fidèle dans l’esprit que dans la lettre pour des raisons de pur cinéma. Ainsi, dans le livre, la première épreuve consiste à gagner une partie du jeu vidéo Donjons et dragons. Dans le film, c’est une course de véhicules en tout genre à travers New York, une séquence nettement plus cinématographique et totalement démente.
Dans le livre, la deuxième épreuve est de revivre le film WarGames. Parzival se retrouve dans le long métrage de John Badham où il doit réciter tous les dialogues du héros et refaire toutes ses actions, à la seconde près. Dans le film, la deuxième énigme se situe dans un autre film, un des plus effrayants qui aient jamais été réalisés. C’est une des meilleures innovations de l’adaptation.
10 – Est-il possible d’aimer un avatar ?
Dans le livre, le lecteur ne découvre qu’à la fin de l’histoire que l’avatar Art3mis est dans la réalité Samantha. Garder cette configuration dans le film était impensable pour Zak Penn. Pour lui, c’était comme ne pas créer une vraie personne, ce qui rendait impossible pour les spectateurs de s’attacher ou de s’identifier à ce personnage purement digital. Il fait donc entrer en scène Samantha beaucoup plus tôt dans l’intrigue.
11 – Comment la dualité des mondes a-t-elle été créée ?
Deux univers coexistent dans Ready Player One, le réel et le virtuel. Chacun a reçu un traitement cinématographique spécifique.
Le réel est filmé sur pellicule 35 mm. Les décors de ce monde urbain post-apocalyptique ont été construits en dur à Birmingham, à Londres et au Sun Park, dans le Surrey. Le directeur de la photographie Janusz Kaminski a éclairé ce monde de manière crue et réaliste. Le chef décorateur Adam Stockhausen s’est servi du manque de couleur pour accentuer la texture âpre et désaturée de la réalité.
Le virtuel a été créé en numérique grâce à l’association de la motion capture, de la prise de vue réelle et de l’animation par ordinateur. Janusz Kaminski a collaboré avec ILM pour donner à ce monde utopique un style lumineux et sophistiqué. Adam Stockhausen a utilisé une palette chromatique très riche avec des couleurs vives.
12 – La réalité virtuelle a-t-elle servi pendant le tournage du film ?
Steven Spielberg a utilisé les outils actuels de réalité virtuelle afin de réaliser les scènes situées dans le monde imaginaire de l’OASIS. Grâce à un casque de réalité virtuelle et à un avatar de lui-même, il est entré dans les décors numériques pour en avoir une vue à 360° et se représenter les avatars de ses acteurs. Il pouvait alors planifier ses prises de vue, décider des angles et de la façon de tourner chaque scène. De leur côté, les comédiens ont eux aussi enfiler des lunettes Oculus afin d’appréhender un environnement qui, sans cela, serait resté blanc, vide et terriblement abstrait pour eux quand ils se sont attaqués à l’étape de la motion capture.
13 – Où le film a-t-il été tourné ?
Les extérieurs de la multinationale Innovative Online Industries (IOI) qui convoite l’OASIS ont été filmés à Londres. Ses décors intérieurs ont été construits dans les studios Leavesden, en Angleterre, où ont été tournés tous les Harry Potter. Ils comprennent le Centre de fidélité (un camp de travail où IOI condamne des joueurs à accomplir des tâches ingrates dans la réalité virtuelle afin de rembourser leurs dettes de jeu), la salle de commandement des Sixers (les joueurs à la solde de Nolan Sorrento, leur numéro de série commence par 6 et se compose de six chiffres) et le bureau de Nolan Sorrento avec son trône haptique en forme de demi-globe. Le Département d’oologie, ou science des œufs, d’IOI a été aménagé dans l’atrium du collège et lycée de Holland Park, à Londres. Le tournage s’est également déroulé à Birmingham : le bâtiment de l’ancienne fabrique de thé Typhoo a été utilisé par la décoration comme repaire de la rébellion et le quartier des bijoutiers a servi de décor pour une course poursuite. Sun Park, dans le Surrey, est devenu le QG de Gregarious Games, la société de James Halliday.
14 – Qui a construit les Piles ?
Le département décoration et les équipes effets spéciaux et cascades ont créé le parc des Piles de Columbus, Ohio, où habite Wade. Ce décor a été construit sur le plateau de Leavesden à partir de 60 mobile homes empilés les uns après les autres sur des colonnes constituées de poutres métalliques. Ces six tours devaient apparaître fragiles et sur le point de s’effondrer alors que sur le plateau, ces structures étaient totalement sécurisées. Elles étaient visibles depuis l’autoroute M25 voisin. En postproduction, les artistes de Digital Domain les ont multipliées pour donner l’impression d’un paysage urbain surpeuplé et anarchique.
15 – Et qui les a détruites ?
Une des tours des Piles a été détruite, en vrai, pour les besoins d’une séquence du film. Le superviseur des effets spéciaux Neil Corbould et son équipe ont utilisé 28 charges d’explosifs qui devaient chacune détonner à cinq secondes d’intervalle et provoquer de gigantesques flammes et des débris avant de tout faire s’effondrer. Ils n’avaient le droit qu’à une seule prise. Digital Domain a ensuite pris le relais pour retravailler numériquement l’explosion et la manière dont la structure s’écroule.
16 – Comment défier les lois de la gravité en dansant ?
Pour leur premier rendez-vous, Parzival et Art3mis se retrouvent au Distracted Globe, une boîte de nuit de l’OASIS, sur une piste de danse qui permet d’échapper aux lois de la gravité. Afin d’exécuter leur chorégraphie dans les airs, les acteurs Tye Sheridan et Olivia Cooke étaient attachés à des harnais. Ils ont cependant été doublés par des danseurs professionnels et par un trapéziste pour les sauts et les mouvements les plus acrobatiques.
17 – Qui a inventé l’ultime combinaison haptique de Wade ?
Le chef habilleur Dan Grace, le consultant en tenues spéciales Pierre Bohanna et la chercheuse Susan Gilboe ont imaginé l’allure de l’équipement tactile high-tech nécessaire pour pénétrer l’OASIS. Afin de créer la combinaison de luxe intégrale X1 de Wade, ils ont commencé par étudier les procédés tactiles déjà existants. Puis ils ont joué avec l’idée d’une combinaison transparente avant d’ajouter en dessous un motif quadrillé du corps tel qu’un ordinateur le restitue. Steven Spielberg a alors suggéré que cette sous-couche soit constituée de pixels qui seraient en contact direct avec la peau. Au final, ces pixels abritent les connexions haptiques, recouvertes d’une combinaison transparente.
18 – Est-ce un tournage mémorable pour Steven Spielberg ?
Steven Spielberg avoue que le tournage de Ready Player One a été le troisième plus difficile de sa carrière après ceux des Dents de la mer et d’Il faut sauver le soldat Ryan. Les deux premiers ont été un défi physique pour lui alors que celui-ci a plus été un défi technologique car il voulait créer quelque chose qui n’avait encore jamais été fait. Il passait en effet constamment de plateaux de tournage avec des acteurs et des décors réels à un espace de capture de mouvement digital, ce qui lui a demandé un effort inédit. Il a eu le sentiment de réaliser deux films en même temps, une situation impliquant autant d’essais que d’erreurs. Le cerveau toujours en ébullition à penser aux scènes du lendemain, il ne réussissait qu’à dormir quatre à cinq heures par nuit. Il estime que cette expérience a été la plus éprouvante pour lui mais aussi une des plus satisfaisantes.
19 – Où trouver un second œuf de Ready Player One ?
Le logo du film recèle aussi un œuf. Il a été créé par Emily Oberman, une designer graphique employée par le studio de design Pentagram. Le logo représente un labyrinthe – en hommage à celui du jeu Adventure d’Atari – qui démarre du R de Ready pour rejoindre le O de One où se trouve l’œuf, en forme d’œuf.
20 – Y aura-t-il un Ready Player Two ?
L’auteur Ernest Cline travaille actuellement à une suite de son livre. Sa sortie est prévue pour la fin 2018. Si le film est un succès, l’adaptation du second opus semble une évidence.
Crédit photos : © Warner Bros
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