10 choses à savoir sur Zombillénium

Arthur de Pins adapte sa bande dessinée éponyme en long métrage d’animation et donne ainsi vie à une bande de monstres éminemment sympathiques et drôles. Zombillénium, le film, qu’il a coréalisé avec Alexis Ducord, sort en salles ce 18 octobre.

1 – Au commencement était une couverture de Spirou

En 2008, Frédéric Niffle, le rédacteur en chef du magazine Spirou, demande à Arthur de Pins s’il veut faire la couverture du Spirou Spécial Halloween. Arthur de Pins dessine donc une couverture où une bande de monstres enterre un lecteur. Frédéric Niffle adore et lui demande alors d’en faire un album pour Les Editions Dupuis. Arthur de Pins créé ainsi l’histoire de Zombillénium, un parc d’attraction de monstres où les zombies, vampires et autres démons sont réels. Cette arche de Noé représente leur ultime refuge où ils peuvent avoir un semblant de vie sociale. Zombillénium, la BD compte aujourd’hui trois tomes intitulés Gretchen, Ressources humaines (Grand Prix Fauve Jeunesse au Festival d’Angoulême 2012) et Control Freaks. Dès l’écriture du Tome 1 de Zombillénium, la BD, Arthur de Pins a l’idée d’en faire un film. « Mais quelle que soit la bande dessinée, je la pense habituellement en film, » remarque-t-il.

2 – Arthur de Pins, du 9è au 7è art

Arthur de Pins est aussi l’auteur de courts métrages d’animation, de collections de bandes dessinées, de la direction artistique de séries animées et d’illustrations pour la presse grand public et les magazines de mode. Zombillénium, le film, est son premier long métrage. Quand il a entamé l’écriture du scénario de son film, Les Editions Dupuis lui ont commandé le Tome 3 de sa BD. Son producteur Henri Magalon lui a alors suggéré de prendre une année pour faire son Tome 3 et d’attaquer son film juste après. Au final, la production de Zombillénium, le film a demandé six ans. Arthur de Pins estime que s’il n’avait basé son scénario que sur le Tome 1 de la BD, celui-ci ne faisant que 44 planches, le film n’aurait duré que 20 minutes.

3 – Savoir dire non

Dès le Tome 1 de Zombillénium, la BD, Arthur de Pins reçoit des propositions d’adaptation en film. Il dit d’abord non à un producteur français, spécialisé dans l’animation, qui veut en faire un film live. « Je ne savais pas quel budget il pouvait prétendre monter, raconte-t-il. Et je ne voyais pas comment on pouvait s’y prendre avec un film qui se déroule dans un parc d’attraction avec des monstres et plein de personnages. J’imaginais un tournage sur fond vert permanent et de la 3D moche. » Arthur de Pins dit ensuite non à un producteur américain qui veut, lui aussi, en faire un film live et tout changer. « Le film n’avait plus rien à voir. Il se passait aux Etats-Unis avec des sorcières et c’était hyper compliqué ! Et sachant que tu signes avec des Américains, tu sais que tu ne  peux plus rien dire. Ils te mettent comme conseiller vaguement artistique et le projet t’échappe complètement ! »

4 – Un clip/pilote pour vendre son projet

Arthur de Pins veut faire un pilote afin de montrer graphiquement et visuellement à quoi peut ressembler son film. Quand son producteur Henri Magalon et lui apprennent que le groupe Skip the use prépare un album, ils leur proposent de faire un clip d’une de leurs chansons. Ce sera Nameless World. Le clip servira également de pilote pour faire le tour des financiers. Le clip/pilote raconte l’arrivée d’un des personnages du film – le squelette Sirius – dans le parc Zombillénium. « On n’a pas eu un énorme budget et seulement 4 mois pour le faire donc la qualité n’est pas celle qu’on a actuellement sur le film, souligne Arthur de Pins, mais ça nous a permis d’avoir une référence visuelle et de régler quelques problèmes techniques. » Et accessoirement, de vendre le projet.

Clip vidéo de Nameless World de Skip the use et pilote de Zombillénium

5 – Au Nord, c’était les Corons (air connu)

La genèse du parc Zombillénium est racontée dans le générique du film. Il a été créé suite à un coup de grisou dans une mine, près de Valenciennes. « Les mineurs restent enfermés parce qu’ils ont percé trop loin, trop profond et ils tombent sur le Diable, explique Arthur de Pins. Ils sont donc tous damnés ! La mine écroulée, ils parviennent à remonter à la surface. Le vampire Francis a alors l’idée de créer le parc pour intégrer ces morts-vivants. » Arthur de Pins a choisi les Hauts de France « parce que c’est une région industrielle un peu sinistrée qui collait bien avec ce que je voulais raconter. Elle possède également beaucoup de parcs d’attraction. C’est aussi près de la Belgique, ce qui me rapproche de Spirou. Cette région justifie enfin l’aspect social du film. On a même acheté les droits de la chanson de Pierre Bachelet, Les Corons, pour le film. »

6 – Créer une société avec des monstres

Les catégories sociales des humains sont transposées en catégories sociales des monstres. Les zombies représentent le peuple et font les boulots en bas de l’échelle. Les vampires, plus huppés, exécutent les tâches les plus nobles. Chaque catégorie socioprofessionnelle représente un monstre. Dans le dortoir, il y a un étage pour les vampires, un pour les loups garous, un pour les zombies… Le seul qui se démarque est le vampire-directeur, Francis : il se préoccupe presque plus des zombies que de ses congénères suceurs de sang. Son souci est que tout le monde tienne sa place. Arthur de Pins s’est inspiré de son père pour créer ce personnage. Quant au héros, Hector, son physique de démon participe à l’ambigüité de son statut social dans le parc et du clan qu’il choisira au final : celui des vampires ou celui des zombies.

7 – Un héros “moche”

La première version  du scénario a pour héros Aurélien, également le héros de la BD. Mais Arthur de Pins trouve que ce personnage ne fonctionne pas dans son adaptation ciné. Il est dépressif et trop passif. Il semble tout subir sans réaction et ne pas savoir ce qu’il veut. L’auteur écrit ensuite une version où le héros est le personnage du clip/pilote, Sirius. Mais la fin est triste et le film s’adresse alors plus aux adultes qu’aux enfants. Arthur de Pins opte finalement pour Hector, un homme obsédé par son travail de contrôleur des normes de sécurité et sa réussite sociale. Il a aussi une petite fille, Lucie, qui reste son lien avec le monde des humains. Il devait être un zombie mais le producteur Henri Magalon préfère un vrai démon avec des cornes. Et Hector ne peut pas être trop beau car cette condition est réservée aux seuls vampires. Il est donc « moche », avec une corne tordu et une dent qui dépasse, et il fait peur à sa fille. Mais parce que c’est le héros, il a quand même « une bonne tête ».

8 – Un chanmé chébran

Steven est le leader charismatique des vampires. Physiquement, il fait étrangement penser au Edward cool et glamour de Twilight, jusque dans sa ressemblance à l’acteur Robert Pattinson. Steven représente le genre de monstres que les actionnaires du parc veulent : le genre romantique et branché et qui ne fait pas peur. Mais Steven est aussi celui qui exacerbe le conflit entre les « sublimes vampires » et les « monstres moches de série Z » et qui veut se débarrasser d’Hector.

9 – Jongler avec un petit budget

Arthur de Pins avait prévu tout un panel de monstres mais faute de budget, il a dû se contenter de développer les vampires et les zombies dont le conflit est au cœur de l’histoire. Les autres monstres sont tout quand même présents physiquement mais furtivement. Ils sont là pour « signifier qu’il y a de la diversité, précise Arthur de Pins, mais aussi parce qu’ils sont marrants et qu’on s’est fait plaisir en les créant ». C’est aussi pour des raisons de budget qu’un cerbère à trois têtes – dont celle d’un Yorkshire – garde les enfers du parc. A la base les damnés – des employés du parc virés qui finissent au niveau 9 de l’enfer de Dante à pousser la roue – étaient enchaînés pour pousser la roue. Mais faire en 3D des personnages qui marchent tous ensemble avec des chaînes faisant du bruit revenait trop cher. Le cerbère a remplacé les chaînes pour dissuader les damnés de s’évader.

10 – Un squelette chanteur

Mat Bastard, l’ancien chanteur des Skip the use, signe les chansons de Zombillénium, le film – dont Stand as one – et donne sa voix au personnage de Sirius, le squelette déjà présent dans le clip/pilote.

Clip vidéo de Stand as one de Mat Bastard, une des chansons de la bande originale de Zombillénium

Crédit photos : © Maybe Movies/ Les Editions Dupuis