Terminator : Dark Fate est une suite directe de Terminator 2 : le jugement dernier (1991), occultant totalement les autres volets de la franchise : Terminator 3 – Le soulèvement des machines (2003), Terminator Renaissance (2009) et Terminator Genisys (2015). 28 ans séparent les deux longs métrages mais comme les précédents opus, Terminator : Dark Fate traite du combat de l’humanité contre la menace d’une super intelligence artificielle. Le film sort en salles ce 23 octobre.
1 – L’histoire
Dans Terminator (1984), Sarah Connor (Linda Hamilton) perd tous ceux qu’elle aime. Dans Terminator 2, elle protège son jeune fils, John, du mieux qu’elle peut. Quand Terminator : Dark Fate commence, près de 30 ans se sont écoulés. Sarah est brisée. Malgré tous ses sacrifices, l’avenir n’a pas changé comme elle l’avait espéré. Elle a détruit Skynet mais une autre intelligence artificielle l’a remplacée, Légion. Ce n’est plus elle ni John la cible à abattre mais une jeune femme nommée Dani Ramos (Natalia Reyes). Cette dernière mène une existence simple et heureuse à Mexico jusqu’à l’arrivée d’un Terminator Rev-9 (Gabriel Luna), quasi indestructible, envoyé du futur pour la tuer. Sa survie dépend désormais de Grace (Mackenzie Davis), un super-soldat de l’avenir chargée de la défendre, mais aussi de l’aide inattendue de Sarah Connor et de l’antique T-800 (Arnold Schwarzenegger).
2 – James Cameron, le producteur
Créateur du Terminator et réalisateur des deux premiers volets, James Cameron n’a jamais cessé de consulter des experts qui travaillent à l’avant-garde des développements de l’intelligence artificielle. « Ils sont tous convaincus qu’il y aura une intelligence artificielle égale ou supérieure à l’esprit humain, souligne-t-il. Ils disent aussi que ça ne se transformera pas en Skynet, mais comment le savoir ? » Ce débat lui rappelle l’enthousiasme des scientifiques du nucléaire des années 1930 et 1940 qui cherchaient à faire fonctionner le monde en divisant l’atome. « L’idée que cela pourrait devenir potentiellement une arme ne les inquiétait pas le moins du monde, continue-t-il. Et pourtant, la première manifestation de l’énergie nucléaire sur notre planète a été la destruction de deux villes et la mort de centaines de milliers de personnes. Donc, l’idée que ça ne se produira jamais n’est pas une certitude… »
3 – Tim Miller, le réalisateur
Il est celui qui a commis Deadpool en 2016 et bousculé le film de super-héros. Le principe directeur de Tim Miller sur Dark Fate, tout au long du développement et de la production, a été de rester fidèle aux fondamentaux de la saga Terminator, à savoir les personnages et le rythme. « James Cameron installe en amont des périodes lentes, où l’on apprend vraiment à connaître les personnages, explique le réalisateur. Puis, une fois que l’action a démarré, elle ne ralentit plus. »
4 – Le scénario
Se décrivant comme un « nerd de S.F. », Tim Miller a organisé un atelier d’écriture avec certains des meilleurs scénaristes et auteurs de science-fiction et de fantastique d’aujourd’hui comme David S. Goyer (Batman Begins, The Dark Knight – Le chevalier noir), Neal Stephenson (Seveneves, Cryptonomicon), Joe Abercrombie (L’Éloquence de l’épée/Premier Sang, Servir froid), Greg Bear (L’Échelle de Darwin, Anvil of Stars), Neal Asher (Prador Moon, Gridlinked), Josh Friedman (Avatar 2, La guerre des mondes) ou encore Warren Ellis (Iron Man 3, Gun Machine). Avec les deux producteurs James Cameron et David Ellison, ils ont tous réfléchi à des intrigues et des retournements de situation. Ils se sont demandé si l’histoire devait se dérouler dans le présent, le passé ou l’avenir et si l’action devait se concentrer sur Sarah ou sur John. Ils étaient cependant sûrs que le film devait être une transition vers de nouveaux personnages tout en perpétuant la structure composée de chasseurs, de protecteurs et de proies.
5 – Jamais sans Linda
James Cameron avoue qu’il n’aurait pas ramené Sarah Connor si Linda Hamilton n’avait pas accepté de reprendre son rôle. Son personnage de serveuse naïve se transformant en guerrière déterminée à sauver son fils du Terminator original – à une époque où les héros d’action étaient quasi exclusivement masculins – a fait de l’actrice une icône du cinéma. La Sarah de Dark Fate est plus âgée, peut-être plus sage, mais surtout bien plus en colère. Linda Hamilton était prête à explorer ces nouvelles facettes. « Même si des films d’action récents tels que Wonder Woman et Captain Marvel mettent en vedette des protagonistes féminines, Sarah Connor reste définitivement à part, remarque James Cameron. Combien de ces héroïnes ont plus de 40 ans ? La liste est très courte. Combien d’entre elles ont plus de 60 ans ? C’est simple : zéro. Les hommes continuent de dégainer à près de 80 ans mais, dans notre société, les femmes d’un certain âge sont ignorées. Or, dans la mythologie classique, la figure féminine âgée est la gardienne de la sagesse, parfois la sorcière ou la voyante, mais c’est toujours une figure puissante. Nous avons mélangé cela avec une héroïne d’action musclée et cela donne du jamais vu. »
Linda Hamilton a dû retrouver sa forme physique afin de reprendre le rôle de Sarah. « L’action est dix fois plus impressionnante que dans Terminator 2, révèle l’actrice. Après avoir lu le scénario, j’ai dit à mon meilleur ami : ‘Je dois mettre mes affaires en ordre. Je ne reviendrai peut-être pas.’ Pour ne pas avoir à travailler si dur, j’ai suggéré que Sarah pouvait avoir grossi à ce stade de sa vie. Ce ne serait pas si étonnant, après tout… Mais ils ont dit non ! » Linda Hamilton s’est donc entraînée avec Mackie Shilstone, experte en préparation physique de La Nouvelle-Orléans. Elle a suivi trois séances d’entraînement quotidiennes axées sur la combustion des graisses et le renforcement musculaire. Elle s’est également rendue à un camp d’entraînement au Texas avec Jack Nevils, un conseiller militaire qui a passé 25 ans en service actif comme Ranger et Béret vert dans une unité aéroportée.
6 – Le retour d’Arnold Schwarzenegger
Arnold Schwarzenegger joue à nouveau un Terminator T-800. Ce cyborg est cependant différent de celui des films précédents. C’est le même modèle, avec la même structure, les mêmes équipements et la même programmation, mais avec une histoire qui lui est propre. Il a réussi à rester dans le passé et à se construire une vie… unique. Le comédien précise que son plaisir à incarner son alter ego cyborg vient aussi d’une certaine identification avec lui. « Dans le bodybuilding, on retrouve un comportement semblable à celui d’une machine. C’est une question de répétition des mêmes mouvements. On se ferme à ses émotions et on se concentre sur son but. Cependant, dans ce film, on voit Terminator gagner en humanité. Il est conscient d’être une machine mais, après avoir côtoyé des êtres humains pendant si longtemps, son comportement a changé. C’était fascinant et, d’un point de vue d’acteur, beaucoup plus stimulant. »
7 – La nouvelle cible, Dani
« C’était vraiment très intéressant que la personne la plus importante au monde soit une jeune Mexicaine de la classe ouvrière, note James Cameron. On pourrait comparer le parcours de Dani à celui de Sarah dans le premier film. Le futur veut sa mort mais nous ignorons pourquoi. » Natalia Reyes, la star de la série télévisée colombienne Lady, La Vendedora de Rosas, incarne Dani. Avec Dark Fate, elle fait des débuts remarqués dans le cinéma américain. « C’est très dynamique et très intense, reconnaît l’actrice. Tourner ce film a été pour moi comme une expédition d’exploration. Entre le nombre de personnes dans l’équipe, la manière de travailler, les caméras… C’était une expérience complètement différente et toujours renouvelée. Nous avions toutes sortes d’entraînements pour les prises de vues sous-marines, avec des trains, des hélicoptères… »
8 – Une chasseuse de Terminators unique
Grace, le personnage de Mackenzie Davis, est humaine mais elle a été améliorée, pour devenir « quelque chose de plus ». « Ce qu’elle est devenue est plus subtil qu’un cyborg, indique Tim Miller. On a injecté dans ses os un matériau qui, avec le temps, remplace la moelle osseuse par un silicate très résistant et pratiquement incassable. Ses fibres musculaires sont entrelacées avec un maillage spécial qui rend ses muscles beaucoup plus forts et plus réactifs. La puissance de traitement de l’information de son cerveau a été augmentée. Elle est très difficile – mais pas impossible – à blesser. » Grace a des parties mécaniques dans le corps mais elle n’est pas aussi lourde que le T-800 ou le Rev-9. Elle est donc plus rapide. Faite pour le combat, elle est une véritable machine de compétition.
Pour incarner Grace, Mackenzie Davis a suivi un entraînement militaire au Texas avec Jack Nevils avant d’enchaîner avec une préparation aux cascades. « Grace a une formation militaire en tant que soldat d’élite, raconte le vétéran des Forces spéciales. Mackenzie devait donc apprendre à faire des choses qu’un agent spécial ferait intuitivement. De petites choses dans le langage corporel ajoutent de la valeur au personnage et lui confèrent une authenticité viscérale. » « Je voulais me tenir comme un soldat ou un athlète, confirme Mackenzie Davis. J’ai trouvé difficile d’adopter la posture d’une personne ayant un dos puissant et des abdominaux développés. C’était une transformation physique et mentale complète. »
9 – Un Terminator dernière génération
Le Rev-9 est un robot tueur beaucoup plus sophistiqué que les versions précédentes. Il combine des aspects du T-800 original avec les caractéristiques du T-1000 découvert dans Terminator 2 mais va bien au-delà de ces deux modèles. Il possède un endosquelette métallique avec une peau en métal liquide qui peut créer différentes armes sous forme de lames. Ce Terminator sait aussi se diviser en deux entités distinctes qui se battent indépendamment et possèdent des capacités différentes. Bien qu’il soit plus fort sous forme unitaire, il y a des moments où il se scinde afin d’attaquer sur deux fronts. Mais sa plus grande amélioration est sa capacité à simuler l’émotion humaine. « Une intelligence artificielle capable de dominer le monde aurait compris certaines caractéristiques humaines, commente Tim Miller. Parfois, le charme et la ruse sont plus efficaces que de voler un camion et de le fracasser dans un immeuble. Dans tous les cas, ça reste toujours une machine implacable avec un seul but. »
Gabriel Luna, qui joue le Rev-9, et Arnold Schwarzenegger ont noué une belle amitié en s’entraînant dans la même salle de sport à Budapest pendant le tournage. L’ancien M. Univers a été impressionné par l’engagement du jeune acteur, désireux de remodeler complètement son corps pour le rôle. « C’est très, très difficile de changer un corps en six mois, admet Arnold Schwarzenegger. Il faut être extrêmement discipliné. Les acteurs ne sont pas nécessairement des gens disciplinés. Mais les photos de Gabriel quand il a signé le contrat et quand on a tourné sont comme le jour et la nuit. »
10 – Une poursuite en voitures inédite
Dans une séquence sur une autoroute, le Rev-9 réquisitionne un énorme engin de terrassement afin de poursuivre Sarah, Dani et Grace. Il écrase les autres véhicules et les projette sur le côté à mesure qu’il se rapproche. Ces scènes ont nécessité plusieurs semaines de tournage pour les première et deuxième équipes. « La séquence se déroule entre les villes de Mexico et Juárez, explique la chef décoratrice Sonja Klaus. Elle dure environ cinq minutes mais représente plusieurs centaines de kilomètres dans le récit. Nous sommes allés à Murcie, dans le sud de l’Espagne, car nous avions besoin de sécheresse et de sable. On peut voir que le terrain est de plus en plus sec au fur et à mesure que l’on progresse et les couleurs deviennent lentement plus désaturées. »
« La plupart des cascades du film ont été réalisées en vrai, souligne Philip J. Silvera, le réalisateur de la seconde équipe et le coordinateur des cascades. Pour cette séquence, nous avions une extraordinaire équipe de cascadeurs coordonnée par Mike Massa et certains des meilleurs pilotes du monde venus du Royaume-Uni, des États-Unis, d’Espagne et de Budapest. » « La poursuite comprend un accident de voiture si spectaculaire qu’il a dû être fait avec un véhicule télécommandé, continue le superviseur des effets spéciaux Neil Corbould. Tim était catégorique sur le fait qu’il voulait un choc à 110 km/h. Placer un cascadeur dans cette situation aurait été trop risqué. Nous avons donc fait appel à un pilote capable de lui faire faire des ‘donuts’, c’est-à-dire des cercles en dérapant. Ce véhicule sans personne à bord en a percuté un autre à 110 km/h sans jamais freiner. C’était complètement radiocommandé mais, grâce à la participation de cet expert, on a pu faire tout ce qu’on voulait. »
Crédit photos : © Paramount Pictures / Skydance / Twentieth Century Fox